Zémio : 3 Peuls tués par des miliciens azandés, 2 suspects interpellés par les Wagner….

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Un vent de terreur souffle sur Zémio, dans la préfecture du Haut-Mbomou, où trois éleveurs peuls ont été assassinés par des miliciens azandés en l’espace de quelques jours. Ces crimes, survenus au début du mois de mars 2025, ont plongé la communauté musulmane locale dans la peur et ravivé les tensions ethniques dans cette région déjà fragile.
En effet, le premier drame s’est produit le 10 mars, au début du Ramadan 2025. Un éleveur peul, monté sur son âne, avait quitté son campement pour se rendre à Zémio afin d’acheter des vivres. Après avoir fait ses provisions, il a repris la route pour rentrer. Mais sur le chemin du retour, des miliciens azandés l’ont suivi discrètement. À un moment opportun, ils l’ont attaqué, l’ont tué et ont emporté tous ses biens : provisions, argent, tout ce qu’il transportait. Son corps a été abandonné sur place, loin des regards, tandis que les assaillants disparaissaient avec leur butin.
Cinq jours plus tard, le samedi 15 mars, deux autres Peuls, des jeunes âgés de 20 et 22 ans, ont connu un sort tout aussi tragique. Ce jour-là, ils ont quitté leur campement à 6 heures du matin, marchant à pied pendant trois heures pour atteindre Zémio. Leur objectif : s’inscrire sur la liste électorale, une campagne de recensement étant en cours dans la ville. Arrivés vers 9 heures, ils ont accompli leur devoir citoyen avant de décider de rentrer. À 14 heures, ils ont repris la route. Mais vers 16 heures, alors qu’ils progressaient sur le chemin du retour, les miliciens azandés les ont rattrapés. Les deux jeunes ont été égorgés sans pitié, leurs corps laissés sur place, leurs biens – sacs et effets personnels – emportés par les meurtriers.
L’information a fini par atteindre Zémio. Le lendemain, dimanche 16 mars, des jeunes de la communauté musulmane locale, alarmés par la disparition de leurs proches, sont partis dans la brousse pour enquêter. Sur place, ils ont retrouvé les corps des deux victimes, la gorge tranchée, gisant dans la poussière. Bouleversés, ils sont rentrés en ville et ont alerté l’imam de la mosquée centrale. Ce dernier, conscient que le sous-préfet, Romaric Sangou Zirani, un partisan farouche des miliciens azandé, risquait de fermer les yeux sur l’affaire, a choisi de contourner les autorités locales. Il s’est rendu directement auprès des mercenaires russes du groupe Wagner, stationnés dans la ville, pour leur exposer la situation.
Les Russes ont pris l’affaire en main. Accompagnés des jeunes qui avaient découvert les corps, ainsi que de gendarmes et de policiers locaux, ils se sont rendus sur les lieux du crime. Là, ils ont constaté l’horreur : les deux dépouilles étaient toujours sur place. Ils ont filmé la scène, puis ont organisé le rapatriement des corps vers Zémio avec l’aide de la famille. Les deux jeunes ont été inhumés le jour même, rejoignant dans la tombe leur compatriote tué cinq jours plus tôt. Mais l’histoire ne s’est pas arrêtée là.
Les rumeurs ont enflé dans la ville, et des suspects ont été identifiés. Les mercenaires russes, déterminés à agir, ont monté une opération discrète. Leur piège a fonctionné : deux individus, soupçonnés d’être des miliciens azandés impliqués dans les meurtres, ont été arrêtés. D’autres, alertés, ont réussi à s’échapper. Les deux captifs ont été remis à la gendarmerie de Zémio, où ils sont actuellement en garde à vue.
Pendant ce temps, l’arrestation de ces deux jeunes présumés meurtriers a provoqué une onde de choc parmi certains jeunes Azandés. Mécontents, ils ont pris les armes. Dans la soirée, alors que deux soldats des Forces armées centrafricaines (FACA) regagnaient leur base, ils ont été pris pour cible. Des coups de feu ont retenti, tirés par ces jeunes en colère. Par chance, les militaires n’ont pas été touchés. Ils ont riposté, déclenchant un bref échange de tirs. Les assaillants ont finalement pris la fuite, laissant la situation en suspens. On ignore encore si ces tireurs étaient de simples civils ou des miliciens déguisés.
Les deux suspects détenus pourraient bientôt être transférés à Bangui ou à Bambari pour être interrogés par le procureur.
Autrefois carrefour prospère sous l’influence du sultanat azandé au XIXe siècle, Zémio est aujourd’hui une ville en proie à l’instabilité. Peuls, Banda, Rounga et Azandés y cohabitaient jadis dans une relative harmonie, mais les récentes violences, souvent organisées par les miliciens azandés, ont brisé cet équilibre. Les routes délabrées, les prix exorbitants : un sac de farine coûte désormais 70 000 CFA, et l’isolement géographique n’arrangent rien. Dans cette région du Haut-Mbomou, où les rebelles ont laissé place à des conflits internes, la paix semble plus éloignée que jamais, tandis que les habitants oscillent entre deuil et crainte d’un avenir incertain….
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