L’accord de N’Djaména : une vitrine de paix pour rassurer les bailleurs ?

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
L’accord de N’Djaména promet la paix avant les élections de décembre 2025.
Le 19 avril 2025, sous la médiation du Tchad, le gouvernement centrafricain signe un nouvel accord de paix avec les groupes armés 3R et UPC. Le document promet un cessez-le-feu, le désarmement des rebelles et leur intégration dans l’armée nationale. À huit mois des élections présidentielles, cet accord de Ndjamena pourrait voiler une stratégie de communication destinée à rassurer les partenaires internationaux plutôt qu’à résoudre durablement les tensions.
Le calendrier provoque des interrogations légitimes. La République centrafricaine dépend massivement de l’aide internationale. L’Union européenne, les Nations unies et la Banque mondiale financent une grande partie des institutions et programmes de reconstruction du pays. Ces bailleurs exercent une pression constante sur Bangui pour obtenir des résultats tangibles en matière de sécurité. L’accord de N’Djaména, avec ses promesses de dissolution des groupes armés, répond parfaitement à ces attentes au moment où Faustin-Archange Touadéra consolide sa position électorale.
Les engagements de l’accord de N’Djaména paraissent ambitieux mais manquent de substance. Le texte prévoit le cantonnement des combattants dans les trois mois, leur désarmement quinze jours plus tard, puis leur intégration dans les Forces armées centrafricaines. Aucun financement précis n’accompagne ces mesures. Les délais semblent irréalistes dans un pays où l’État contrôle difficilement son territoire. Cette approche superficielle suggère un exercice de relations publiques plutôt qu’un plan sérieux de pacification.
L’histoire récente de la Centrafrique regorge d’accords similaires qui ont échoué. L’Accord politique pour la paix et la réconciliation de 2019 avait déjà suscité des espoirs avant de s’effondrer en 2021. Les mêmes groupes armés, 3R et UPC, avaient rompu leurs engagements précédents. Cette répétition suggère que les accords servent davantage à maintenir le flux d’aide internationale qu’à établir une paix véritable, et l’accord de N’Djaména en est un exemple.
Pour Touadéra, l’accord de Ndjamena représente un atout électoral. En offrant des postes gouvernementaux aux leaders rebelles, il neutralise temporairement ses opposants armés tout en projetant une image de pacificateur. Cette stratégie permet de rassurer les électeurs et les partenaires étrangers sans s’attaquer aux causes profondes du conflit : corruption, faiblesse institutionnelle et absence de contrôle territorial.
Le rôle du Tchad dans cet accord de Ndjamena comme médiateur mérite attention. N’Djaména poursuit ses propres intérêts géopolitiques en Centrafrique, notamment face à l’influence croissante de la Russie dans la région. Le comité tripartite de suivi, dirigé par le Tchad, risque de privilégier la gestion diplomatique au détriment des réformes structurelles nécessaires. Cette dynamique renforce le caractère cosmétique de l’initiative.
Les bailleurs internationaux, malgré leur expérience des échecs passés, restent sensibles aux signaux politiques positifs. L’accord leur permet de justifier la poursuite de leur engagement financier en Centrafrique. Les promesses de dissolution des groupes armés offrent une narrative séduisante pour les capitales occidentales, même si la réalité sur le terrain demeure inchangée.
L’absence de mesures concrètes pour renforcer la gouvernance ou établir un véritable contrôle étatique révèle les limites de cette approche. Le processus de désarmement, démobilisation et réintégration nécessite des ressources considérables et un engagement politique durable. Sans ces éléments, l’accord risque de rejoindre la longue liste des initiatives avortées en Centrafrique.
L’accord de N’Djaména pourrait bien n’être qu’un mirage diplomatique, conçu pour maintenir l’illusion du progrès auprès des partenaires internationaux. Si le gouvernement centrafricain souhaite éviter un nouvel échec, il devra aller au-delà des déclarations d’intention et s’attaquer aux racines de l’instabilité qui gangrène le pays depuis des décennies….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC




