Harcèlement, intimidations : les mercenaires russes de Wagner dans le viseur de l’ONU

Publié le 29 octobre 2021 , 8:34
Mis à jour le: 29 octobre 2021 4:36 pm

 

 

Bangui, République centrafricaine, samedi, 30 octobre 2021, 02:26:24 ( Corbeaunews-Centrafrique ). « Nous sommes extrêmement préoccupés par les actes d’intimidation et les récentes informations faisant état de harcèlement violent commis par le personnel militaire et de sécurité privé à l’encontre d’individus et de communautés ». Ces quelques mots inquiets, ce sont ceux des��experts de lONU qui ont récemment pu observer les dernières évolutions de la situation complexe dans laquelle se trouve la République centrafricaine en proie à l’influence grandissante de groupes paramilitaires dans sa société. 

drapeau russe en Centrafrique AFP
drapeau russe en Centrafrique AFP

 

Dans ce texte, les observateurs citent explicitement le groupe de mercenaires russe « Wagner » précisant par ailleurs que « des civils, des membres du personnel de maintien de la paix, des journalistes, des travailleurs humanitaires et des membres de minorités en République centrafricaine » avaient été victimes de ces cas de harcèlement « violent ».

D’après les témoignages, les citoyens centrafricains de plus en plus terrifiés n’osent pas porter plainte ou demander justice car, comme le détaille le communiqué, les membres du groupe paramilitaire « travaillent en étroite collaboration avec les forces armées (FACA) et la police centrafricaine, et procèdent à l’arrestation et à la détention de personnes. Cela signifie que les victimes n’ont souvent aucun accès à la justice ».

La Russie nie

De son côté, la Russie continue comme elle l’a toujours fait, à nier la présence du groupe Wagner sur place et se contente de parler « d’instructeurs russes » chargés de former les forces armées centrafricaines sans participer aux combats contre les groupes rebelles. Un argument largement remis en cause par tous les observateurs, experts et journalistes qui travaillent sur le sujet.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le groupe Wagner en Centrafrique est épinglé par l’ONU pour les exactions commises dans le pays. En début d’année, un autre groupe d’experts avait déjà alerté sur les « violations systématiques et graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire, notamment les détentions arbitraires, des actes de torture, des disparitions forcées et des exécutions sommaires ». Un constat que venait confirmer un rapport publié au mois d’avril par l’ONG The Sentry en partenariat avec CNN dénonçant aussi des « massacres, exécutions extrajudiciaires, tortures, pillages et viols » commis par les membres de l’organisation paramilitaire en RCA.

Cesser les relations avec le groupe Wagner

Devant une telle documentation, l’ONU, dans son communiqué du 27 octobre, a demandé au « gouvernement centrafricain de mettre fin à toutes relations avec le personnel militaire et de sécurité privé, en particulier le groupe Wagner ». Les experts exhortent aussi les autorités à « se conformer aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, à savoir demander des comptes à tous les auteurs de graves violations et abus des droits de l’homme et du droit international humanitaire commis sur leur territoire, et de garantir un accès sans entrave à la justice et aux réparations à toutes les victimes de violations, y compris celles commises par le personnel militaire et de sécurité privé russe. »

Face à ces accusations, l’organisation « Communauté des officiers pour la Sécurité Internationale » (Cosi) dirigée par celui qui se fait appeler Alexandre Ivanov, lui-même présenté comme le « représentant » des « instructeurs » russes notamment en Centrafrique, nie l’ensemble de ces allégations. Allégations qualifiées de « provocation » et qui ne seraient accompagnées d’aucune « preuve ». Selon la structure, cela « ne correspond pas à la réalité et toutes les accusations sont basées sur des rumeurs ».

Une ligne de défense en contradiction avec les autorités de Bangui elles-mêmes. Début octobre, elles avaient reconnu les accusations formulées en début d’année par l’ONU sur des crimes et actes de torture commis notamment par « les instructeurs russes ». Reste à savoir dans un pays troublé et qui accumule les crises politiques quelle suite le gouvernement de Bangui donnera à ces accusations…

 

Par marianne.net

 

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