Quand l’éducation devient victime d’un État Fantôme dans la Vakaga

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Quand l’absence de l’État condamne toute une génération d’enfants à l’ignorance dans la préfecture de la Vakaga.
Dans la préfecture de la Vakaga, aux confins septentrionaux de la République centrafricaine, l’école n’est plus qu’un souvenir. Entre insécurité chronique, infrastructures délabrées et défaillance étatique, des milliers d’enfants voient leur avenir s’écrouler sous l’indifférence des autorités de Bangui.
Une région livrée à elle-même
La Vakaga, cette vaste étendue frontalière du Tchad et du Soudan, explique parfaitement le délitement du système éducatif centrafricain. Ici, l’État centrafricain semble avoir définitivement tourné le dos à ses citoyens dans cette région frontalière. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 59 écoles pour seulement huit enseignants titulaires. Une équation impossible qui montre l’ampleur du désastre éducatif dans ce pays.
Les populations locales, abandonnées par Bangui, tentent tant bien que mal de maintenir un semblant d’éducation à travers le système des “maîtres-parents”. Ces volontaires, souvent dépourvus de formation pédagogique, suppléent tant bien que mal aux carences de l’État. Mais comment assurer un enseignement de qualité dans de telles conditions ?
L’insécurité, fléau permanent
L’instabilité sécuritaire constitue le principal obstacle à l’épanouissement éducatif dans la région. Les groupes armés et autres éléments incontrôlés sèment régulièrement la terreur, contraignant écoles et familles à la fuite. Les enseignants qualifiés rechignent à s’installer dans une zone où leur sécurité n’est pas garantie.
Cette situation perdure malgré les investissements colossaux consentis par l’État dans des partenariats sécuritaires controversés. Près de 300 milliards de francs CFA seraient annuellement mobilisés pour ces collaborations, notamment avec des entités comme Wagner. Pourtant, sur le terrain, les populations de la Vakaga ne bénéficient d’aucune protection effective.
Des infrastructures en ruine
Les rares établissements scolaires encore debout offrent un spectacle désolant. Toitures effondrées, absence de sanitaires, manque criant de matériel pédagogique : les conditions d’apprentissage sont indignes d’un pays qui aspire au développement. Cette dégradation infrastructurelle décourage les familles et pousse les enfants vers d’autres activités, souvent dangereuses.
La question linguistique, un faux débat
Certains responsables invoquent la diversité linguistique de la région pour justifier l’échec scolaire. Les enfants de Birao, Terfel ou Matala parlent effectivement arabe, Sara, Kara, Youlou ou Goula avant d’apprendre le français et le Sangö. Cette réalité multilinguistique, loin d’être un handicap, constitue pourtant une richesse que beaucoup de pays envient.
Transformer cette diversité en obstacle insurmontable relève de la facilité. Partout dans le monde, les systèmes éducatifs s’adaptent à la pluralité linguistique de leurs populations. Il appartient aux enseignants de développer des méthodes pédagogiques appropriées, non aux élèves de servir d’interprètes dans leurs propres classes.
Les filles, premières victimes
Dans ce contexte délétère, les jeunes filles paient le prix le plus lourd. Premières à être retirées de l’école en cas de difficultés, elles se retrouvent souvent mariées précocement ou contraintes aux travaux domestiques. Cette situation perpétue le cycle de la pauvreté et de l’inégalité dans une région déjà marginalisée.
L’effondrement de l’éducation dans la Vakaga n’est pas le fruit du hasard. Il résulte d’un abandon délibéré d’une région considérée comme périphérique par les autorités centrafricaines. Pendant que des milliards sont engloutis dans des dépenses somptuaires ou des partenariats douteux avec les russes du groupe Wagner, des générations entières d’enfants centrafricains grandissent dans l’ignorance.
Cette situation interpelle sur les priorités réelles du gouvernement centrafricain et questionne l’engagement des partenaires internationaux qui continuent de soutenir un système qui laisse ses citoyens les plus vulnérables sur le bord de la route….
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