pourquoi les miliciens Azandé se sont-ils retournés contre leurs alliés russes, soldats FACA et casques bleus ?

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Depuis septembre 2024, environ 200 miliciens Azandé, formés par les mercenaires russes et, selon le gouvernement, intégrés aux Forces armées centrafricaines, se sont rebellés contre leurs alliés russes, provoquant des violences dans le Haut-Mbomou.
Formation et déploiement des miliciens Azandé
En Mars 2024, près de 200 miliciens de la communauté Azandé, issus de groupes d’autodéfense du Haut-Mbomou, ont été entraînés par les mercenaires russes du groupe Wagner. Le gouvernement centrafricain a annoncé leur intégration aux Forces armées centrafricaines (FACA) pour combattre les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), notamment ceux de l’UPC d’Ali Darassa. Les mercenaires russes, qui les ont surnommés « Wagner ti Azandé », leur ont fourni des uniformes, des armes et un écusson orné d’une tête de mort et de la lettre « W ».
Après leur formation, ces miliciens ont été envoyés dans plusieurs villes du Haut-Mbomou, comme Mboki, Zemio, Rafaï, Dima et Bambouti. D’autres ont été déployés dans le nord-ouest, à Bossangoa, Bozoum et dans la Nana-Mambéré, pour appuyer les mercenaires russes et les FACA dans des opérations contre les rebelles, notamment les factions 3R et UPC. Ces missions ont permis de reprendre certaines zones, mais des problèmes sont rapidement apparus.
Premiers incidents et montée des tensions
La collaboration entre les miliciens Azandé, les mercenaires russes et les FACA a commencé à s’effriter à cause de plusieurs incidents. À Bozoum, dans l’Ouham-Pendé, un ex-milicien Azandé a été tué par des mercenaires russes près de Ouham-Bac dans des circonstances peu claires. Cet événement a provoqué la colère des autres ex-miliciens Azandé intégrés aux FACA, qui y ont vu une trahison. Plusieurs d’entre eux ont quitté Bozoum pour se replier à Bossangoa, où les tensions se sont amplifiées.
Peu après, à Bangui, dix ex-miliciens Azandé ont été arrêtés par les mercenaires russes, accusés de désobéissance. Ils ont été conduits à la Section de recherche et d’investigation (SRI) de la gendarmerie. Dans la nuit, deux des dix détenus ont été enlevés par les mercenaires et conduits vers un lieu inconnu, ce qui a alimenté la méfiance. Ces enlèvements ont intensifié la colère des miliciens Azandé, y compris ceux restés dans les milices communautaires non intégrées.
Arrestations et frustrations autour des ressources minières
La situation s’est aggravée avec l’arrestation d’un leader de la milice Azandé, le général Limane, figure centrale de la communauté Azandé. Arrêté dans le Haut-Mbomou, il a été transféré à Bangui, un acte perçu comme une tentative de répression. D’autres jeunes Azandé ont également été arrêtés, renforçant le sentiment d’injustice. Parallèlement, les mercenaires russes, appuyés par les ex-miliciens Azandé, ont mené régulièrement des opérations sur des sites miniers à Zemio, Rafaï et Djema. Cependant, ces derniers, malgré leur participation aux opérations à tout moment, n’ont reçu aucune part des butins emportés sur les chantiers miniers, contrairement à ce qu’ils attendaient. Cette situation a alimenté leur frustration et leur sentiment d’être utilisés.
Par contre, la population Azandé, notamment à Mboki, Obo, Rafaï, Djema, Bambouti et Zemio, a soutenu les miliciens, qu’ils soient intégrés ou non. Les arrestations arbitraires, les enlèvements et l’absence de partage des butins illégalement récupérés sur des chantiers miniers d’or et diamants ont provoqué la colère croissante contre les mercenaires russes et les FACA. En conséquence, de nombreux ex-miliciens intégrés aux FACA ont déserté depuis mi-avril 2025 leurs postes à Zemio, Rafaï et Djema et Bambouti pour se regrouper à Obo. Au même moment, les autres 5 000 miliciens Azandé non intégrés, restés dans la milice, se sont positionnés tout au tour de Mboki, Zemio, Bambouti et Djema, y compris Rafaï.
Déclenchement des hostilités à Koumboli et Zemio
Le 30 avril 2025, la situation a dégénéré à Koumboli, à trois kilomètres de Zemio. Les mercenaires russes et les FACA ont tenté de désarmer des miliciens Azandé soupçonnés de préparer une attaque contre les positions de l’armée nationale. Vers 8 heures, ils ont capturé six miliciens à Koumboli et confisqué leurs armes, prévoyant de les transférer à Bangui. Les miliciens ont refusé, exigeant de rester à Zemio, car, selon eux, quand ils seront envoyés à Bangui, ils seront mis en prison comme les autres. Finalement, les forces gouvernementales ont libéré les six captifs mais gardé leurs armes, avant de retourner à Zemio. Toutefois, une partie des soldats FACA a été positionnés à l’école de Koumboli pour sécuriser la zone.
Mais la surprise est de taille pour les soldats FACA. Le même jour, vers 20h30, les miliciens Azandé, furieux du désarmement de leur camarades, ont lancé une attaque surprise contre la position des FACA à l’école de Koumboli. Débordés, les soldats FACA ont abandonné leurs armes et leurs motos, récupérées par les assaillants. Deux soldats ont été blessés. Cet affrontement a signé le début d’une escalade violente.
Le lendemain, 1er mai 2025, les mercenaires russes et les FACA ont organisé une contre-offensive à Koumboli pour désarmer tous les miliciens. Mais les Azandé, bien préparés, ont repoussé l’assaut qui tourne au fiasco. Six soldats FACA, dont un gendarme, ont été tués, et un mercenaire russe, Michael, a été gravement blessé au ventre et au cou. Un autre mercenaire a disparu. Les miliciens ont saisi des armes abandonnées, et le corps d’un soldat FACA est resté à Koumboli, les forces gouvernementales n’ayant pas pu le récupérer.
Le 2 mai, dans la matinée, les combats se sont déplacés à Zemio, où les miliciens Azandé ont attaqué la base des FACA vers 5 heures. Les affrontements, intenses, ont repris par intermittence entre 5h et 11h. Les mercenaires russes, débordés par l’assaut des miliciens Azandé, ont appelé des hélicoptères au renfort, et des casques bleus népalais de la MINUSCA ont appuyé les FACA avec des blindés. Malgré ces renforts, les miliciens Azandé ont maintenu la pression sur les forces gouvernementales. Dans l’après-midi, les combats se sont repris toujours autour de la base des soldats FACA avec une intensité rare. Mais le lendemain, c’est-à-dire samedi, dans la matinée, vers 5 heures, les affrontements ont repris dans le quartier AIM de Zemio. Les casques bleus et les soldats FACA y compris les mercenaires russes ont tenté en vain de déloger les miliciens Azandé du quartier. Vers 7 heures, l’affrontement est terminé.
Situation actuelle à Zemio
Aujourd’hui, Zemio est divisée en deux. Une partie est contrôlée par les mercenaires russes, les FACA, les casques bleus népalais, les gendarmes et les policiers. L’autre, incluant Koumboli, quartier AIM, Kondo et autres, est tenue par les miliciens Azandé, qui défient les forces gouvernementales. Aucun camp ne contrôle totalement la ville, et la situation reste tendue. Les miliciens, soutenus par la population locale, semblent déterminés à poursuivre leur lutte, tandis que les mercenaires russes et les FACA préparent de nouvelles opérations….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE….
WhatsApp deux cent trente-six, soixante-quinze, soixante-douze, dix-huit, vingt et un .