Routes impraticables : un frein au développement économique de la Basse-Kotto

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Dans la Basse-Kotto, les routes ne sont pas seulement un défi logistique, elles sont une entrave majeure au développement économique, comme l’a constaté le cardinal Dieudonné Nzapalaïnga lors de sa mission du 24 février au 10 mars 2025. Ayant lui-même parcouru ces chemins dégradés par voie terrestre, il dresse un tableau sans fard : « Moi-même, j’ai effectué le transport par voie terrestre en véhicule. Donc, je peux en parler, pénible, difficile ». Ce cri du cœur démontre une réalité qui paralyse les habitants de cette région centrafricaine oubliée.
Le cardinal pointe du doigt l’absence de travaux significatifs sur ces infrastructures importante. « Depuis, on n’a pas fait de travaux », déplore-t-il, soulignant que les efforts actuels, comme ceux de projet Londo, se limitent à des interventions manuelles temporaires. « C’est manuel. C’est pour un temps. Ces routes-là, c’est avec les engins, c’est pas avec les pauvres personnes qui font la cohésion », insiste-t-il, critiquant une approche inadéquate face à l’ampleur du problème. Les pluies et l’usure naturelle effacent rapidement ces modestes réparations, rendant les routes à nouveau impraticables. « Vous allez aujourd’hui à Poudjo. Les écueils qu’on avait la nuit dernière sont revenus. Arrivés à Bokolobo, la route aussi est redevenue difficile dans beaucoup d’endroits », décrit-il, témoignant d’une dégradation chronique.
Cette situation a des conséquences directes sur l’économie locale. Les agriculteurs, qui produisent café, manioc, riz ou sésame, se retrouvent piégés, incapables d’acheminer leurs récoltes vers les marchés. « Si on veut que les commerçants, ou les agriculteurs, amènent leur café, le manioc, le riz, le sésame pour vendre à un prix raisonnable, il faut qu’il y ait la route », martèle Nzapalaïnga. Sans accès viable, la circulation des biens est quasi inexistante. « Il n’y a aucun car qui effectue Bambari, Mobaye, Kouango, Alindao, pour ne pas dire Bangassou. On n’a que des camions », ajoute-t-il, soulignant l’isolement de la région, limitée à un trafic sporadique de gros véhicules.
Cet isolement favorise un système de troc archaïque, dominé par des commerçants soudanais qui profitent de l’absence d’alternatives. « Qui ose y aller, ce sont les Soudanais qui arrivent avec leurs camions, et qui arrivent à faire ce qu’on appelle le truck. Ils amènent du ciment, des tôles, du sucre, et ils échangent ça avec le café, échangent avec le sésame et autres », explique le cardinal. Ce commerce déséquilibré prive les habitants de liquidités, au point que la monnaie centrafricaine y est devenue une rareté. « Dans un village, on a sorti 100 francs, les gens criaient en disant, ça fait des mois et des mois qu’on n’a jamais vu cette pièce-là », rapporte-t-il. À la place, les francs congolais dominent le long du fleuve, à Mobaye, Satéma, Libanga ou Nkwala, signe d’une dépendance économique vis-à-vis des voisins.
Pour Nzapalaïnga, cette défaillance des routes est plus qu’un désagrément : elle asphyxie le potentiel économique de la Basse-Kotto et maintient ses habitants dans la précarité. « La route empêche qui est aussi la circulation », résume-t-il, liant l’état des infrastructures à l’impossibilité pour la région de s’intégrer aux dynamiques commerciales nationales. Sans intervention significative, des travaux avec des engins, pas des palliatifs temporaires, les agriculteurs et commerçants resteront condamnés à vendre à perte ou à troquer leurs produits contre des biens de première nécessité, au détriment de leur autonomie.
Le cardinal ne se contente pas de dresser un constat : il appelle implicitement à une action d’envergure. Réhabiliter les routes, c’est offrir un « ouf de soulagement » à cette population, comme il le formule dans ses recommandations plus larges. Car sans cette lifeline, la Basse-Kotto risque de demeurer une enclave économique, où le développement reste un mirage et où la résilience des habitants, déjà éprouvée, pourrait s’effriter face à un avenir sans perspectives….
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