MINUSCA : Une réponse évasive face à la grève des journaliers licenciés

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
En réponse à la grève des journaliers licenciés, la MINUSCA se retranche derrière une « fin de contrat », une position vague qui attise la colère des grévistes.
Le 5 juin 2025, environ 180 travailleurs, dont 176 journaliers et 4 contractuels temporaires, ont manifesté devant la base logistique de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) à Bangui. Selon nos informations, cette mobilisation visait à dénoncer des licenciements jugés abusifs et des accusations diffamatoires portées par un responsable de la mission. Les grévistes, soutenus par certaines organisations nationales, ont réclamé des indemnités, de meilleures conditions de travail et une reconnaissance de leurs droits après des années de précarité.
Pendant ce temps, la MINUSCA, dans sa déclaration, a qualifié ces licenciements de « fin de contrat normale », rejetant les demandes d’indemnisation. Cette réponse, qui s’appuie sur des règlements internes, est largement contestée par les travailleurs licenciés, qui y voient une tentative de minimiser des pratiques contraires aux normes internationales du travail.
Rappelons que les journaliers, employés sans contrat formel pendant sept à huit ans, avaient été mobilisés pour des tâches exigeantes, y compris des travaux nocturnes, selon nos informations. Cette précarité prolongée contrevient pourtant aux conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui exigent qu’un travailleur effectuant des tâches continues bénéficie d’un contrat à durée déterminée (CDD) ou indéterminée (CDI) après une période raisonnable, généralement un an.
En qualifiant les licenciements de « normaux », la MINUSCA ignore les obligations légales qui garantissent aux travailleurs des droits sociaux, tels que les congés, la couverture santé ou les cotisations retraite.
Un élément clé de cette affaire concerne des accusations portées par Tony Mushimbele, chef des plans et opérations au warehouse de la MINUSCA. D’après nos sources, en 2022, ce responsable a publiquement accusé les quatre contractuels et certains journaliers d’avoir prémédité son assassinat, affirmant détenir un enregistrement vocal. Aucune preuve n’a été produite, et la section Conduite et Discipline des Nations Unies, saisie de l’affaire, n’a pas donné suite.
Ces allégations, relayées dans des communications internes à la Minusca, ont stigmatisé les travailleurs, qualifiés de « tueurs » sur leur lieu de travail. Selon nos vérifications, elles ont servi de prétexte à la suspension des contractuels en octobre 2023, avant leur licenciement. La réponse de la MINUSCA, qui passe sous silence cet épisode, renforce les soupçons d’abus de pouvoir.
Les licenciements ont été qualifiés de « masqués » et abusifs par la Direction Régionale du Travail de Bangui-Centre, selon nos informations. En février 2024, le Ministère centrafricain du Travail a chiffré les indemnités dues aux contractuels licenciés, incluant préavis, congés non pris et dommages, à environ 1,8 million de FCFA par personne. Des demandes de dommages et intérêts supplémentaires, jusqu’à 100 milles francs CFA, ont été formulées pour le préjudice subi.
Le Groupe de Travail de la Société Civile sur la Crise Centrafricaine (GTSC) a également dénoncé un possible traitement discriminatoire des employés centrafricains par rapport aux expatriés. Malgré ces constats, la MINUSCA et l’UNOPS, qui se retranche derrière son rôle de prestataire, n’ont pas répondu aux appels à une conciliation amiable lancés par le Ministère des Affaires Étrangères centrafricain en février 2024.
Il y’a lieu de noter qu’un journalier est un travailleur engagé pour des tâches temporaires, souvent sans contrat formel à long terme. Selon le droit international du travail, notamment les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), ce type de contrat est destiné à des missions ponctuelles. En République centrafricaine, comme dans de nombreux pays, un travailleur effectuant des tâches régulières et continues devrait bénéficier d’un contrat à durée déterminée (CDD) ou indéterminée (CDI) après une période raisonnable, généralement un an.
Maintenir des travailleurs dans ce statut précaire pendant huit ans, comme c’est le cas pour certains à la MINUSCA, constitue une violation des normes internationales. Cela prive les employés de droits fondamentaux tels que les congés payés, la sécurité sociale, les primes de retraite ou encore l’accès aux soins de santé.
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