Indépendance sécuritaire : la RCA toujours à la merci de la MINUSCA et du groupe Wagner

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Le député de Berberati, Jean Sosthène Dengbe, Président de la commission défense et sécurité à l’assemblée nationale, rêve d’une indépendance sécuritaire pour la RCA, mais la mainmise des mercenaires russes et la dépendance à la MINUSCA paralysent l’armée centrafricaine.
L’ambition d’une République centrafricaine souveraine, capable de défendre ses citoyens sans tutelle étrangère, est un refrain répété par les autorités. Pourtant, la réalité dément ce discours. Lors de l’émission du Parlement sur la radio Ndéké-Luka, Jean Sosthène Dengbe, président de la Commission défense et sécurité à l’Assemblée nationale, a exalté la vision d’une armée autonome, libérée des appuis extérieurs, dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité (RSS). Il a vanté des véhicules neufs, des budgets accrus pour la Défense et l’Intérieur, et des dons américains, comme des citernes “intactes”. Mais ses aveux, glissés entre deux élans d’optimisme, révèlent une dépendance persistante envers la MINUSCA, qui fournit le carburant essentiel aux opérations. Plus troublant encore, un acteur omniprésent plane sur la sécurité, la politique et l’économie du pays : les mercenaires russes du groupe Wagner, dont l’influence croissante remet en cause toute idée d’indépendance dans toutes ses formes.
Sosthène Dengbe évoque une RSS visant à doter les FACA (Forces armées centrafricaines), la police et la gendarmerie des moyens d’agir seules. Il cite des formations, comme celle de 36 chauffeurs à Berongo par les mercenaires russes, et des programmes dans des académies au Maroc ou en Russie, pour bâtir une armée disciplinée. Ces efforts, selon lui, rapprochent la RCA d’une sécurité affranchie des “canaux” étrangers. Mais la réalité qu’il décrit contredit cet espoir. Le carburant, nerf de toute opération militaire, reste fourni par la MINUSCA. Sans cette aide, les FACA, déjà limitées par un manque de véhicules, seraient immobilisées. Dans des préfectures comme l’Ouham-Pendé, la Nana-Mambéré, l’Ouham ou Lim-Pendé, où les groupes armés prospèrent, l’incapacité à patrouiller efficacement laisse les communautés vulnérables, livrées à des conflits comme ceux liés à la transhumance, que Dengbe admet être “mal gérés”.
L’ombre de Wagner aggrave ce tableau. Des témoignages de sources militaires, relayés par des observateurs, dépeignent une réalité où les mercenaires russes dominent le paysage sécuritaire. Les équipements fournis par des partenaires : véhicules, blindés, motos tout-terrain, sont souvent captés par Wagner, qui opère avec une autonomie déconcertante. Dans des villes comme Bambari ou Bria, où les FACA manquent de moyens, Wagner déploie des flottes de plusieurs véhicules, intervenant là où l’armée nationale, sous-équipée, reste en retrait. Cette disparité, que Dengbe passe sous silence, transforme les FACA en un acteur secondaire, loin de l’indépendance proclamée. Les soldats, parfois réduits à emprunter des motos à des civils pour se déplacer, incarnent une souveraineté bafouée.
Toutefois, l’influence de Wagner ne se limite pas à la sécurité. Des informations crédibles persistantes suggèrent que les mercenaires russes pèsent sur les décisions stratégiques du gouvernement. Ils influenceraient des choix politiques, comme l’instauration de la nouvelle constitution, et joueraient un rôle dans l’économie, notamment via le contrôle de secteurs clés. L’exploitation massive du bois dans la région de Lobaye, menée par des entités liées à des intérêts russes, prive l’État de ressources importantes. Le commerce, y compris la production d’alcools frelatés et de boissons comme celles associées à la marque Africa Ti L’Or, serait également sous leur emprise. Les douanes, point névralgique de l’économie, échappent en partie au contrôle national, renforçant l’idée d’un pays sous tutelle. Cette mainmise, qui s’étend à la police et à la gendarmerie, où Wagner intervient dans des opérations sécuritaires, rend illusoire toute prétention à l’autonomie.
Les crises passées expliquent en partie cette situation. Dengbe évoque les séquelles des conflits, de la guerre civile de 2013 aux accords fragiles comme celui de Khartoum, qui ont démantelé les institutions. La RSS, soutenue par l’Union européenne, devait reconstruire des forces nationales robustes. Mais un an après la levée de l’embargo sur les armes en juillet 2024, les progrès sont minces. Les véhicules neufs, dont la répartition reste opaque, ne compensent pas l’absence de logistique autonome. Les formations à l’étranger, limitées à une élite, ne répondent pas aux besoins massifs des FACA. Les budgets accrus, vantés par Dengbe, semblent engloutis par des priorités floues, tandis que Wagner accapare les ressources stratégiques.
Sosthène Dengbe, en tant que président de la Commission défense, porte une responsabilité dans ce constat. Son discours, qui exalte une indépendance théorique, élude l’emprise de Wagner et la dépendance à la MINUSCA. Lorsqu’il parle d’une RCA libérée des soutiens étrangers, il ignore la réalité des provinces, où les FACA improvisent face à des mercenaires mieux équipés. Les citoyens, épuisés par l’insécurité, attendent une armée capable d’agir sans s’appuyer sur des forces extérieures. Chaque opération confiée à Wagner, chaque litre de carburant fourni par la MINUSCA, est un aveu d’échec pour une indépendance sécuritaire qui reste un mirage….
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