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Centrafrique : Conférence de vérité de Abdou Karim Meckassoua

 

 

Centrafrique : Conférence de vérité de Abdou Karim Meckassoua

 

 

Bangui, 28 juillet 2018 (CNC) –

 

Chose promise, chose faite. Le grand oral du Président de l’Assemblée nationale, le Très honorable Abdou Karim Meckassoua a finalement été effectif ce vendredi 27 juillet devant une cinquantaine des professionnels des média centrafricains et étrangers. Au centre de cette conférence de presse, la longue absence de Meckassoua pour des raisons de santé qui fait couler tant d’encre et salive, le très épineux problème de détournement d’une centaine de millions de Francs Cfa dans les caisses du Parlement et le fonctionnement de la deuxième institution du pays.

Serein, mais aussi pugnace que paraissait Meckassoua devant les hommes de médias. Point par point, il a détricoté ce qu’il a qualifié d’allégations et de simples rumeurs.

D’abord, le PAN a commencé par confirmer aux journalistes, qu’il a été bel et bien souffrant et que son séjour hexagonal n’avait que seul objet sanitaire, et qu’à ce jour, Dieu merci, il se porte mieux. Alors que beaucoup de choses se sont dites. « En mon absence qu’est-ce que vous n’avez pas entendu ? On vous a dit que j’avais fui le pays par peur d’être arrêté ou par peur d’être destitué ; que j’étais allé préparer un coup d’Etat ; que j’étais parti en détournant l’argent de l’Assemblée Nationale ; que de loin je finançais des opérations de déstabilisation du régime ; et j’en passe. On a même été jusqu’à annoncer que j’étais mort ! », a-t-il récapitulé. Il relève par ailleurs que lorsqu’il a observé un silence depuis un certain temps, c’est par simple souci d’apaiser les tensions, mais sa sortie médiatique du jour s’explique par le fait que même son silence est interprété négativement.

D’emblée, Meckassoua sort le nœud de ce qu’il pense être à l’origine des allégations contre sa personne en cliquant sur son appartenance confessionnelle. Et, il répond : « Oui, je suis musulman, et je suis centrafricain. Qu’est ce qui pose problème là dedans ? Je sais que mes détracteurs utilisent cela depuis toujours comme une arme contre moi, mais je répète : quel est le problème ? Tous vous connaissez mon engagement pour ce pays, que j’ai servi de longue date, dans différentes fonctions : Directeur de Cabinet, Ministre, Ministre d’Etat, et maintenant Président de l’Assemblée Nationale. Si mes détracteurs veulent dire que dans notre pays tout musulman est étranger, même ceux dont la centrafricanité ne fait pas doute, qu’ils le disent clairement. Nos compatriotes jugeront ! », a-t-il affirmé.

Sur la même lancée, Meckassoua, main sur le cœur, mais aussi démonstrations à l’appui, jure n’avoir jamais eu d’accointance avec la Séléka, puisque certaines des persistantes rumeurs font état de son appui aux chefs de cette rébellion sanguinaire, ceci, au nom de la confession. « Mes Chers Compatriotes, ne vous laissez pas abuser. De la même manière qu’on n’est pas Anti-balaka seulement parce qu’on est Chrétien, on n’est pas Séléka seulement parce qu’on est musulman. On est Séléka ou Anti-balaka parce qu’on a posé des actes précis ; parce qu’on a d’une manière ou d’une autre participé au projet de ces groupes, en finançant, en donnant des ordres, en prenant les armes », a précisé le PAN.

Un peu plus loin, dans le fil de son développement, Abdou Karim Meckassoua a abordé l’épineuse question de détournement de sommes colossales à l’Assemblée nationale dont il serait à l’origine. « … pendant que je me soignais, on prétend encore que j’ai détourné de l’argent, dont 120 millions de FCFA en une opération. Je vous le dis solennellement : non, je n’ai pas détourné, et je n’ai pas pour habitude de le faire. Oui, il s’agit de mensonges éhontés », a-t-il rassuré. Mais, Meckassoua n’en est pas resté là : « Cela dit, parce qu’il y a de graves présomptions de détournement, mon devoir de Président de l’Assemblée nationale est de tout faire pour que la lumière se fasse. Il est aussi de prendre les mesures conservatoires qui s’imposent, le temps que les enquêtes mises en œuvre aboutissent. Mon devoir sera, enfin, une fois les conclusions de ces enquêtes connues, de prendre les mesures qui s’imposent. Le tout dans la transparence », a annoncé le Très honorable. Il va même loin pour indiquer que la Commission de comptabilité et de contrôle de l’Assemblée nationale, présidée par l’honorable Stève Koba est à pied d’œuvre pour, dit-il, « faire la lumière sur ces affaires… Il n’est pas exclu que je saisisse aussi la Cour des comptes et la Haute Autorité chargée de la bonne gouvernance ».

A l’occasion de cette entrevue avec les professionnels des média, Meckassoua a usé de la tribune pour se positionner sur les questions d’actualité d’ordre national. Il a parlé du processus Désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement des ex-combattants (DDRR). Pour l’orateur, trois éléments clés sont à mettre en branle pour la réussite du processus : de l’argent, une logistique bien pensée, et une ferme volonté politique.

Aussi, a-t-il abordé la question du dialogue en préparation dans le cadre de l’Initiative africaine pour la paix en Centrafrique. Ici, Meckassaoua n’a pas fait mieux que de rappeler à qui veut l’entendre qu’avec lui, les Députés avaient déjà pris le devant pour initier l’Initiative parlementaire de sortie de crise qui aurait pu éviter aux Centrafricains de grincer les dents aujourd’hui devant la communauté internationale qui semble visiblement en train d’imposer son schéma. Puisque dans l’Initiative parlementaire, il y avait déjà au centre, la question de l’impunité zéro et la place des victimes. Seulement, regrette-t-il, « cette initiative a été rejetée soi-disant pour ne pas faire concurrence à l’Initiative africaine ». Toutefois, poursuit Meckassoua, l’Assemblée nationale marque son adhésion à la démarche de l’Union africaine tout en formulant le vœu de voir l’impunité zéro et les victimes au cœur des préoccupations.

Parlant de la collaboration entre les chefs de l’Exécutif et du Législatif, très vaguement, le Président de l’Assemblée nationale a affirmé que « les relations avec le Président Touadera sont excellentes ».

Sous les persistantes questions des journalistes au sujet du Député de Boali 1, Bertin Bea qui a demandé la destitution du PAN, Meckassoua a lâché « Lorsque quelqu’un a mal, on ne peut pas l’empêcher de pleurer », en rappelant que la décision de relever Bea de son poste au sein du Parlement panafricain a été à l’origine des déclarations intempestives de ce dernier.

Quant à la coopération Russe-Centrafrique-France, Meckassoua a banalisé la question, appelant plutôt les uns et les autres à considérer les deux pays comme des pays amis qui se mobilisent au chevet de la République centrafricaine et son peuple.

Meckassoua a terminé sur le message d’espoir lancé aux Députés quant à la promesse des véhicules 4X4 qu’il leur a promis lors de la campagne pour le perchoir du Parlement.

 

Par : Fred Krocck, CNC.

 

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