Crise dans le Haut-Mbomou : « c’est le gouvernement qui alimente l’insécurité », dénonce Michel Kombo-Yéki

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Crise dans le Haut-Mbomou : « c’est le gouvernement qui alimente l’insécurité », dénonce Michel Kombo-Yéki

 

Crise dans le Haut-Mbomou : « c’est le gouvernement qui alimente l’insécurité », dénonce Michel Kombo-Yéki
Les mercenaires russes du groupe Wagner avec leurs alliés Azandé dans le Haut-Mbomou

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Dans le Haut-Mbomou, l’insécurité persiste, alimentée par un gouvernement accusé de trahison et d’abandon. Michel Kombo-Yéki dénonce une crise qui sacrifie une région entière.

 

Le Haut-Mbomou, préfecture du sud-est de la République centrafricaine (RCA), est à nouveau plongé dans un cycle de violence et de désespoir. À Obo, Zémio, Mboki et Bambouti, les affrontements entre les éléments de forces armées centrafricaines (FACA), appuyées par leurs alliés russes du groupe Wagner, et les miliciens Azandé Ani Kpi Gbé font rage, laissant derrière eux des morts, des blessés et des centaines de déplacés. Pourtant, pour Michel Kombo-Yéki, ancien porte-parole du groupe Azandé, la véritable source de cette insécurité ne vient pas des milices locales, mais de l’État lui-même. « C’est le gouvernement qui alimente cette insécurité », accuse-t-il avec force lors de l’émission Patara sur la radio Ndékè Luka. Cette déclaration, appuyée par les critiques acerbes de Dieudonné Ngoumbango, président de la plateforme des partis centristes, dévoile une crise profonde : celle d’un gouvernement qui, par sa mauvaise gouvernance et sa dépendance à des forces étrangères incontrôlées, sacrifie une région entière et trahit ses propres citoyens.

 

Un abandon historique à l’origine de la crise

 

Le Haut-Mbomou n’est pas seulement une région en proie à la violence ; c’est une terre oubliée par Bangui. Comme le souligne Ngoumbango, « ça fait très longtemps que cette population souffre ». Confrontée aux exactions de la LRA de Joseph Kony, puis de l’UPC, elle a dû se débrouiller seule, sans routes, sans infrastructures, et sans présence étatique significative. « Ils ont plus d’échanges avec le Sud-Soudan et l’Ouganda qu’avec la République », note-t-il, révélant l’isolement géographique et politique de la région. Dans ce vide, les Azandé Ani Kpi Gbé ont pris les armes, non par rébellion, mais par nécessité. Avec des machettes et des armes artisanales, ils ont chassé l’UPC, libérant leur préfecture là où l’État était absent.

 

Le gouvernement, alors sous embargo, a reconnu ces efforts. « Les faits d’armes des milices azandés ont été reconnus », admet Marcel Dimassé, ministre résident du Haut-Mbomou, lors du débat. Mais cette reconnaissance s’est vite transformée en une promesse creuse. Sur les 5 000 membres du groupe, seuls 200 ont été formés et intégrés dans les FACA, laissant 4 800 autodéfenses sans encadrement ni perspectives. Cette marginalisation, fruit d’une gouvernance défaillante, a semé les graines de la défiance et de la violence actuelle.

 

La mainmise des Russes : une souveraineté bradée

 

Au cœur de la crise, un acteur domine : les forces russes, alliées du gouvernement, mais accusées d’agir en toute impunité. « Les Russes font ce qu’ils veulent », dénonce Kombo-Yéki, pointant leur rôle dans l’escalade des tensions. Des incidents graves, rapportés dans l’émission, confirment ces accusations : à Mboki, une vingtaine de maisons ont été incendiées ; à Zémio, un chef de village a été abattu après avoir tenté de fuir une interpellation ; des interventions violentes dans une église ont semé la terreur. Ces exactions, attribuées aux Russes et aux FACA sous leur commandement, ont poussé une grande partie de la population à se réfugier en RDC ou dans des lieux de culte.

 

Le ministre Dimassé, interrogé sur ces dérives, nie toute exaction à Obo ou Bambouti, affirmant que le gouvernement contrôle ses alliés. Mais cette dénégation sonne creux face aux témoignages accablants. « Le gouvernement n’a pas de contrôle sur les Russes », assène Ngoumbango, révélant une vérité troublante : l’État centrafricain a bradé sa souveraineté à des forces étrangères, qui opèrent sans rendre de comptes. Cette dépendance, loin de sécuriser la région, alimente la peur et la méfiance, transformant les opérations de ratissage en une menace pour les civils.

 

Une politique de désarmement provocatrice

 

Le point de rupture a été la tentative de désarmement des 200 miliciens Azandé intégrés dans les FACA, une décision perçue comme une trahison. Ces hommes, qui ont servi l’État à travers le pays, se sont vus ordonner de rendre leurs armes sans explications claires ni garanties. « Les gens qui ont été formés n’étaient pas sur le lieu de l’attaque », insiste Kombo-Yéki, dénonçant une confusion entretenue entre les miliciens formés et les autodéfenses non intégrées, responsables de l’attaque contre un convoi de la MINUSCA. Cette confusion, volontaire ou non, a conduit à une répression indiscriminée, exacerbant les tensions.

 

Ngoumbango qualifie cette démarche de « provocation » : « Désarmer un militaire, c’est l’exclure, le rendre civil ». Les miliciens, déjà marqués par l’arrestation de quatre de leurs leaders et la menace d’un mandat d’arrêt contre Kombo-Yéki, ont fui Zémio pour Obo, emportant leurs armes par crainte d’être abandonnés. « Si on m’arrête, qui va gérer le groupe ? » s’interroge Kombo-Yéki, révélant l’absurdité d’une politique qui criminalise ceux qu’elle a armés et formés. Ce désarmement, loin de restaurer l’ordre, a transformé des alliés en parias, alimentant un cycle de violence.

 

Un dialogue sacrifié au profit de la force

 

Face à cette crise, le gouvernement revendique un dialogue, mais ses actions racontent une autre histoire. Dimassé évoque des discussions avec Kombo-Yéki et une initiative pour désarmer une centaine de jeunes à Obo, mais ces efforts sont tardifs et entachés par les opérations militaires en cours. « Il fallait dialoguer en amont », martèle Ngoumbango, critiquant une stratégie qui privilégie la force au détriment de la négociation. À Zémio et Mboki, les ratissages se poursuivent, semant la peur et paralysant les activités. Obo, vidée de ses habitants selon Kombo-Yéki, vit dans l’attente d’un nouveau convoi russe, symbole d’une menace omniprésente.

 

Les Azandé, eux, sont prêts à dialoguer, mais à des conditions claires : l’arrêt des opérations russes, des garanties de sécurité, et une reconnaissance de leur contribution. « Nous avons travaillé pour l’État, nous avons reconquis une préfecture », rappelle Kombo-Yéki, qui refuse que son groupe soit « jeté dans la poubelle ». Sans un dialogue sincère, incluant les 4 800 autodéfenses laissées pour compte, la paix reste une chimère.

 

Un cri à la mobilisation citoyenne

 

La crise dans le Haut-Mbomou n’est pas seulement une question de sécurité ; c’est un révélateur de l’échec d’un gouvernement qui abandonne ses citoyens, délègue sa souveraineté à des forces étrangères, et réprime ceux qui ont défendu la République. « Quand un pouvoir tourne son canon contre une partie de la population, c’est un échec », conclut Ngoumbango. Cet échec a un coût humain : des villages désertés, des familles déplacées, des vies brisées….

 

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