Le forum sur la République Centrafricaine (RCA), qui s’est ouvert lundi 21 juillet à Brazzaville sous l’égide du président congolais, Denis Sassou Nguesso, risque de prendre une veste. Censé permettre aux belligérants de se mettre d’accord sur un document qui les engage à cesser immédiatement les hostilités, ce forum bute contre l’intransigeance de la Séléka.
Cette exigence maximaliste de la Séléka n’est pas nouvelle.
En effet, le numéro 3 de cette rébellion, Mohamed Moussa Dhaffane, a posé comme préalable à toute négociation, la partition de la Centrafrique. Coup de bluff ou revendication sérieuse? Seul lui a la réponse à cette question. Mais d’ores et déjà, on peut s’interroger sur l’issue de ce forum. Et il faut s’en inquiéter car si la Séléka reste campée sur cette position, on ne sortira pas de l’auberge. Or, les Centrafricains ont hâte de retrouver la paix et la quiétude. L’idée de partition de la Centrafrique, émise par la Séléka, risque de constituer un véritable goulot d’étranglement pour le médiateur Denis Sassou Nguesso et ses pairs. Mais cette exigence que l’on pourrait qualifier de maximaliste, n’est pas nouvelle. On se rappelle que l’ancien conseiller spécial de Michel Djotodia, Abakar Sabone, avait défrayé la chronique en proposant une partition du pays, avec au Sud les chrétiens et au Nord les musulmans. Cette idée qui ne faisait pas l’unanimité n’a jamais quitté l’esprit de certains rebelles. La preuve est que jusque-là, c’est la Séléka qui contrôle l’intégralité du Nord de la RCA. Le fait d’exiger, cette fois-ci, de façon claire et nette, cette partition du pays comme préalable à toute négociation, est une preuve suffisante que cette rébellion y tient et n’est pas prête à lâcher prise.
Il faut souhaiter que les protagonistes revoient à la baisse leurs revendications
Du reste, on voyait venir la Séléka qui, à l’issue de sa dernière assemblée générale, a décidé de reconduire Michel Djotodia à la tête du mouvement. En tout cas, la remise en selle, à quelques jours de l’entame des négociations, de cette figure emblématique de la Séléka que la communauté internationale avait mise hors jeu, n’est pas anodine. Cela dit, la revendication de la Séléka pourrait aussi participer d’une stratégie consistant à monter les enchères pour espérer arracher le maximum de concessions. Et si c’est le cas, c’est tant mieux. Car on imagine difficilement la communauté internationale soutenir la Séléka dans sa volonté de diviser la RCA. Il est vrai que tout le monde constate avec désolation la difficile cohabitation entre musulmans et chrétiens en RCA. Mais cela ne saurait constituer un motif suffisant pour accompagner la rébellion sur le chemin de la balkanisation de l’Afrique. D’ailleurs, dans un contexte où se pose l’impérieuse nécessité pour le continent de s’unir sous peine de périr, de telles idées sécessionnistes peuvent paraître difficilement concevables. En tout état cause, il faut souhaiter que les protagonistes revoient à la baisse leurs revendications car tout blocage des pourparlers est un supplice supplémentaire pour les Centrafricains qui ne savent plus à quel saint se vouer. Il est temps pour les belligérants de déposer les armes, de travailler à apaiser les cœurs et de commencer à panser les plaies. Vivement que la sagesse habite les anti-Balaka qui n’entendent pas déposer les armes et la Séléka qui veut suivre les pas du Soudan du Sud.
Dabadi ZOUMBARApour le Pays Burkina