POURQUOI LE POUVOIR DE BANGUI REDOUTE T-IL LA MEDIATION INTERNATIONALE DANS LE DIALOGUE POLITIQUE ENVISAGÉ ?

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Au lendemain du retour à l’ordre constitutionnel, les priorités d’une nation en reconstruction c’est à dire après-guerre fratricide se résument à la réconciliation nationale, la cohésion sociale, la restauration de la paix, la refondation de l’armée, de la police, de la justice et enfin la relance économique.
C’est dans cette logique linéaire que les forces vives de la nation réunies dans l’union sacrée ont troqué leurs egos en accompagnant le nouveau président de la République en 2016 à la conférence des donateurs de Bruxelles pour mobiliser des ressources nécessaires en vue de financer un plan quinquennal de redressement estimé à plus de trois milles milliards de dollars.
Le dialogue entre centrafricains et la confiance mutuelle qui devraient être le leitmotiv du pouvoir de Bangui c’est-à-dire permanents se sont graduellement effrités, desagrégés laissant majestueusement la place à la méfiance et par voie de conséquence au débarquement en cascade au sein de l’union sacrée.
Souvenez-vous qu’en 2016, le président de la République avait organisé au palais de la renaissance une rencontre avec les forces vives de la nation à l’exclusion ostentatoire en guise de représailles de la société civile qui avait organisé une ville morte quelques jours auparavant.
La suite logique de cette politique d’exclusion devenue épidémique s’est confirmée par l’accord de Khartoum avec des groupes armées cooptés pour aboutir au dialogue politique dit “républicain” avec des opposants fictifs mécaniquement fabriqués alors qu’un dialogue politique réellement inclusif était réclamé depuis longtemps par l’opposition démocratique.
Les tensions électrostatiques se sont accentuées par l’adoption par voie référendaire d’une nouvelle constitution et les velléités devenues certaines d’un troisième mandat.
De revirement en revirement, le pouvoir de Bangui a donné son accord de principe pour l’organisation d’un dialogue politique avec l’opposition démocratique qui réclame une médiation internationale en gage de confiance et d’assurance.
La médiation internationale semble constituer une fin de non recevoir de la part du pouvoir de Bangui.
Par définition, la médiation internationale dans un conflit est le parrainage d’une haute personnalité politique ou de gros calibre à l’instar d’un chef d’état étranger ou sous la houlette d’une organisation internationale comme l’ONU, l’Union Africaine etc…
À ce stade, il apparaît judicieux d’esquisser les raisons de crainte du pouvoir de Bangui à l’égard de la médiation internationale.
D’abord le pouvoir de Bangui ne souhaite pas que le dialogue politique soit une vitrine pour l’opposition démocratique et préfère avoir la main mise sur le dialogue c’est-à-dire la définition du calendrier, le choix des participants au dialogue, les thèmes de référence à aborder et le choix du lieu.
Ensuite il redoute que la médiation internationale privilégie ses agendas cachés ou ses préférences politiques c’est-à-dire un favoritisme au détriment du pouvoir.
Enfin, le pouvoir de Bangui craint la perte de sa souveraineté, la perte de la main mise, d’independance nationale qui se traduit par le soupçon d’ingérence insipide et insidieuse de la communauté internationale dans les affaires intérieures de l’État c’est-à-dire que les résolutions du dialogue politique seront imposés par l’extérieur.
Par ailleurs, la médiation internationale qui en plus de la pression diplomatique, économique et sécuritaire a vocation à faire la promotion des normes démocratiques à standards internationaux c’est-à-dire qu’elle est capable de faire obstacle à toute violation de constitution, toute entrave à l’alternance démocratique et toute confiscation tous azimuts de pouvoirs.
Elle a aussi la possibilité de prononcer des sanctions économiques et financières voire l’isolement diplomatique en cas d’un passage en force nonobstant les avertissements internationaux.
Fort de ce constat, le citoyen lambda confus s’interroge :
– Pourquoi le pouvoir de Bangui redoute t-il la médiation internationale dans le dialogue politique envisagé ?
– En d’autres termes, la médiation internationale constitue t-elle un obstacle à la réussite et la crédibilité du dialogue politique ?
– La médiation internationale ne permet-elle pas d’extirper le mal centrafricain en mettant tous les participants en confiance ?
En tout etat de cause, la mediation internationale n’a que des atouts et des vertus car elle attire l’attention de la communauté internationale sur le processus envisagé, ce qui est un gage de transparence, de crédibilité et de sérénité.
Refuser la médiation internationale suppose que le pouvoir de Bangui a des agendas cachés qu’il veut imposer…
Nous rappelons in fine qu’il faut se méfier d’un peuple apeuré qui ne parle pas…car un problème ne peut résoudre un autre problème et qu’un problème peut aussi en cacher un autre.
L’expérience de l’Afrique sub-saharienne montre que le troisième mandat tue plus qu’un coup d’état militaire.
En déduction de ce qui précède, demandez à un citoyen lambda de faire le choix entre un troisième mandat et un coup d’état militaire…son choix sera simple et sans réflexion.
On ne répétera jamais assez ce credo devenu liturgique…
Les chants des sirènes ne vous placeront jamais au dessus de la République.
Renoncer en échange d’une stabilité politique au projet mortifere de troisième mandat Monsieur le président et choisissez un dauphin avant qu’il ne soit trop tard et cela avec honneur au lieu d’abdiquer honteusement sous la pression populaire.
Au delà de tout, nous tenons à signaler qu’on ne récolte que ce qu’on a semé et qu’au final, les mêmes causes produisent toujours et toujours les mêmes effets…
Malheur à ceux où celles qui s’attendent paradoxalement à un résultat différent. Les fables du célèbre fabuliste français Jean de La Fontaine teintées d’allegories éducatives auront prévenu les autistes avant que le monde ne s’effondre tel que défini par le célèbre romancier nigerian Chinua Achébé.
Mais attention, ne le dites à personne…
Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi depuis Limassa.
Limassa le 03 mai 2025
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Environnementaliste…
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