CENTRAFRIQUE : sur la route de l’enfer entre GALO et ABA. QUAND LES SOLDATS FACA DEVIENNENT des grands bandits

Entre extorsion et violence, les soldats FACA, les gendarmes, les policiers transforment ce trajet de 70 km entre Gallo et Abba en parcours du combattant pour les usagers.
Rédigé le 13 août 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Sur cette route maudite qui serpente entre Gallo et Abba, la République centrafricaine montre clairement son visage le plus hideux. Ici, à 60 kilomètres de Bouar, l’uniforme militaire n’est plus un symbole de protection mais un étendard de terreur. Les éléments de Forces armées centrafricaines (FACA) ont abandonné leur serment pour endosser le costume des rebelles, transformant chaque kilomètre en un tribunal de racket sauvage où la cruauté règne en maître absolu.
Pendant que le gouvernement centrafricain se félicite d’avoir supprimé les barrages sur l’axe principal Bangui-Béloko, les routes de l’intérieur racontent une histoire différente. À Gallo par exemple, située à 60 kilomètres de Bouar, quitter la route goudronnée pour s’enfoncer vers Aba devient un calvaire financier pour tous les usagers.
Les usagers de cet axe de la mort doivent franchir quatre points de contrôle entre Gallo et Aba : à Gallo, puis à Zarami, Fo et Diba. À chaque arrêt, les FACA exigent de l’argent, accompagnés de gendarmes, policiers, agents phytosanitaires et représentants de la mairie. Cette coalition impose des “droits de passage dit formalité “ qui n’existent dans aucun texte officiel.
Ici, la barbarie ne connaît ni âge ni pitié. Les tarifs de formalité varient selon les documents en possession des usagers. Ceux qui n’ont pas de carte d’identité nationale paient plus cher. Les adolescents de 13 ou 14 ans ne bénéficient d’aucune exemption. Même les bébés accompagnant leurs parents sont comptabilisés dans le “péage”. Une aberration qui montre l’étendue de la prédation.
Des pierres, des troncs d’arbres et des dos d’âne posés sur la route, bloquent physiquement le passage. Impossible de contourner ou de fuir. Les conducteurs de moto, principal moyen de transport dans la région, doivent s’acquitter de taxes pour leur moto en plus des sommes réclamées pour les passagers.
Face à l’urgence de la mort, face aux pleurs d’un mourant qui agonise, ces voleurs en uniforme restent de marbre. Aucune détresse humaine ne peut émouvoir leurs cœurs de pierre. L’argent prime sur la vie, le profit sur la compassion. Un père transportant son enfant mourant vers l’hôpital ? Qu’il paie d’abord la formalité de passage. Une mère en couches en détresse ? Ses gémissements ne vaudront jamais les billets froissés qu’elle devra sortir de son pagne.
Ainsi, dans ce contexte, refuser de payer expose l’usager à des conséquences immédiates : confiscation de la moto ou du vélo, coups, détention. Les agents ne font aucune exception, même en cas d’urgence médicale ou de deuil.
Cette indifférence montre clairement la transformation de ces hommes en uniforme. Ils ne voient plus dans les voyageurs des concitoyens à protéger mais des sources de revenus à exploiter.
Ainsi, les sommes collectées par ces barbares se chiffrent en millions de francs CFA chaque mois. Cet argent remonte la hiérarchie selon un schéma bien connu: les hommes sur le terrain reversent une partie à leurs chefs d’unité, qui transmettent à leur tour aux échelons supérieurs. Une partie des fonds atteint même l’état-major.
Justement, l’état-major, censé incarner l’honneur militaire, se révèle être le cerveau de cette pieuvre tentaculaire. Dans leurs bureaux de Bangui, ils comptent les profits de la terreur, transformant la souffrance populaire en dividendes personnels.
À Gallo, comme à Zawa, Gaga ou Village Carrefour, les habitants ont trouvé les mots justes : “grands bandits”. Cette appellation populaire démasque la réalité crue d’un État qui a abdiqué sa responsabilité première. Quitter l’asphalte de l’axe principal équivaut à franchir les portes de l’enfer, à abandonner toute prétention aux droits humains les plus élémentaires.
Cette géographie de l’horreur ne se limite pas à Gallo-Aba. L’axe Bangui-Damara-Sibut-Bambari-Kaga-Bandoro-Bria – Birao déroule le même scénario d’épouvante, aggravé par la présence des hommes armés qui ajoutent leurs propres couches de violence à cette symphonie de la terreur.
Pendant que le gouvernement centrafricain se glorifie de ses prétendus succès sécuritaires, la réalité du terrain hurle sa vérité : la pacification n’est qu’un déplacement de la violence d’État vers les zones oubliées des médias internationaux. Les FACA ont simplement redistribué leur barbarie, concentrant leur sadisme sur les populations les plus vulnérables.
Cette stratégie montre la perversité d’un système qui préfère masquer ses crimes plutôt que les éradiquer. Les routes secondaires deviennent les laboratoires secrets où s’expérimente l’oppression la plus pure, loin des regards indiscrets de la communauté internationale.
L’axe Gallo-Aba n’est pas une anomalie mais le miroir fidèle d’un État qui s’est mué en prédateur de son propre peuple. Ces 70 kilomètres de terreur crystallisent l’échec moral d’institutions militaires qui ont trahi leur serment le plus sacré.
Sans un démantèlement radical de ces fiefs de la corruption, sans une purge impitoyable de ces criminels en uniforme, sans une refondation complète du système sécuritaire centrafricain, Galo-Aba restera ce qu’elle est devenue : un monument à la cruauté d’État, un mausolée de la dignité humaine assassinée par ceux-là mêmes qui jurèrent jadis de la protéger.
La route continue de s’étendre, indifférente, sous le soleil centrafricain. Mais sur son bitume brûlant, ce ne sont plus des kilomètres qui se comptent : ce sont des larmes, du sang et de la honte. La honte d’un pays qui a perdu son âme sur les barrages de ses propres soldats.
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