Centrafrique : Marie-Reine Hassen alerte sur un pays à la veille d’un nouveau désastre

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Centrafrique : Marie-Reine Hassen alerte sur un pays à la veille d’un nouveau désastre

 

Centrafrique : Marie-Reine Hassen alerte sur un pays à la veille d’un nouveau désastre

 

Dans un message adressé aux Centrafricains, Marie-Reine Hassen dénonce la crise politique, sécuritaire et institutionnelle qui menace la survie du pays.

 

Rédigé le 14 août 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

L’ancienne ministre des Affaires étrangères, Marie-Reine Hassen, prévient que la République centrafricaine se trouve au bord d’une nouvelle catastrophe politique et sécuritaire, aggravée par l’état de santé critique du président Touadéra et le blocage du processus électoral. En citant son texte ici :

 

 

MESSAGE À LA NATION CENTRAFRICAINE

 

LE CENTRAFRIQUE À LA VEILLE D’UN NOUVEAU DÉSASTRE

 

13 août 2025

 

L’état de santé du président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra, déjà critique à la fin du mois de juin 2025, est désormais extrêmement dégradé. À cela s’ajoute l’impossibilité, pour l’Autorité nationale des élections (ANE), de respecter le calendrier électoral de 2025, en raison de dysfonctionnements internes persistants.

Face à la dégradation accélérée de la santé de M. Touadéra, et au risque pour la

République centrafricaine de se retrouver dans une situation de vide constitutionnel, ainsi qu’au danger imminent d’une crise de succession violente, il est impératif que le

Centrafrique mette en place une transition démocratique crédible, inclusive et pacifique.

En 2013 et 2014, à travers les médias publics centrafricains et occidentaux, j’avais

souligné que si rien n’était sérieusement entrepris pour mettre fin à l’engrenage des crises politique, sécuritaire et humanitaire, le pays continuerait à s’enfoncer dans l’anarchie, conduisant ainsi tout un peuple à son extermination et à sa disparition.

Aujourd’hui, nous devons admettre que ni les nombreux sommets, ni les multiples dialogues, ni les diverses réunions, ni les innombrables appels et suppliques n’ont ramené la paix dans le pays et la sécurité au sein des populations de la RCA. Dans mes nombreuses analyses diffusées auprès des médias audiovisuels ou écrits, j’ai

constamment insisté sur l’urgence de s’attaquer rapidement aux racines de l’instabilité. J’avais suggéré une série d’étapes qui nous mèneraient à de véritables élections libres et transparentes.

J’avais appelé tous les acteurs politiques centrafricains à s’impliquer dans cet effort pour restaurer la sécurité, l’État de droit et surtout pour traiter les causes profondes de l’instabilité chronique, afin d’apporter une solution pérenne. J’avais insisté sur le fait que les principaux responsables ayant cautionné la destruction du pays, et ne bénéficiant pas de la confiance du peuple, devraient être disqualifiés pour occuper des positions de responsabilité dans les hautes sphères de l’État. Tout le contraire s’est produit, favorisant leur institutionnalisation et leur promotion.

Aujourd’hui, les gangsters armés, les illettrés, ignorants et voyous de tous bords se mêlent aux criminels pour faire leur loi en toute impunité. Les pratiques assassines sur les populations affaiblies se poursuivent : la prédation, le népotisme, la patrimonialisation du pouvoir, l’appartenance ethnique, et le clientélisme. Le Centrafrique est devenu un territoire de non-droit.

Les Centrafricains répètent les mêmes erreurs fatales. ils n’ont jamais débattu publiquement clairement et ouvertement des maux qui rongent la RCA et de leur résolution. (les nombreux dialogues étaient trop superficiels). Ils n’ont donc jamais réussi les différentes transitions ni jeté les fondations solides de la reconstruction. À chaque changement de pouvoir, ils ont applaudi sans questionner, jusqu’à acclamer la Séléka. Non seulement ils se sont réjouis à l’arrivée de cette coalition de groupes armés, mais ils ont jubilé en voyant débarquer les mercenaires sanguinaires de Wagner, devenant les victimes de ceux-là mêmes qu’ils ovationnaient.

Faustin-Archange Touadéra, malgré les mises en garde d’un petit nombre dont je fais partie, a également été acclamé à son arrivée. Le pays a ouvert grand la porte à son pire cauchemar, à Satan en personne, le chef d’État le plus horrible que ce pays ait jamais eu. Un véritable carnage se poursuit, sous le regard indifférent et parfois complice de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA). Résultat de décennies d’irresponsabilité, la RCA continue de sombrer dans l’anarchie totale. Le repli clanique a effacé tout esprit républicain. Les bourreaux se sont multipliés, lancés par les tenants du pouvoir contre le peuple en grande souffrance. Depuis 2018, la spirale des violences s’intensifie avec le déploiement des mercenaires du groupe Wagner et l’arrivée des forces spéciales rwandaises, qui elles aussi participent au pillage et à l’accaparement des terres arables.

Le parti-État MCU a récemment désigné Touadéra candidat à la prochaine élection présidentielle. Chose qu’il a acceptée, violant ainsi la Constitution du 30 mars 2016 qu’il avait juré solennellement à deux reprises de respecter, et se rendant passible de haute trahison.

L’expert indépendant des Nations Unies en Centrafrique, Yao Agbetse a exprimé des doutes sur la capacité de l’Autorité nationale des élections (ANE) à organiser les prochaines élections dans les délais, évoquant de sérieux obstacles opérationnels. Il a attiré l’attention sur des dysfonctionnements internes persistants qui ont entravé son efficacité. M. Agbetse a insisté sur une refonte institutionnelle urgente de l’ANE et de ses antennes locales afin de renforcer les capacités techniques, organisationnelles et stratégiques et d’assurer une gouvernance interne transparente, avant les élections de 2025. Il a également appelé à un calendrier électoral réaliste et convenu.

  1. Anicet-Georges Dologuélé, ancien Premier ministre et chef de file de l’opposition, a précisé que ce n’est pas l’ANE qui a organisé le référendum du 30 juillet 2023, ce qui rend la Constitution du 23 août 2023 illégale. Nous pouvons donc considérer que cette nouvelle Constitution de 2023 n’existe pas.

Une situation chaotique a été créée dans le pays Azandé-Nzakara. Dans tout le Sud-Est du pays, le Mbomou et le Haut-Mbomou, il y a une résistance locale. Dans certaines zones, des groupes d’auto-défense régionales se sont organisés contre les mercenaires étrangers, en particulier Wagner appuyé par le régime en place pour esclavagiser les populations. Actuellement des combats sont en train de se produire avec la milice armée

Azandé Ani Kpi Gbe. Dans l’Ouest, les mêmes mercenaires sont en train de mener des attaques contre le Général Marcel Ndalé de la CPC. Dans le Centre, notamment dans l’Ouham et l’Ouham-Pendé, dans la nuit du jeudi 7 août à 3 h du matin deux hélicoptères ont surgi au-dessus du camp du Général Florent Kema, Celui-ci et ses éléments ont réussi à s’enfuir in extrémis.

Des combats s’organisent et sont lancés contre les groupes armés centrafricains, CPC, FPRC, R.j., Anti-Balaka…tandis que les rebellions étrangères sont accueillies à bras ouverts, ont droit aux honneurs, au tapis rouge et aux avantages financiers.

Encore une fois, le processus électoral est irréaliste et nous place de nouveau face à un cocktail explosif qui risque d’embraser le pays, alors que le Centrafrique n’a pas encore réussi à éteindre l’incendie qui brûle depuis longtemps.

Il n’y a plus d’État à administrer. Les Centrafricains sont devenus des esclaves sur leur

propre terre. Le Centrafrique est de nouveau à la veille d’un désastre. Nous devons empêcher cela à tout prix pour sauver ce qu’il reste de la terre de nos ancêtres.

Pour cela, une mobilisation nationale est impérative. Mon parti, Renaissance Centrafrique, ainsi que d’autres entités, appelons tous les Centrafricains à s’unir autour d’un manifeste commun, préalable à un dialogue politique inclusif, différent des dialogues de façade du passé. Cette concertation nationale devra s’organiser autrement si nous voulons sortir enfin de l’impasse où nous nous sommes enfermés nous-mêmes depuis trois décennies.

Il est temps d’attaquer frontalement les causes structurelles de notre ruine. Cessons d’agir comme un peuple sans cap, plaintif mais sans décisions. « Un peuple de moutons finit par engendrer un gouvernement de loups », dixit Agatha Christie. Ce dont la RCA a besoin, ce n’est pas d’un simple changement de dirigeants, mais d’un changement de système. Les gouvernants doivent enfin comprendre qu’ils sont là pour servir le peuple, non pour le

trahir.

La paix ne reviendra que si nous créons les conditions politiques, professionnelles et économiques de son retour. Elle restera illusoire tant que nous n’aurons pas engagé des réformes structurelles profondes et cohérentes. Gérer un ministère, c’est manager des équipes et des compétences. Il faut exiger l’intégrité et l’expertise à tous les niveaux. Les critères de compétence doivent être clairs, rigoureux et appliqués sans exception dans l’ensemble de l’administration publique.

Si le Centrafrique avait adopté dès 2013 les solutions que nous proposions – fondées sur
la réconciliation, la justice et la paix —, il serait sorti de l’enfer depuis longtemps. Nous
aurions évité les massacres, les villages incendiés, les exactions, les atrocités, les

disparitions forcées …

Il n’est pas encore trop tard pour sauver ce qui peut l’être, et empêcher la disparition de
notre patrie.

Marie-Reine Hassen

Alumni de l’ILERI – École des relations internationales et des sciences politiques – Paris.

Présidente du Parti Renaissance Centrafrique, Bangui.

Ancien Ambassadeur de Centrafrique auprès de la République du Sénégal.

Ancien ministre aux Affaires étrangères en Centrafrique.

Ancienne épouse légale de Jean-Bedel Bokassa.

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