Africa Corps, la redite d’un modèle économique prédateur

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Née des cendres de Wagner, Africa Corps a émergé comme alternative stratégique de la Russie dans l’exploitation des ressources naturelles de l’Afrique. Point sur une nouvelle organisation économique.
Nouvelle identité, nouveau fonctionnement économique ?
Suite à la disparition de la société de mercenaires Wagner, le Kremlin repense sa stratégie sur le grand continent. Tentaculaire, l’organisation est présente à travers l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Présente dans un grand nombre de pays, Africa Corps fait évoluer ses méthodes. Dans le cadre de cette nouvelle approche, les initiatives économiques et diplomatiques prennent le dessus face à l’aspect purement militaire.
Tandis que Wagner semblait plus informel, plus indépendant, le nouveau groupe est bien plus institutionnel. Africa Corps parait n’avoir d’autres choix que celui de s’aligner sur les intérêts du pouvoir russe. Alors que l’ancien modèle consistait à créer ses propres entreprises spécialisées dans l’exploitation de ressources naturelles, cette nouvelle version s’appuie sur des compagnies pré-existantes, selon un rapport du 23 mai dernier de l’Institut polonais des Affaires étrangères (PISM).
Cette réorganisation s’accélère après la fin du groupe paramilitaire, deux ans plus tôt. Le but ? Renforcer sa légitimité pour mieux se faire accepter par les populations locales et se désolidariser des exactions passées du groupe paramilitaire, comme les viols et exécutions sommaires de civils.
Une prédation établie à travers le continent
Si l’organisation montre un nouveau visage, ses activités demeurent strictement les mêmes. L’exploitation de ressources naturelles en échange de services sécuritaires chers payés, comme la sécurisation de certaines régions, au sein de nations aux États fragiles, reste monnaie courante. Uranium, or, diamant… En Centrafrique, son implication englobe diverses zones d’extraction minière, dont au sud-est du pays. Au Mali, plus grand producteur d’or et important extracteur de lithium, les régions de Kayes, Sikasso et Bougouni sont les plus concernées. Ce, notamment par des mines à ciel ouvert, comme Loulo et Sadiola. Africa Corps a également un pied en République démocratique du Congo, réputée pour son cuivre et son cobalt, au Soudan pour son or, au Mozambique pour son charbon, et ailleurs.
Outre les nombreux problèmes et manquement aux droits humains soulevés par leurs méthodes établies, l’une des principales préoccupations soulevées par ce modèle est la dépendance croissante de certains pays africains vis-à-vis de la Russie. Le cas malien est particulièrement révélateur. Depuis l’arrivée d’Africa Corps et des forces russes dans le pays en 2022, des accords ont été signés pour l’exploitation de gisements de manganèse, ce qui représente une part importante de l’économie nationale. Selon un rapport de l’ONG Global Witness en janvier 2024, le Mali a cédé jusqu’à 25 % de ses réserves de manganèse à des entreprises russes en échange de la protection de ses infrastructures critiques. Autre difficulté majeure, l’engagement russe en Afrique crée aujourd’hui une polarisation géopolitique entre puissances internationales et pourrait, à l’avenir, isoler les États africains du reste de la scène internationale.
Quelles perspectives d’avenir pour ce modèle ?
Les experts soulignent que la situation pourrait se compliquer à long terme. Dans un rapport publié en février 2025, le Global Initiative Against Transnational Organized Crime met en garde contre le risque de l’instabilité accrue. L’exportation de ressources naturelles en échange de la sécurité pourrait finir par provoquer une insurrection populaire dans certains de ces pays. La dépendance excessive à la Russie pourrait se retourner contre les régimes si les populations perçoivent cela comme une soumission à des intérêts étrangers.
En outre, la montée de l’opinion publique locale contre l’exploitation des ressources naturelles par des acteurs étrangers pourrait freiner l’expansion de ce modèle économique. Le cas de la Centrafrique, où la présence de Africa Corps suscite des manifestations contre la cession de terres et de ressources à des entreprises russes, en est un exemple frappant…
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