La jeunesse de la sous-préfecture de Ouandja rejette les revendications autonomistes de Sikikédé
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
La jeunesse de la sous-préfecture de Ouandja a publié une déclaration officielle en réponse à la marche pacifique organisée par les habitants de Sikikédé. Le texte réfute catégoriquement les demandes d’autonomie administrative exprimées par cette localité de 52.000 habitants.
“Les revendications de Sikikédé cachent des intentions malveillantes instrumentées depuis Bangui”, affirme la déclaration signée par les responsables de la jeunesse de Ouandja. Le document pointe particulièrement un conseiller mystérieux à la Présidence, accusé d’être “l’architecte de cette déstabilisation”.
La déclaration de Ouandja qualifie la marche pacifique des 52.000 habitants de Sikikédé d’acte “manipulé” et accuse un conseiller à la présidence d’être derrière ce mouvement. Les arguments avancés par la jeunesse de Ouandja reprennent des éléments sensibles : présence d’étrangers tchadiens et soudanais, risques pour l’unité territoriale, et non-respect des décisions gouvernementales.
Pourtant, comme le révélait notre précédent article, la situation de Sikikédé explique un déséquilibre administratif spectaculaire. Alors que des localités de moins de 20.000 habitants comme Ouandja, Gordil et Tiringoulou bénéficient du statut de communes et sous-préfectures, Sikikédé et ses 52.000 habitants restent privés d’autonomie administrative.
L’opposition de la jeunesse de Ouandja s’inscrit dans une longue histoire de tensions entre les communautés Goula et Rounga. Les affrontements meurtriers de 2020 entre groupes armés issus de ces communautés ont laissé des cicatrices profondes. Aujourd’hui, le combat se déplace sur le terrain administratif, avec des enjeux de pouvoir et de contrôle territorial.
La déclaration de la jeunesse de Ouandja réclame des poursuites judiciaires contre les leaders du mouvement de Sikikédé. Elle demande notamment “la saisie des ordinateurs et téléphones” du conseiller présidentiel accusé d’instrumenter les revendications. Ces accusations contrastent avec les demandes légitimes exprimées par la population de Sikikédé : accès aux services de base, désenclavement, et reconnaissance administrative.
Le texte ignore les réalités quotidiennes des habitants de Sikikédé : absence d’hôpital et d’écoles, isolement total en saison des pluies, et dépendance forcée envers les pays voisins pour les services essentiels. La marginalisation administrative de cette localité pousse naturellement sa population vers le Tchad et le Soudan pour l’accès aux soins et à l’éducation.
Cette opposition reflète aussi un clivage éducatif et social historique. La communauté Goula, traditionnellement plus présente dans l’administration, occupe des postes clés au gouvernement. Les Rounga, majoritaires à Sikikédé, se retrouvent exclus des processus décisionnels affectant leur territoire.
La réaction de la jeunesse de Ouandja apparaît ainsi comme un nouvel épisode dans une longue histoire de divisions ethniques. Leur déclaration, plutôt que d’adresser les préoccupations légitimes d’une population isolée, perpétue un cycle de tensions intercommunautaires qui fragilise le développement de la région.
L’enjeu dépasse désormais le simple cadre administratif. Il questionne la capacité de l’État centrafricain à garantir un développement équitable du territoire et à maintenir le lien avec des populations frontalières naturellement attirées vers les pays voisins. La création d’une nouvelle entité administrative à Sikikédé pourrait constituer une première étape vers la réintégration de ces populations dans le giron national.
Dans l’immédiat, les autorités nationales et la MINUSCA devront gérer cette situation avec prudence pour éviter une escalade des tensions. Le défi consiste à dépasser les clivages ethniques pour répondre aux besoins réels d’une population de 52.000 habitants qui réclame simplement son droit au développement et à la reconnaissance administrative.
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