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Édito : Gervais Lakosso face à notre destin

 

Rédigé par Ben Wilson NGASSAN

 

Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le 23 mai 2022

 

Bangui (CNC) – Un, deux trois, c’est parti : Gervais (comme j’aime t’appeler affectueusement), c’est l’heure ! En écrivant ces lignes, je me figure qu’il n’est plus que question de quelques heures pour que tu puisses avoir à répondre à la police, mais de quelle police concrètement ?

Gervais Lakosso, coordonnateur du groupe du travail de la société civile en République centrafricaine

 

Depuis quelques jours, l’opinion s’est laissée suprise par une convocation adressée à ton nom, par la police centrafricaine ; ce qui rend plus d’un confus est que cette convocation n’a de motifs que son propre nom. S’agirait-il d’une convocation personnelle te concernant ou tout simplement de ce que nous tous savons : ta dernière sortie sur le prix plus que controversé de la carte nationale d’identité, en totale violation de la loi des finances, qui sur radio Ndeke Luka, dans l’émission PATARA, a suscité ta “sainte colère” de Patriote convaincu, au point d’appeler la rue contre le cynisme de Bangui ?

 

Jusque-là, rien n’est encore su, en attendant ton interpellation, mais ce qui est sûr, la thèse de la voix de Gervais Lakosso qui dérange semble être l’ultime cause de cette convocation. Soit !

 

C’est dire sûrement que nous sommes désormais dans un roman policier, où les acteurs ne doivent dire que ce qui plaît au grand maître, à tel enseigne que, celui qui s’exprime à contre-courant court le risque de se voir accablé par une convocation. Ton cas est une confirmation assez troublante.

 

Mais comment aujourd’hui faire comprendre à tous, une bonne fois pour toutes, que si la société civile hausse le ton pour dénoncer les dérives des acteurs publics, ce n’est guère pour espérer remplacer les hommes du pouvoir ou encore tirer le lait qu’ils délectent ? Comment dire à ceux-là que la Centrafrique est à nous, et que Citoyen, la Constitution nous confère le droit de dire, de dénoncer et d’asséner même les vérités qui n’arragent point le roi ?

 

S’il s’agissait d’un personnage au profil trouble ou controversé, je ne me serais pas hasardé de parler. Mais, il s’agit de toi, Gervais, ma plume va être tranchante. La vérité se trouve dans le fait que ta voix dérange. Au bal de Bangui, prétendument appelé “dialogue républicain”, tu as haussé le ton contre le projet de modification de la Constitution, depuis lors, tu es dans leur ligne de mire, car n’eût été le militantisme dont tu avais fait preuve avec tes collègues, ils auraient pu incruster le projet du 3e mandat incendiaire, avec toutes les conséquences qu’on sait déja.

 

Je t’aurais conseillé de ne point t’y rendre car leurs collègues Abdoulaye Hissene et Hassan Bouba (respectivement condamné à contumace et extirpé de la CPS, baladent encore sans inquiétude) ne sont toujours pas aux mains de la justice, sauf qu’en le faisant, tu donneras raison à tes détracteurs de venir te chercher manu militari, puisque tout le combat, c’est de trouver un bon motif pour te faire passer à la guillotine. Ils ont déjà échoué, crois-moi.

 

Demain, face à la police, tu seras aussi face à notre destin. Soit ils t’arrêtent et que triomphe la jungle, dans cette justice deux poids deux mesures, soit ils t’entendent tout simplement et que poursuive l’œuvre de la démocratie.

 

Gervais, écoute-moi bien, quoiqu’il arrive, nous, nous défendrons la démocratie et rien ne nous intimidera. Ce qui nous rassure le plus, ce pays répète toujours positivement ou négativement son histoire : les tyrans d’hier sont devenus les courtisans d’aujourd’hui. Ce destin que tu parts affronter est aussi le nôtre. Gervais, courage ! Lakosso, sois fort !

 

 

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