Quand Évariste Ngamana reproche à l’opposition ce que fait son régime depuis 10 ans

Le porte-parole du MCU Évariste Ngamana dénonce l’opposition qui “monopolise” le pays, pendant que son camp transforme la République en domaine personnel.
Rédigé le 23 octobre 2025 .
Par : la rédaction depuis (CNC).
Ngamana accuse l’opposition de confisquer la RCA, mais ferme les yeux sur un régime qui en fait sa chasse gardée depuis des années.
Évariste Ngamana vient de livrer une performance remarquable d’aveuglement volontaire. Le porte-parole du MCU et premier vice-président de l’Assemblée nationale a déclaré : “Les gens disent que la Centrafrique est devenue une propriété privée de l’opposition, et je pense que cela doit cesser et le peuple doit être pris au sérieux.”
Cette sortie mérite qu’on s’y arrête. Ngamana reproche à l’opposition de traiter la RCA comme son terrain de jeu, mais qui gouverne ce pays depuis bientôt dix ans ? Qui a modelé les institutions à sa convenance ? Qui a modifier la constitution pour briguer un troisième mandat? Certainement pas l’opposition qui peine à se faire entendre.
La réalité, c’est que Faustin-Archange Touadéra et son entourage ont fait de la République centrafricaine leur propriété exclusive. L’épisode de la réforme constitutionnelle de 2023 en est la parfaite illustration. Quand la Cour constitutionnelle a retoqué le projet de la rédaction de la nouvelle constitution, Touadéra l’a balayée d’un revers de main. Sa justification ? La Cour ne peut pas s’opposer à la “volonté du peuple”.
Cette “volonté populaire” s’est exprimée lors d’un référendum organisé dans des conditions plus que douteuses et chaotique en 2023. Le résultat était écrit d’avance : une constitution sur mesure qui ouvre la voie à des mandats présidentiels sans limite. Voilà comment on prend le peuple au sérieux selon la méthode Touadéra.
Le plus troublant dans cette posture, c’est l’inversion totale de la réalité. Ngamana accuse l’opposition de monopoliser un pays qu’elle ne gouverne pas, pendant que son camp transforme les institutions en instruments personnels. La Cour constitutionnelle a été transformée à une coquille vide, l’Assemblée nationale transformée en chambre d’enregistrement, les médias publics convertis en service de communication : voilà la vraie confiscation.
Cette stratégie de retournement des accusations montre une certaine panique. Quand on est à court d’arguments sur son bilan, on attaque l’adversaire sur ses prétendus propres défauts. Quand on manque de légitimité, on questionne celle des autres. Cette technique fonctionne peut-être dans les cercles du MCU, mais elle ne trompe plus grand monde ailleurs.
Le peuple centrafricain observe ce spectacle avec lassitude. Il voit un régime qui se maintient par tous les moyens, y compris en réécrivant les règles du jeu. Il entend des promesses répétées depuis des années sans voir d’amélioration concrète de ses conditions de vie.
Ngamana ferait mieux de regarder autour de lui. Dans les marchés de Bangui, dans les villages de l’intérieur, dans les écoles sans matériel : c’est là que se trouve la vraie RCA. Pas dans les salons climatisés où l’on refait le monde entre soi.
Cette République ne peut pas rester indéfiniment la propriété d’un clan, même soi-disant démocratiquement élu. Elle appartient à tous les Centrafricains, y compris à ceux qui ne partagent pas les vues du pouvoir en place. Ngamana l’oublie trop souvent dans ses sorties publiques.
Au lieu d’accuser l’opposition de tous les maux, le régime ferait mieux de s’interroger sur sa propre gouvernance. Dix ans au pouvoir, c’est largement suffisant pour juger une équipe dirigeante. Les résultats parlent d’eux-mêmes, et ils ne plaident pas en faveur d’une prolongation indéfinie.
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC




