Tokyo, quand Maxime Balalou le présente comme un modèle climatique pour la Centrafrique

Rédigé le 28 octobre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Entre informations de seconde main et communication à distance, ce ministre Kitandaire Maxime Balalou qui ne bouge jamais de Bangui peut-il vraiment parler des “leçons du TICAD” ? Qu’à cela ne tienne. Mais entre jargon diplomatique et réalités environnementales, les “leçons japonaises” cachent-elles l’absence totale de politique climatique nationale ?
Voilà bien le comble de la gouvernance centrafricaine : un ministre de la Communication qui nous explique les résultats du sommet TICAD 9 sans avoir quitté son fauteuil de Bangui. Pendant que la délégation présidentielle battait le pavé de Yokohama, notre soulard Kitandaire Maxime Balalou restait tranquillement installé dans ses bureaux, récoltant ses informations par téléphone et WhatsApp. Et le voilà qui nous présente “les leçons japonaises” comme s’il avait personnellement serré la main du Premier ministre nippon.
Cette situation montre tout le problème de cette administration : des ministres qui parlent de ce qu’ils ne connaissent pas, qui commentent ce qu’ils n’ont pas vu, qui analysent ce qu’ils n’ont pas vécu. Notre spécialiste de la “résilience climatique” découvre l’expérience japonaise à travers les comptes-rendus téléphoniques de ses collègues. Difficile de faire plus amateur comme approche diplomatique.
“Tirer profit des expériences japonaises pour faire face aux changements climatiques”, déclame notre ministre Kitandaire avec l’assurance de l’expert fraîchement diplômé. Le Japon ! Ce pays qui brûle encore massivement du charbon, qui a relancé ses centrales nucléaires après Fukushima, qui peine lui-même à atteindre ses objectifs climatiques. Voilà le modèle que la Centrafrique compte suivre pour sa “protection de l’environnement”. L’ironie atteint des sommets himalayens.
Le ministre nous gratifie de sa liste habituelle de priorités : “accès à l’eau potable, infrastructures durables, agriculture moderne”. Tout le catalogue des promesses gouvernementales y passe, saupoudré de références japonaises récupérées de troisième main. Quand on ne se déplace pas pour comprendre les enjeux, on se contente de recycler les formules toutes faites et d’y ajouter un peu de sauce nippone.
L’agriculture et la sécurité alimentaire occupent une place de choix dans ce discours post-sommet. “Bénéficier de projets agricoles modernes afin de renforcer l’autosuffisance alimentaire”, explique-t-il doctement. Dans un pays où les paysans cultivent encore avec des outils d’un autre siècle, où les routes rurales n’existent pas, où les circuits de commercialisation restent archaïques, on va faire de l’agriculture moderne grâce aux Japonais. Pourquoi pas des robots dans les champs de manioc tant qu’on y est ?
Le passage sur les “infrastructures durables” mérite une mention spéciale. Notre ministre découvre l’existence d’infrastructures respectueuses de l’environnement avec l’émerveillement du touriste visitant Tokyo. En Centrafrique, où les infrastructures de base manquent partout, où Bangui n’a pas d’électricité stable, où l’eau potable reste un luxe, on va construire “durable”. Le ridicule ne tue pas, heureusement pour nos dirigeants qui sont nés avant la honte.
“Un plan d’investissement global sur cinq ans inspiré de l’expérience japonaise en matière de logistique et de développement industriel” ! Cinq ans ! Comme si ce gouvernement avait déjà réussi un plan sur cinq mois. Et de la logistique japonaise en plus ! Dans un pays où transporter une caisse de bière de Bangui à Bossangoa ou à Paoua relève de l’exploit, on va appliquer les méthodes nippones. L’optimisme ministériel n’a vraiment aucune limite.
La cerise sur le gâteau reste l’évocation de l’“Agenda 2063 de l’Union africaine et des objectifs de développement durable”. Tous les buzzwords y passent ! ODD, gouvernance inclusive, partenariats stratégiques gagnant-gagnant… Le bingo du jargon onusien est complet. Pendant que le ministre aligne les acronymes internationaux, les forêts centrafricaines continuent d’être pillées par les exploitants illégaux, les cours d’eau sont pollués par l’orpaillage sauvage, et la biodiversité disparaît sous les yeux indifférents des autorités.
Le “nouveau paradigme centrafricain” évoqué en conclusion sonne comme une plaisanterie de mauvais goût. Quel paradigme ? Celui qui consiste à faire du tourisme diplomatique en récoltant des promesses creuses ? Celui qui transforme chaque sommet international en révélation environnementale ? Celui qui découvre l’écologie quand c’est à la mode dans les chancelleries ?
Au final, cette “résilience climatique” version gouvernement centrafricain ressemble à tout ce que produit cette administration : du vent diplomatique. Pendant que le ministre nous vend les “leçons japonaises”, les vrais problèmes environnementaux du pays restent entiers. Déforestation massive, pollution minière, gestion catastrophique des déchets urbains, absence totale de politique énergétique… Mais rassurons-nous, on a maintenant l’expérience nippone !
Les Centrafricains peuvent dormir tranquilles : leurs dirigeants maîtrisent parfaitement l’art de transformer les sommets internationaux en solutions nationales. Dommage que la réalité ne se plie pas aussi facilement aux effets d’annonce qu’aux communiqués ministériels.
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