Pour Jean Sosthène Dengbe, la police centrafricaine est inefficace. Mais pourquoi ? Voici la raison …

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Jean Sosthène Dengbe affirme que la police nationale est inefficace. Mais pourquoi ? Voici la raison …

 

Jean Sosthène Dengbe affirme que la police nationale est inefficace. Mais pourquoi ? Voici la raison …

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Le député Jean Sosthène Dengbe pointe l’inefficacité de la police nationale, où une hiérarchie bancale, gorgée de gradés, paralyse la RSS et laisse la sécurité en ruine.

 

La police nationale centrafricaine, pilier attendu de la réforme du secteur de la sécurité (RSS), ploie sous une structure hiérarchique dysfonctionnelle qui compromet ses ambitions. Lors d’une émission sur la radio Ndéké-Luka, le député de Berberati, Jean Sosthène Dengbe, président de la Commission défense et sécurité à l’Assemblée nationale, a mis en lumière un problème structurel majeur : une “pyramide inversée” au sein de la police, avec trop de hauts gradés pour une base opérationnelle réduite. Cette anomalie, qu’il qualifie de frein à l’efficacité des forces de l’ordre, entrave la capacité de la RSS à instaurer une sécurité robuste et autonome. Pourtant, les solutions évoquées par Jean Sosthène Dengbe restent vagues, révélant un défi bien plus profond que ses mots ne le laissent entendre.

 

Jean Sosthène Dengbe explique que la police souffre d’un déséquilibre criant dans sa chaîne de commandement. “La base est un peu vide, et très haut, les hauts gradés sont nombreux”, note-t-il, ajoutant que cette structure “ne fait pas l’équilibre”. Autrement dit, la police compte une pléthore d’officiers supérieurs – commissaires, inspecteurs, commandants – mais un nombre insuffisant d’agents de terrain pour assurer les missions quotidiennes. Cette distorsion nuit à la capacité des forces de l’ordre à maintenir l’ordre dans les villes et les provinces, où les crimes, les violences et les tensions liées à la transhumance exigent une présence policière forte et réactive. Alors que la RSS, soutenue par des partenaires comme l’Union européenne, vise à professionnaliser les forces de sécurité, cette hiérarchie bancale paralyse tout progrès significatif.

 

Ce problème n’est pas récent. Les crises successives, de la guerre civile de 2013 à l’accord de Khartoum en 2019, ont démantelé les institutions, y compris la police. Au fil des années, les promotions, souvent dictées par des considérations politiques ou des réseaux d’influence, ont gonflé les échelons supérieurs sans renforcer la base. Résultat : une police déséquilibrée, où les gradés, concentrés à Bangui, absorbent une part disproportionnée des ressources,  salaires, véhicules, budgets,  tandis que les agents de terrain, sous-effectifs et sous-équipés, peinent à couvrir les vastes territoires ruraux. Dans des préfectures comme Ouham-Pendé, Ouham ou la Nana-Mambéré,  où les conflits liés à la transhumance sèment la mort, la présence policière est quasi inexistante, laissant les communautés livrées à elles-mêmes ou à des groupes d’autodéfense.

 

Les conséquences de cette hiérarchie déséquilibrée sont tangibles. Jean Sosthène Dengbe admet que la police manque de l’équilibre nécessaire pour fonctionner efficacement, mais il n’offre ni chiffres précis ni plan concret pour y remédier. Les agents sur le terrain, souvent mal formés et mal payés, n’ont ni les moyens logistiques ni le soutien hiérarchique pour répondre aux défis sécuritaires. À Bangui, les postes de police, dépourvus de véhicules ou de carburant, obligent les agents à improviser avec des motos empruntées ou à rester cloîtrés dans leurs bureaux. Dans les provinces, la situation est encore plus désastreuse : les commissariats, quand ils existent, manquent de personnel, et les rares agents présents n’ont aucun appui pour patrouiller ou intervenir face aux groupes armés ou aux conflits communautaires.

 

La RSS, qui englobe la police aux côtés de l’armée et de la gendarmerie, devait corriger ces failles. Jean Sosthène Dengbe vante l’incorporation d’ex-rebelles démobilisés dans les forces de l’ordre, issus de l’accord de Khartoum, qu’il décrit comme des “républicains respectueux des principes de droit”. Mais cette intégration, si elle a gonflé les effectifs, n’a pas résolu le déséquilibre structurel. Les nouveaux agents, souvent affectés à la base, manquent de formation et de supervision, tandis que les gradés, nombreux et influents, continuent de dominer les décisions sans assumer les responsabilités opérationnelles. Cette distorsion, que Jean Sosthène Dengbe reconnaît sans la quantifier, empêche la police de répondre aux attentes des citoyens, qui exigent une sécurité tangible dans un pays miné par la violence.

 

La dépendance envers des acteurs extérieurs aggrave le tableau. Alors que la police lutte pour s’organiser, la MINUSCA fournit un soutien logistique – carburant, véhicules, formations – sans lequel les forces de l’ordre seraient paralysées. Mais cette aide ne s’attaque pas à la racine du problème : une hiérarchie mal conçue et une absence de réforme interne. Pire, dans certaines régions, les mercenaires russes du groupe Wagner, omniprésents en RCA, prennent en charge des opérations de sécurité, éclipsant la police nationale. Des témoignages locaux rapportent que Wagner, équipé de blindés et de motos tout-terrain, intervient là où les agents, dépourvus de moyens, ne peuvent agir. Cette tutelle, qui marginalise la police, est une humiliation silencieuse pour une institution censée incarner l’autorité de l’État.

 

Dengbe, en tant que président de la Commission défense, appelle à “revoir” cette pyramide inversée, mais ses propos restent évasifs. Il évoque des ajustements à venir, sans préciser comment réduire le nombre de gradés, renforcer la base ou redistribuer les ressources. Les formations, comme celles dispensées à l’étranger, concernent principalement des officiers, aggravant le déséquilibre. Les budgets, bien qu’en hausse selon Dengbe, semblent mal alloués, privilégiant les échelons supérieurs au détriment des agents de terrain. Cette absence de vision concrète laisse la police dans un état de stagnation, incapable de répondre aux défis de la transhumance, des crimes urbains ou des violences communautaires. Les citoyens, confrontés à l’insécurité, perçoivent les forces de l’ordre comme une institution distante, plus préoccupée par ses luttes internes que par leur protection….

 

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