Sur les routes de Bangui, le danger est partout : un chaos routier qui tue chaque jour

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Sur les routes de Bangui, motos surchargées et nids-de-poule sèment la mort. Ce désordre quotidien échappe à un État incapable d’agir fermement pour sauver la vie des centrafricains.
Un chaos routier qui défie l’entendement
À Bangui, conduire est une épreuve de survie. Les routes, couvertes des poussières épaisses et défoncées, sont un piège permanent. Les trous, parfois larges comme des bassines de manioc, obligent les conducteurs à slalomer, risquant à chaque instant la collision. Les motos-taxis, reines des rues, filent à toute allure, transportant des familles entières, des sacs de manioc ou même des chèvres. Les voitures, souvent en piteux état, roulent sans freins fiables ni phares fonctionnels. À cela s’ajoute un problème criant : l’absence totale de signalisation. Pas de panneaux, pas de feux, pas de marquages au sol. Sur l’avenue des Martyrs, artère vitale de la capitale, les carrefours sont des zones de non-droit où chacun impose sa loi. La nuit, sans éclairage public, chaque trajet devient une loterie macabre.
Les accidents sont si fréquents qu’ils ne surprennent plus. Les hôpitaux, comme l’Hôpital communautaire, croulent sous l’afflux de victimes. Des piétons renversés, des motocyclistes éjectés, des automobilistes coincés dans des carcasses tordues : le tableau est sinistre. Le décès de Carl-Pierre-Michel Sokambi, administrateur adjoint au ministère de la Communication, le 27 avril 2025, dans un accident de la route, a secoué les esprits. Mais son cas n’est qu’un parmi des centaines. Les chiffres exacts manquent, car personne ne les compile sérieusement, mais les témoignages parlent d’eux-mêmes. « Chaque semaine, on enterre des centrafricains à cause des accidents», confie un habitant du quartier Gobongo.
Des causes ancrées dans le désordre
Ce chaos ne vient pas de nulle part. Les routes, d’abord, sont un scandale. Mal entretenues, elles se dégradent sous la pluie et la poussière. Les rares travaux de réparation, souvent annoncés en grande pompe, s’arrêtent après quelques mètres, faute d’argent ou de volonté. À cela s’ajoute l’indiscipline des usagers. Les motos-taxis, par leur nombre et leur audace, sont au cœur du problème. Sans formation ni permis, leurs conducteurs bravent toutes les règles. Ils roulent à des vitesses folles, ignorent les sens interdits et transportent des charges insensées. Les automobilistes ne font pas mieux, doublant n’importe où ou klaxonnant pour se frayer un chemin.
Mais le vrai scandale, c’est l’inaction des forces de l’ordre. Les policiers, postés aux coins des rues, ne contrôlent rien. Leur seule préoccupation : racketter les conducteurs. Un billet de 1000 francs CFA, glissé discrètement, achète leur silence, même face à une moto sans plaque ou un camion surchargé. Les gendarmes, eux, brillent par leur absence. Cette corruption, érigée en système, vide toute règle de son sens. Les véhicules, souvent hors d’état, circulent sans contrôle technique. Des pneus lisses, des freins usés, des phares cassés : tout passe, tant que l’argent coule.
Un État absent face à la tragédie
L’État centrafricain, censé protéger ses citoyens, regarde ce carnage sans broncher. Les discours pleuvent, mais les actes manquent. En 2023, le ministère des Transports avait juré de lancer un grand plan pour sécuriser les routes. Deux ans plus tard, rien n’a bougé. Les campagnes de sensibilisation, quand elles existent, sont des slogans creux diffusés à la radio, vite oubliés. Les projets de routes neuves, financés par des partenaires étrangers, s’enlisent dans des détournements ou des lenteurs bureaucratiques. Les motos-taxis, dont le nombre explose à cause du chômage, restent un casse-tête insoluble. Une tentative d’enregistrement, en 2022, a tourné court, abandonnée face à la grogne des chauffeurs et à l’incapacité des autorités à tenir bon.
Les hôpitaux payent le prix de cette inertie. Les urgences débordent, les médecins s’épuisent. Les familles, laissées sans justice, pleurent leurs morts. « Ma sœur est morte percutée par une moto. Le chauffeur est arrêté quelques jours, puis il est relâché après avoir payé la police et il est reparti », raconte une femme du quartier Pétévo, les yeux rougis. Ces histoires, répétées à l’infini, montrent un État qui a baissé les bras. Les routes de Bangui, livrées à elles-mêmes, sont devenues des coupe-gorge où personne n’est à l’abri….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC