Enquête exclusive : Loïc Ouangapou, des détournements de fonds étudiants à la mort tragique du soldat Derrick Agoma sur le front ukrainien en Russie

Rédigé le 30 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
À Moscou, une affaire d’une ampleur inédite éclabousse la communauté centrafricaine. Au cœur de l’affaire, Loïc-Junior-Fortuné Ouangapou, ancien étudiant devenu conseiller consulaire à l’ambassade de la République centrafricaine en Russie, aujourd’hui déchu, introuvable et convoqué par la justice russe. Son nom se retrouve lié à une série de manipulations, de détournements et de fraudes qui vont des fonds accordés aux étudiants par le président de la République jusqu’au recrutement clandestin d’un soldat centrafricain mort sur le front en Russie. Les documents officiels de l’ambassade, les notes de suspension et les convocations judiciaires russes consultés par la rédaction du CNC confirment l’ampleur des faits.
Tout commence avec la visite du chef de l’État centrafricain Baba Kongoboro à Moscou, au cours de laquelle une enveloppe financière est remise pour soutenir les étudiants centrafricains. Cette aide, censée soulager les difficultés de jeunes vivant loin de leur pays, disparaît rapidement. Dans les couloirs de Moscou, un nom revient sans cesse : Loïc Ouangapou. Il s’autoproclame représentant des étudiants alors qu’aucun statut officiel ne prévoit une telle fonction. Ce poste fictif devient son sésame pour se rapprocher des autorités centrafricaines, notamment le ministre de l’Enseignement supérieur et celui des Affaires étrangères. Il flatte, promet et distribue des illusions. En manipulant son entourage, il parvient à se faire nommer conseiller consulaire et social à l’ambassade de RCA à Moscou.
Mais derrière ce parcours fulgurant se cache un système opaque. Loïc Ouangapou fait croire que la Russie a réservé des dizaines de bourses pour les étudiants centrafricains. Il descend à Bangui, rencontre le ministre de l’enseignement supérieur Maghalé, et organise une pseudo-sélection de candidats, monnayant les places auprès de familles crédules qui lui versent des sommes importantes. Dans ses discours, il promet que ses contacts avec les autorités russes garantiront leur admission. La réalité est tout autre : la sélection des boursiers pour la Russie se fait uniquement via le portail officiel en ligne, sans aucune intervention manuelle. En vérité, ces promesses n’étaient qu’une arnaque.
Les témoignages d’étudiants recueillis par la rédaction du CNC dénoncent une opération de racket organisée avec méthode. Les preuves s’accumulent. L’ambassadeur de RCA à Moscou finit par intervenir. Dans une note officielle datée du 24 septembre, il suspend Loïc Ouangapou pour malversations, fonctionnement parallèle, usage de faux et usurpation des fonctions de l’ambassadeur. À partir de ce moment, la façade tombe : ce que beaucoup soupçonnaient devient réalité. Le conseiller consulaire n’était qu’un imposteur qui a profité de son poste pour piller et manipuler.
Mais l’affaire prend un tournant plus dramatique encore. Dans les archives judiciaires russes, le nom de Loïc Ouangapou apparaît lié à un dossier pénal portant le numéro 124020077702000145. Il est convoqué par le département militaire du Comité d’enquête de la Fédération de Russie. Motif : il aurait enrôlé clandestinement un jeune soldat centrafricain, Agoma-Ngamana Derrick Just Blandin, envoyé sur le front russe où il a trouvé la mort. La famille du soldat, effondrée, attend toujours des explications. Les convocations envoyées par les enquêteurs russes restent sans réponse. Loïc Ouangapou, injoignable, disparaît dans la nature.
Un communiqué de la justice militaire russe diffuse même un appel public, en français et en sango, demandant à toute personne connaissant Loïc Ouangapou de l’informer de sa convocation. C’est un fait rarissime qui montre clairement la gravité de l’affaire : un haut fonctionnaire consulaire d’un État étranger recherché pour répondre d’un enrôlement clandestin ayant conduit à la mort d’un citoyen centrafricain.
À Bangui comme à Moscou, la colère monte. La famille Ngamana exige la vérité. Elle interpelle directement Loïc Ouangapou : « Votre silence prolongé nous plonge dans l’incompréhension et alimente nos soupçons sur les circonstances de sa mort. Nous méritons de savoir la vérité». Mais l’homme reste muet. Ce mutisme est perçu comme un aveu. Pour la famille, il ne fait plus de doute qu’un jeu trouble a été mené sur le dos de Derrick Agoma, recruté illégalement et sacrifié dans une guerre qui n’était pas la sienne.
Les révélations de l’ambassadeur en Russie apportent une lumière crue sur ces pratiques. Dans un enregistrement audio consulté par la rédaction du CNC, il décrit comment Loïc Ouangapou a détourné le processus officiel des bourses. L’ambassadeur parle d’anarchie, de dossiers traités dans des hôtels en dehors de tout contrôle institutionnel. Il accuse ouvertement son ancien conseiller consulaire d’avoir trahi la confiance de l’État et des étudiants.
Ce scandale dépasse la simple fraude. Il démontre une mécanique de prédation où un individu, protégé par ses relations avec des ministres, a pu détourner des fonds publics, manipuler des étudiants et même recruter clandestinement un soldat centrafricain pour une guerre étrangère. La mort de Derrick Agoma est la conséquence tragique d’un système où la cupidité et la trahison se mêlent.
Aujourd’hui, le nom de Loïc Ouangapou est devenu synonyme de honte et de trahison dans la diaspora centrafricaine en Russie. Sa fuite et son silence enfoncent davantage encore son image. Pour la communauté centrafricaine, il est celui qui a transformé l’ambassade en instrument de racket, celui qui a vendu de fausses bourses, et celui qui porte la responsabilité morale de la mort d’un jeune compatriote.
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