Afrique : l’intégration au cœur des débats
Kigali, Rwanda2018 – Pour de milliers d’Africains, la libre circulation d’un pays à l’autre ressemble trop souvent à un cauchemar. Qu’il s’agisse de tracasseries aux frontières, de l’absence de réseaux routiers et de voies aériennes reliant des villes importantes, ou encore de la frustration née d’un refus d’entrée dans un pays pour cause de visa, il en résulte au final une restriction à la libre circulation des personnes, considérée par la Banque africaine de développement comme l’un des piliers de l’intégration régionale.
La libre circulation des personnes et des biens est intimement liée à la vision de la Banque de créer en Afrique le prochain grand marché mondial. Alors que la Conférence économique africaine (AEC) 2018 s’ouvre dans la capitale rwandaise, Kigali, le thème de cette année, « L’intégration régionale et continentale au service du développement de l’Afrique », s’aligne également sur une autre grande priorité de la Banque : placer le développement des infrastructures au centre des efforts d’intégration régionale de l’Afrique.
Le Rwanda, pays hôte de la Conférence ‒qui se déroule du 3 au 5 décembre 2018, à l’hôtel Marriott de Kigali ‒, a pris le premier des mesures audacieuses pour défendre l’intégration régionale, en annonçant au début de cette année la délivrance de visas d’entrée à l’arrivée sur son territoire pour les voyageurs en provenance de tous les pays d’Afrique.
La troisième édition de l’Indice d’ouverture sur les visas de la Banque, publiée au deuxième jour de la Conférence, permettra opportunément de recenser les pays africains qui améliorent les procédures favorisant la libre circulation des personnes sur le continent.
« L’Indice a contribué à mieux sensibiliser l’opinion et à conduire les réformes de la politique des visas à travers le continent dans le but de faciliter la circulation des personnes, ce qui ouvrira de nouvelles perspectives pour le tourisme, le commerce et les investissements intra-africains. Ainsi, la Banque participe directement à la réalisation des objectifs de l’initiative de l’Union africaine (UA) en faveur d’un passeport africain unique », a déclaré lors la séance plénière d’ouverture, Gabriel Negatu, directeur général de la Banque au Bureau régional de développement et de prestation de services pour l’Afrique de l’Est.
S’exprimant au nom du président rwandais Paul Kagame, Claudine Uwera, ministre d’État chargée de la Planification économique, a déclaré que la conférence portait sur un thème « qui nous tient à cœur ». « Cette conférence est importante pour tracer la voie à une intégration inclusive… qui bénéficiera à tous », a-t-elle affirmé.
« La gouvernance déterminera la voie du développement pour nos pays », a-t-elle ajouté, soulignant le rôle tout aussi important de la volonté politique et de l’engagement des dirigeants africains.
La Conférence économique africaine, qui se déroule chaque année, est le principal forum du continent favorisant le dialogue et l’échange de connaissances, dans la recherche de solutions face au défi du développement de l’Afrique. Elle réunit des universitaires de haut niveau, de hauts représentants gouvernementaux et des praticiens du développement venus du monde entier.
L’AEC 2018 mettra en avant « les initiatives novatrices favorisant l’accélération des progrès dans l’intégration d’infrastructures inclusives et encourageant l’équité, notamment à travers la suppression des obstacles à la circulation des personnes, des biens et des services à travers les frontières. »
Les autres partenaires à l’organisation de la conférence, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), se sont félicités du rôle de précurseur joué par le Rwanda dans les efforts d’intégration de l’Afrique et ont souligné le besoin urgent de poursuivre cette dynamique au service d’une intégration inclusive et équitable.
« Le gouvernement rwandais passe de la parole aux actes et continue de donner le ton », a souligné Ahunna Eziakonwa, administratrice adjointe du PNUD et directrice du Bureau régional pour l’Afrique.
S’exprimant également lors de la séance plénière, Giovanie Biha, secrétaire exécutive adjointe de l’UNECA a noté que, même s’il restait des progrès importants à accomplir, « nous allons dans la bonne direction ».
Pour la 13e édition de l’AEC, la participation de la Banque est organisée sous la direction du Département de la recherche et celui de l’Intégration régionale, ce qui montre l’importance qu’accorde l’institution à la recherche et à la gestion du savoir, en tant que facteurs importants du dialogue politique, de la planification et de la mise en œuvre de politiques efficaces.
Pendant trois jours, les différentes sessions examineront les cadres sociaux, culturels et politiques d’une intégration réussie, en s’appuyant sur la signature, historique, de l’Accord de libre-échange pour le continent africain (AfCFTA), signé par 44 pays africains en mars 2018 – potentiellement le plus important accord de libre-échange au monde. Cet accord vise à créer un marché continental unique pour les biens et les services, auquel s’ajoutera un volet sur la libre circulation des hommes et femmes d’affaires et des investissements en Afrique.
Les participants se pencheront également sur le rôle du secteur privé et des organisations de la société civile.
Étant donné l’urgence de l’intégration régionale – qui n’est plus un choix ‒, la conférence 2018 est un rendez-vous incontournable pour ceux qui s’intéressent au programme de développement de l’Afrique.
« Des pages importantes de l’histoire du développement de notre continent s’écrivent aujourd’hui », a souligné Claudine Uwera. « Profitons de cette occasion pour faire progresser le continent. »
Contact : Aristide Ahouassou, Chargé de communication, Département de la communication et des relations extérieures : a.ahouassou@afdb.org