Radio Centrafrique : l’humiliation en direct d’un média national lors du sommet de la CEMAC à Bangui

Rédigé le 14 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Le service public audiovisuel incapable de couvrir le sommet de la CEMAC à Bangui.
Un cri du cœur a retenti sur les ondes de la Radio Centrafrique ce mercredi 10 septembre dernier. En direct, un journaliste de la radio Centrafrique a brisé le protocole pour exprimer son désarroi face à l’état déplorable du média public centrafricain. Sa colère était justifiée : six chefs d’État de l’Afrique centrale se trouvaient à Bangui pour le 16e sommet de la CEMAC du 9 et 10 septembre 2025, mais la Radio Centrafrique ne pouvait pas retransmettre l’événement en direct.
L’ironie de la situation confine au grotesque. Pendant que des médias étrangers viennent puiser leurs informations auprès de la Radio Centrafrique et de la Télévision Centrafricaine, ces deux institutions publiques se révèlent incapables de couvrir les activités officielles qui se déroulent dans leur propre capitale. Cette dépendance inversée expose l’effondrement technique et financier du secteur audiovisuel national.
Le journaliste n’a pas mâché ses mots : “On va rester toujours derrière les autres ? Ça va finir quand ?”. Sa frustration traduit celle de toute une profession contrainte de voir son outil de travail se déliter jour après jour. La Radio Centrafrique, qui devrait être la voix officielle du pays, ne peut plus assurer ses missions de base faute d’équipements fonctionnels et de moyens financiers.
Cette réalité contredit frontalement le discours officiel du ministre de la Communication, l’ex-détenu et Kitandaire Maxime Balalou, qui ne cesse de proclamer que “le pays avance vers l’émergence” et que les médias publics “sont en forme”. Ces déclarations sonnent comme une plaisanterie de mauvais goût quand on connaît l’état réel des infrastructures audiovisuelles nationales.
La vérité se cache derrière les façades : la toiture de la Télévision Centrafricaine fuit abondamment lors des pluies, transformant les studios en passoires. Radio Centrafrique subit des coupures d’électricité répétées sans disposer d’un groupe électrogène de secours fonctionnel. Un seul technicien assure tant bien que mal la maintenance avec un émetteur de cinq gigahertz, équipement dérisoire pour une station nationale.
Dans ces conditions, organiser une retransmission en direct relève du parcours du combattant. Les équipes bricolent avec les moyens du bord, réparent avec leurs propres deniers et maintiennent l’antenne par pure volonté professionnelle. Cette débrouillardise héroïque ne peut plus masquer l’abandon systématique dont souffrent les médias publics.
Cette défaillance technique prend une dimension politique inquiétante à l’approche des échéances électorales. Dans trois mois, les campagnes démarreront officiellement. Comment le service public audiovisuel pourra-t-il garantir l’équité d’antenne entre les candidats s’il ne dispose même pas des infrastructures nécessaires pour fonctionner normalement ? Cette question hante les professionnels du secteur.
L’appel du journaliste s’est adressé directement aux députés de l’Assemblée nationale : “Il faut que ceux qui sont à l’Assemblée nationale nous regardent un peu”. Ce recours aux parlementaires témoigne de l’épuisement des voies hiérarchiques traditionnelles. Les équipes de Radio Centrafrique ont perdu confiance dans leur tutelle directe et espèrent une intervention législative.
Le contraste entre les promesses ministérielles d’émergence et la réalité du terrain devient insoutenable. Pendant que Maxime Balalou multiplie les effets d’annonce sur l’avancée du pays, ses propres services publics tombent en ruine. Cette schizophrénie gouvernementale nourrit la colère des agents qui vivent quotidiennement cette contradiction.
La gravité de la situation dépasse le simple dysfonctionnement technique. Un pays qui ne peut pas retransmettre ses propres événements officiels perd une part de sa souveraineté médiatique. Cette dépendance vis-à-vis des médias extérieurs compromet le contrôle national de l’information et affaiblit l’image de l’État centrafricain.
Le sommet de la CEMAC à Bangui aurait dû constituer une vitrine pour le pays hôte. Au lieu de cela, il met en lumière les carences structurelles du secteur public centrafricain. Les six chefs d’État présents ont pu constater de visu l’état de délabrement des institutions médiatiques nationales, spectacle peu flatteur pour les autorités locales.
Cette crise du service public audiovisuel reflète un mal plus profond : l’abandon progressif des missions régaliennes de l’État. Quand une radio nationale ne peut plus remplir ses fonctions élémentaires, c’est tout le système institutionnel qui montre ses failles. Le cri d’alarme lancé en direct constitue un électrochoc nécessaire, mais les réponses tardent à venir pendant que le ministre continue ses discours déconnectés de la réalité.
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