Crise en Centrafrique : l’appel pressant de M. Médard-Polisse Bébé à la communauté internationale pour éviter une implosion”
Bangui, 15 juin 2023 (CNC) — La République centrafricaine est au bord de l’implosion, mettant en péril la stabilité de toute la région. Dans un discours vibrant au Trocadéro à Paris (France), Médard Polisse -Bébé lance un appel urgent à la communauté internationale, aux Amis de Centrafrique, et particulièrement à la France, pour sortir de leur torpeur diplomatique. Il souligne les conséquences potentiellement catastrophiques d’une tyrannie qui s’installerait au cœur de l’Afrique, favorisant l’émergence de groupes terroristes et déstabilisant les pays voisins. Les États-Unis, l’Union européenne, l’Union africaine et les Nations-Unies sont invités à prendre leurs responsabilités pour éviter un désastre similaire à celui de la Libye
Ci-dessous, le discours de monsieur Médard – Polisse Bébé
DISCOURS DE TROCADERO Par Médard Polisse -BEBE
Centrafricaines, Centrafricains,
Mes chers compatriotes,
C’est avec gravité que je prends la parole en cette circonstance exceptionnelle et historique pour partager avec vous les préoccupations qui sont les miennes par rapport à la situation explosive actuelle de notre pays.
Il vous souvient que les Centrafricains dans leur immense majorité ont consenti d’énormes sacrifices pour l’avènement de la démocratie : certains, en effet, ont tout perdu (biens mobiliers et immobiliers), d’autres ont payé de leur vie, le sang a coulé à flot pour ce « Souverain Bien » (pour reprendre un terme aristotélicien) qu’est la Démocratie.
La ferme volonté du peuple centrafricain à tourner définitivement la page d’une histoire sombre l’a poussé jusqu’à accepter l’inacceptable à savoir l’élection à deux (2) reprises de Président Faustin Archange TOUADERA dans les conditions irrégulières : fraudes massives, absence de vote dans la majeure partie du pays comme lors des dernières élections groupées de Décembre 2020 où, sur un électorat d’1,800 millions, il n’obtint qu’à peine 300 mille voix (soit 17% de l’ensemble de suffrage). Bref, on l’a bien compris, malgré un sérieux problème de légitimité démocratique de Président Faustin Archange TOUADERA, le peuple centrafricain a cru bon consentir l’ultime sacrifice pour sauver ce qui restait alors de la République centrafricaine.
Cela dit, il ne s’agissait en rien d’un chèque à blanc octroyé à M. TOUADERA et sa clique pour modifier la Constitution afin de s’éterniser au Pouvoir, brader les ressources naturelles et immatérielles de notre pays, livrer les populations à leur triste sort, sous-traiter la sécurité et la souveraineté nationale, etc…
Les mandats accordés à M. TOUADERA consistaient plutôt à :
- Garantir la sécurité de tous les citoyens sur l’ensemble du territoire national ;
- Déployer l’Autorité de l’Etat partout dans les coins et recoins du pays;
- Construire les infrastructures routières, sanitaires, scolaires, énergétiques pour le bien-être de chaque famille centrafricaine ;
- Relancer l’économie dans tous les secteurs d’activité ;
- Réconcilier les Centrafricains après le triste épisode de 2013 ;
- Rétablir et renforcer la cohésion nationale entre les différentes composantes du peuple ;
- Consolider les acquis démocratiques par la mise en place de toutes les institutions de la République ;
- (Bref) Rétablir la Dignité du peuple centrafricain.
Or, en réalité, tout ce qui intéresse M. TOUADERA et sa clique depuis son accession à la magistrature suprême de l’Etat, c’est son maintien au Pouvoir ad vitam aeternam, quitte à tout sacrifier, y compris ce qui relève de l’existence même de la République centrafricaine. Et à y voir de près, toutes ses actions politiques visent à aboutir de manière sournoise à la réalisation de ce seul objectif entièrement partagé par ses affidés nationaux et étrangers.
Centrafricaines, Centrafricains,
Mes chers compatriotes,
Aujourd’hui, je suis en mesure de vous dire que toutes les limites du tolérable sont largement dépassées en ce qui concerne l’assouvissement de la soif inextinguible de ce régime moribond actuel en Centrafrique. Si l’on n’y prend garde, notre pays risque de revivre des lendemains encore plus difficiles avec son lot de désolations, d’ensanglantement des populations civiles.
C’est pourquoi, face aux dérives dictatoriales d’un régime qui a déjà bafoué toutes les valeurs démocratiques, liquider toutes les institutions de la République, et qui s’est résolu de brader nos ressources naturelles et immatérielles pour ses propres intérêts, Nous le Peuple n’avons plus d’autres choix que celui d’user tous les moyens nécessaires pour mettre un terme à ses projets machiavéliques conçus au détriment de notre Nation. Nous avons aujourd’hui l’impérieux Devoir de RESISTER comme le firent naguère notre Président fondateur Feu Barthélémy BOGANDA (paix à son âme) ainsi que tous les martyrs de la liberté et de la démocratie au cours de l’histoire de notre pays. Nous ne pouvons plus rester au niveau de simples indignations, continuer à proférer de simples condamnations de principe ou nous contenter d’actions disparates superfétatoires. Il est temps d’agir ensemble, de mener de véritables
msmaana
actions unitaires et de manière efficace en vue de la libération du peuple centrafricain.
Je profite de l’occasion pour lancer un appel pressant à la Communauté internationale, aux Amis de Centrafrique, et plus particulièrement à notre pays d’accueil la France, de sortir de leur torpeur diplomatique face au risque d’implosion de la République centrafricaine pendant qu’il est encore temps afin d’éviter de venir jouer après aux pompiers. Car il est de l’intérêt d’aucune démocratie aujourd’hui que la tyrannie puisse s’installer en plein cœur de l’Afrique et devienne exponentiellement le terreau fertile des organisations terroristes telles que Wagner et/ou Boko Haram avec le risque de déstabilisation des pays de l’Afrique centrale, à l’instar de certains pays de l’Afrique occidentale déjà fortement touchés par le phénomène. Les Etats-Unis, l’Union européenne, l’Union africaine et les Nations-Unies doivent prendre pleinement leur responsabilité afin qu’il ne se reproduise en terre centrafricaine et ses environs un désastre similaire à celui de la Lybie et dont les conséquences dans les domaines sécuritaires et humanitaires seraient des plus catastrophiques.
Je ne saurais terminer mes propos sans m’acquitter le devoir de remercier chaleureusement tous ceux qui ont rendu possible cette manifestation citoyenne (les organisateurs, et les animateurs) ainsi que tous les compatriotes dont certains sont venus de très loin pour montrer, non seulement leur attachement à la démocratie, mais surtout leur sens patriotique. Que notre détermination à tous puisse avoir raison de l’oppression et de la tyrannie que veulent nous imposer M. TOUADERA et ses affidés nationaux et étrangers !
Vive la République ! Vive la Centrafrique !
Je vous remercie !