CENTRAFRIQUE : LE SILENCE ÉNIGMATIQUE ET INQUIÉTANT DES POLITICIENS

Publié le 23 octobre 2018 , 8:46
Mis à jour le: 23 octobre 2018 8:46 pm

 

CENTRAFRIQUE : LE SILENCE ÉNIGMATIQUE ET INQUIÉTANT DES POLITICIENS

 

 

 

CRISE PARLEMENTAIRE, CRISE INSTITUTIONNELLE, CRISE POLITIQUE 

          Le feuilleton Meckassoua commence à être long et agaçant. Le pays est plongé dans une crise qui n’en finit pas. Les ex-Sélékas transforment peu à peu les provinces qu’ils ont investies en califats. Les Russes jouent sur tous les tableaux : ils soutiennent militairement et conseillent politiquement le président Touadera, mais négocient en même temps avec les groupes politico-militaires qui contrôlent les provinces minières ! Comment peut-on concevoir que la sécurité d’un pays et celle de son président soient assurées par des forces étrangères qui n’interviennent que pour tenter de s’approprier les richesses du sous-sol ?

          A l’Assemblée Nationale, le cas du président de la deuxième institution du pays est devenu un caillou de taille dans la chaussure du chef de l’État. Le journal en ligne Afrique News Info évoque un air de dégagisme qui ciblerait Abdoul Karim Meckassoua. La bronca qui secoue les colonnes de l’Assemblée Nationale constituerait une manœuvre inavouée, visant à destituer de son perchoir le deuxième personnage de l’Etat. Il semblerait que ce tohu-bohu soit piloté à partir du Palais de la Renaissance.

          Il s’agirait donc d’un combat de chefs qui viendrait menacer la fragile stabilité politique de la Centrafrique, au moment même où des périls de toutes sortes mettent le pays en danger : massacres, partitions, pillages des richesses minières, importation des affrontements est-ouest, sans oublier les rapports désormais tendus entre les autorités françaises et le président Touadera.

          A propos de ces relations abîmées, il est regrettable que des dirigeants africains, en l’occurrence Idriss Déby et Sassou Nguésso, soient devenus des supplétifs d’Emmanuel Macron dans « la chasse au Touadera ». Il est à noter que ces deux présidents sont loin de représenter des exemples de probité et de bonne gouvernance…

 

DES POLITICIENS ABSENTS

          Le pays est à feu et à sang, la partition devient une réalité, on redoute une dislocation du territoire.

          Mais, alors que la Centrafrique vit une véritable tragédie, les politiciens ont, semble-t-il, choisi l’aphonie comme moyen d’expression et l’inertie comme moyen de combat. N’étaient-ils pas en nombre pléthorique aux dernières élections législatives et présidentielles ? Pourtant, on ne les entend plus, on ne les voit plus ! Auraient-ils choisi le camp de la désertion, au moment où le « tous ensemble » de Barthélémy Boganda est plus que jamais une exigence pour tous les Centrafricains face aux périls ?

          On aimerait voir les politiciens centrafricains s’associer aux efforts menés dans la recherche de la paix et de la réconciliation nationale. En ces temps incertains, les élus devraient représenter une force de concertation et de propositions constructives. Mais, aujourd’hui, les Centrafricains sont en droit de douter sérieusement du sens de patriotisme de leurs représentants.

          On ne devient pas politicien pour se remplir les poches. On le devient pour faire don de soi à la nation.

 

UN SEUL BUT : L’INTÉRÊT DE LA NATION

          Le chef de l’État et le président de l’Assemblée Nationale s’affrontent dangereusement au risque de nuire au bon fonctionnement et à la stabilité des institutions.

          Il faudra bien trouver une solution et ce, le plus rapidement possible. On ne voit pas comment éviter une dissolution de l’Assemblée Nationale et de nouvelles élections législatives. Le président de la République a le pouvoir de procéder à ce changement. Mais il court aussi le risque de voir les élections se transformer en referendum pour ou contre lui, ce qui ne facilite pas sa décision. Et pourtant, on ne peut pas laisser perdurer cette guerre des chefs au risque de rajouter une instabilité politique majeure à une situation déjà largement périlleuse.

          La République Centrafricaine vit une apocalypse qui semble s’éterniser. Pour desserrer l’étau des périls qui l’étrangle, il faut la force de tous les Centrafricains. Il faut privilégier l’unité nationale. Il faut que les présidents des deux premières institutions du pays cessent leurs chamailleries infantiles et handicapantes pour le bon fonctionnement de l’État.

           Les Centrafricains ne les ont pas élus pour ça. Au lieu de se livrer de façon récurrente à ces mascarades dont le pays n’a pas besoin et qui fatiguent les Centrafricains, Touadera et Meckassoua feraient mieux de travailler en parfaite collaboration pour extirper la République Centrafricaine du puits des supplices où elle est tombée.

          Car le peuple qui, jadis, donnait l’impression de courber l’échine devant des dictateurs mégalomanes, despotes et incompétents, a politiquement mûri. Il n’hésitera plus, désormais, à demander des comptes à des dirigeants qui auront failli.

« Quand deux éléphants se battent, ce sont les herbes qui sont piétinées » (Dicton africain)

                                                                                                                                                                                                        Par : JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

                                                                                                                                                                                                                             (

23 octobre 2018)

 

 

 

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