Loi sur les influenceurs : le gouvernement Toidera prépare-t-il une dictature numérique ?

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Loi sur les influenceurs : le gouvernement Toidera prépare-t-il une dictature numérique ?

 

Loi sur les influenceurs : le gouvernement Toidera prépare-t-il une dictature numérique ?
Bruno Yapande, ministre en charge de l’Administration du territoire   Une personne parlant dans un microphone devant une foule de personnes Texte possible Paroisse. Merit Ausiliatrice

 

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

Lors du Conseil des ministres du 12 juin 2025, le gouvernement centrafricain a adopté un projet de loi controversé visant à encadrer les “personnes menant des activités d’influence” en République centrafricaine (RCA). Présenté comme une mesure pour protéger la souveraineté nationale face aux “menaces” des acteurs étrangers, ce texte pousse à s’interroger : le président Faustin-Archange Touadéra et son gouvernement cherchent-ils à instaurer une dictature numérique en muselant toute voix critique sous prétexte de sécurité ?

 

Le ministre chargé de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et du Développement Local, Bruno Yapandé,  a justifié ce projet en invoquant la nécessité de contrer les “activités d’influence” exercées “sous la direction ou le contrôle d’une influence étrangère” pour “promouvoir les intérêts” d’autres nations. Mais derrière ce jargon vague, quelles sont les véritables intentions ?

 

Le texte, qui sera bientôt soumis à l’Assemblée nationale, reste flou sur la définition d’une “influence étrangère” et sur les critères qui désigneraient une personne comme “influenceur” à réguler. Blogueurs, journalistes indépendants, activistes de la société civile, voire opposants politiques pourraient-ils être ciblés sous ce prétexte ?

 

Dans un pays où l’accès à l’information est déjà limité et où les réseaux sociaux servent de plateforme essentielle pour les débats publics, ce projet de loi fait craindre une répression numérique sans précédent. En comparant la RCA à d’autres régimes autoritaires ayant adopté des lois similaires – comme la Russie avec sa législation sur les “agents étrangers” ou la Chine avec son contrôle strict d’Internet –, des observateurs s’inquiètent d’une dérive vers un État policier numérique.

 

“C’est une porte ouverte à la censure arbitraire”, dénonce un activiste centrafricain sous couvert d’anonymat. “Si vous critiquez le gouvernement sur X ou ailleurs, vous risquez d’être étiqueté comme un agent de l’étranger.”

 

Le contexte politique renforce ces soupçons. Depuis l’adoption de la Constitution de la 7e République en août 2023, le gouvernement Touadéra tente par tous les moyens à consolider son pouvoir en marginalisant l’opposition et en limitant les espaces d’expression. L’opération Kwa ti Kodro, mobilisant des associations pro-Touadéra comme “Touadera Encore” ou “Touadera Nouvelle Vision”, explique  cette stratégie de contrôle de l’espace public. Avec ce nouveau projet de loi, le régime semble désormais vouloir s’attaquer à l’espace virtuel, où les critiques contre la gestion des ressources minières, les crises humanitaires ou les alliances géopolitiques (notamment avec la Russie) se multiplient.

 

Les défenseurs du texte arguent qu’il s’inspire de lois adoptées dans des “pays développés” pour protéger les intérêts nationaux. Mais en RCA, où la transparence gouvernementale est souvent mise en doute, comment croire que ce cadre juridique ne sera pas détourné pour servir des intérêts politiques ? L’absence de débat public préalable et la rapidité avec laquelle le projet a été adopté en Conseil des ministres alimentent les craintes d’une instrumentalisation.

 

Alors que la RCA fait face à des défis majeurs – épidémies, déplacements forcés, insécurité chronique –, pourquoi le gouvernement priorise-t-il une loi aussi controversée ? Est-ce une tentative désespérée de contrôler le narratif à l’approche d’échéances électorales ou d’événements comme la table ronde des investisseurs du PND 2024-2028 ? Une chose est sûre : en s’aventurant sur le terrain glissant de la régulation numérique, le gouvernement Touadéra risque d’attiser la méfiance de sa population et d’attirer les condamnations internationales.

 

Si ce projet de loi est adopté sans amendements clairs garantissant les libertés fondamentales, la RCA pourrait basculer dans une nouvelle ère de surveillance et de répression….

 

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