Des mois après le changement d’opérateur, la délivrance des passeports reste un calvaire pour certains demandeurs à Bangui

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Des mois après l’arrivée d’une nouvelle entreprise pour produire les passeports à Bangui, les retards et obstacles administratifs indignent toujours les demandeurs.
À Bangui, obtenir un passeport biométrique est un parcours semé d’embûches. Depuis le changement d’opérateur annoncé en décembre 2024, la situation n’a fait qu’empirer. La suspension de la délivrance des passeports, effective à partir du 30 décembre 2024, devait permettre une transition vers un nouveau système plus moderne. Mais cinq mois plus tard, en juin 2025, les citoyens se heurtent encore à des retards, des dossiers perdus et des frais supplémentaires imprévus. Parmi eux, une jeune femme de 22 ans incarne le désarroi de nombreux demandeurs, coincée dans un système qui semble avoir oublié son existence.
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Michel Nicaise Nassin, avait présenté cette suspension comme une étape nécessaire pour transférer les données vers le nouvel opérateur, après la fin du contrat avec l’ancienne entreprise. En janvier 2025, les autorités ont annoncé la reprise de la délivrance des passeports, mais pour beaucoup, cette promesse manque de crédibilité. Les demandeurs ayant payé l’ancien opérateur se retrouvent dans une impasse. Leurs dossiers, souvent introuvables, les obligent à recommencer le processus, y compris à repayer les frais de 50 000 CFA. Cette situation touche des centaines de personnes, mais l’histoire de cette jeune femme de 22 ans, prénommée Prisca(nom modifié pour protéger son identité), explique particulièrement bien l’absurdité du système.
Prisca a soumis sa demande de passeport en décembre 2024, payant 50 000 CFA à l’ancienne entreprise, comme des dizaines d’autres demandeurs. Elle rêvait de poursuivre ses études à l’étranger, un projet qui dépend entièrement de l’obtention de ce document. Après avoir attendu des semaines, elle s’est rendue au centre d’enrôlement pour prendre sa photo biométrique, étape clé du processus. Mais là, on lui a répondu que son dossier était introuvable. « J’ai payé, j’ai fait tout ce qu’on m’a demandé, mais ils disent que mon dossier n’existe pas », raconte-t-elle. Depuis, Prisca enchaîne les allers-retours, sans réponse claire ni solution. Chaque visite au centre d’enrôlement est un rappel douloureux de l’argent perdu et du temps qui file, mettant en danger ses projets d’avenir.
Comme Prisca , de nombreux demandeurs sont laissés pour compte. Les paiements effectués auprès de l’ancienne entreprise semblent avoir disparu avec la transition, sans que le gouvernement n’explique comment ces fonds seront récupérés ou remboursés. « C’est comme si on nous punissait d’avoir suivi les règles », confie un autre demandeur, un père de famille qui a besoin d’un passeport pour son déplacement à l’étranger. Le coût de 50 000 CFA, déjà élevé dans un pays où l’économie est fragile, devient un fardeau encore plus lourd quand il faut payer une seconde fois. Certains rapportent même des demandes de frais supplémentaires pour « accélérer » les dossiers, une pratique qui ajoute à l’exaspération générale.
Le manque de préparation dans cette transition est clair. Le gouvernement n’a pas anticipé les problèmes liés au transfert des dossiers et des paiements, laissant des citoyens comme Prisca dans une situation désespérante. « Je ne sais plus quoi faire », confie-t-elle. « Mes plans pour étudier à l’étranger sont bloqués, et personne ne peut me dire quand ça va s’arranger. » Ses visites répétées au centre d’enrôlement, parfois sous un soleil brûlant de la capitale, n’ont abouti qu’à des réponses vagues : « Revenez plus tard », ou « On ne trouve pas votre dossier ». Pour Amina, chaque jour d’attente est une occasion manquée, un rêve qui s’éloigne un peu plus.
Cette crise ne date pas d’aujourd’hui. Dès août 2024, des rapports décrivaient un système de délivrance de passeports chaotique, avec des lenteurs et des accusations de corruption. La transition vers un nouvel opérateur devait apporter des améliorations, mais elle a au contraire aggravé les choses.
La situation de Prisca n’est pas un cas exceptionnel, mais elle met un visage humain sur un problème systémique. À 22 ans, elle devrait être en train de préparer son avenir, non pas de courir après un document qui semble hors de portée. « Je me sens abandonnée par le système », dit-elle, résumant le sentiment de milliers de Centrafricains confrontés à la même galère….
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