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Centrafrique : un an après l’investiture du Président Touadera, que devient la presse nationale?

Centrafrique : un an après l’investiture du Président Touadera, que devient la presse nationale?

 

Le President Faustin Archange TOUADÉRA.
Le President Faustin Archange TOUADÉRA.

Bangui 8 Mai 2017, CNC.

Par Eric NGABA

« Et si je devais choisir entre un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je retiendrais sans hésiter la seconde solution », préconisait Thomas Jefferson. C’est cette réflexion de l’ex président américain qui schématise le contexte dans lequel la presse centrafricaine se retrouve aujourd’hui avec les nouvelles autorités issues des urnes. Conséquence, le 3 mai de cette année, journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée ce jour dans un climat délétère en République Centrafricaine.

Célébrée à travers le monde sous le thème principal « Des esprits critiques pour des temps critiques : Le rôle des médias dans la promotion de sociétés pacifiques, justes et inclusives », la journée mondiale de la liberté de presse, bien que fièrement organisée en Centrafrique, a été l’occasion pour les professionnels des médias centrafricains de faire son introspection. Car elle coïncide avec la situation particulière de la République Centrafricaine, pays meurtri par plusieurs années de crises, qui tente de se relever grâce à l’accompagnement presse exempte. Les professionnels des médias centrafricains sont obligés de taper du poing sur la table en disant un certains nombre de vérité aux autorités du pays.

Première vérité au Président de la République

En présence de trois membres du gouvernement notamment les ministres de l’information et de la communication, du commerce et de moyennes entreprises, et de la promotion de l’entreprenariat nationale, ainsi que du représentant du premier ministre et de l’UNESCO, le président de l’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA) a tapé du poing sur la table. Le président de l’UJCA, Maka Gbossokoto n’est pas allé sur le dos de la cuillère pour fustiger la mauvaise volonté des autorités centrafricaines à enterrer la presse nationale. Dès son investiture à la magistrature suprême de l’Etat, le professeur Faustin Archange Touadera a mis dans l’oubliette la presse nationale.

« Les hommes et femmes des médias ont été surpris que dans le discours d’investiture du Chef de l’Etat, le 30 mars 2016, aucune ligne n’ait été accordée à la presse centrafricaine. L’exclusivité de la première interview du président de la République a été accordée plutôt à la presse étrangère. Cela dit tout sur les clichés qui accablent la presse centrafricaine dans notre pays. Ce manque de volonté politique de la part de nos gouvernants s’est ensuite manifesté par un scénario qui n’a pas son nom encore moins du qualificatif. La presse nationale a été dépossédée de son siège qui lui avait été octroyé par un soldat nommé Général Bozizé en 2007. Un silence plat entoure ce dossier pourtant litigieux qui semble à jamais enterré », a martelé Maka Gbossokoto, le président de l’Union des Journalistes de Centrafrique.

Deuxième vérité aux membres du gouvernement

La Maison de la Presse et des Journalistes (MPJ), qui pendant 10 ans, a servi d’un cadre convivial aux professionnels médias de Centrafrique, a été confisquée jusque là par les enfants de l’ex président Patassé qui l’auraient vendue à une société chinoise. Or, les matériels et les équipements sensibles octroyés par les partenaires au développement, d’une valeur de 200 millions, installés dans ladite maison ont été bousillés par la succession Patassé.

« Le gouvernement devrait prendre ses responsabilités pour remettre cette maison aux journalistes en donnant autre chose à la famille Patassé. Patassé, même de son vivant, n’a jamais réclamé cette maison. Et encore, la famille Patassé occupe cette maison des matériels qui éditaient les journaux gouvernementaux. Où allons-nous, monsieur les ministres de la République ?  Monsieur le ministre de la communication, nous sommes vraiment déçus. Nous espérons qu’à la fin vous nous remettiez la clé de cette maison», s’interroge le président de l’UJCA.

Troisième vérité au Président du HCC

En outre, le président de l’UJCA n’a manqué de souligner la passivité et de ce qu’il qualifie de magouille du président du Haut Conseil de la Communication (HCC), Richard Pouambi. D’après lui, un décret oblige le HCC de repartir une redevance de 15% pour fonds d’appui au développement des médias en Centrafrique d’une part, et 15% au ministère de l’information et de la communication.

« Nous sommes surpris que le Haut Conseil de la Communication dirigé par un journaliste pendant la transition soit incapable de verser 15% des redevances pour le fonds d’appui au développement des médias en République Centrafricaine. Il y a un décret qui reparti ces fonds : 15% pour les médias, 15% pour le ministère. A moins que le HCC ait versé l’argent au ministère et que nous ne sommes pas au courant. Mais si c’est versé, nous seront obligé de porter plainte parce que ce sont toutes les institutions de la République qui ont tendance à qualifier la presse nationale de démunie », a prévenu Maka Gbossokoto.

Quatrième vérité aux procureur et juges de la République

Par ailleurs, le président de l’UJCA a dénoncé la procédure de poursuite contre les journalistes. Tout en rappelant ses pairs journalistes à une prise de conscience dans le respect des règles de leur noble métier, il a interpellé le procureur et les juges à respecter les lois et ordonnance régissant la poursuite contre un journaliste commettant un délit.

«Si c’est le procureur de la République qui ordonne l’arrestation d’un journaliste, cela posera un problème. C’est dire que la justice centrafricaine ne lit pas le droit ni la loi. Parce que si elle lit la loi, un journaliste ne peut pas être admis dans une cellule ou une sorte de geôle à l’OCRB ni à la SRI. Or, il suffit qu’en égratignure le nom de quelque ministre de la République pour qu’un journaliste soit trainé dans une geôle. Nous disons Non. Que la justice centrafricaine se ressaisisse dans ce que nous disons et respecte au moins les journalistes », a-t-il renchérit.

La presse centrafricaine ayant occupé en 2010 le rang de 65ème dans le classement de Reporter Sans Frontière, a fait une chute vertigineuse pour se retrouver au 113ème rang en 2017. Cette dégringolade ne surprend pas les professionnels des médias centrafricains. Car la presse a été mise dans les oubliettes des autorités centrafricaines. Elle est aujourd’hui livrée en pâture dans la rue faute de la maison qui lui a été dépossédée, or il n’est pas aussi ingrat de reconnaitre l’appui constant de la presse centrafricaine lors des élections groupées de 2015-2016 dans le pays. Car grâce à la maison de la presse, les professionnels des médias s’étaient mis en synergie pour assurer la couverture médiatique de ce processus électoral crédible et apaisé.

 

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