Le ministre des Mines met en garde les FACA, mais les entreprises minières doivent aussi agir pour les populations

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Le ministre des Mines, Ruffin Benam-Beltoungou, critique les abus des soldats FACA sur les sites miniers, mais oublie de pointer aussi l’inaction des entreprises face aux attentes des populations.
Le ministre centrafricain des Mines, Ruffin Benam-Beltoungou, a effectué une visite dans les sous-préfectures de Bakala et Mbrés, où de nouvelles sociétés minières opèrent. Lors de cette tournée, il a adressé un avertissement clair aux éléments de forces armées centrafricaines (FACA) déployées sur les sites miniers, dénonçant les agissements de certains soldats qui nuisent aux communautés locales. Si ces abus sont un problème réel, ils ne doivent pas occulter la responsabilité des entreprises minières, qui ne respectent pas leurs engagements envers les populations, comme le prévoient les cahiers des charges du secteur minier.
Une mise en garde aux FACA dans un contexte tendu à Yaloké
Le ministre a rappelé que la majorité des militaires et agents de sécurité travaillent dans des conditions difficiles, mais que certains éléments adoptent des comportements inacceptables. Ces abus, souvent des violences ou des pratiques d’extorsion, ont été révélés par un scandale à Yaloké, à environ 250 km de Bangui. Des soldats FACA ont brutalisé des femmes et des enfants qui ramassaient des graviers laissés par les entreprises minières pour survivre. Les soldats ont revendiqué ces graviers comme une source de revenus, en l’absence de primes alimentaires régulières. Cette situation a provoqué une vive tension, amplifiée par des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, entraînant des débats nationaux et l’intervention de l’état-major ainsi que des organisations de défense des droits humains.
Ruffin Benam-Beltoungou a exigé des responsables hiérarchiques un renforcement de la discipline et la sanction des fautifs par les conseils de discipline. Cette fermeté est essentielle, mais elle ne résout qu’une partie du problème. Les retombées économiques et sociales pour les populations locales dépendent principalement des engagements des entreprises minières, et non uniquement du comportement des FACA.
Les entreprises minières : des obligations non respectées
Le maire de Bakala, Martin Kadangu, a déploré que sa commune, riche en or, diamants et autres minerais, ne profite pas des bénéfices attendus des activités minières. Pourtant, le Code minier centrafricain impose aux entreprises de respecter des cahiers des charges prévoyant des investissements sociaux : construction de routes, d’écoles, de centres de santé, ou encore attribution de bourses d’études. Ces mesures visent à garantir des bénéfices concrets pour les communautés locales, au-delà de l’extraction des ressources.
Depuis une décennie, la plupart des entreprises minières, souvent chinoises ou russes, se limitent à extraire les minerais sans investir dans le développement local. Les populations, délaissées, doivent fouiller les graviers abandonnés pour survivre, une pratique que les soldats FACA cherchent à contrôler pour leur propre profit. Cette situation est inacceptable : ramasser des graviers ne constitue pas un bénéfice économique. Les véritables retombées incluent des infrastructures durables, des formations professionnelles, des transferts de technologies et une gestion responsable des impacts environnementaux, notamment la pollution des eaux due aux produits chimiques utilisés pour extraire l’or et les diamants.
Actions concrètes
Le ministre a insisté sur le respect des lois, notamment le Code minier, le Code du travail et les réglementations environnementales. Ces textes obligent les entreprises à protéger l’environnement et à compenser les communautés affectées. La pollution des rivières doit être contrôlée, et des projets concrets, comme la construction de centres de santé équipés ou d’écoles modernes, doivent voir le jour. Ces investissements permettraient aux populations de bénéficier des richesses de leur territoire et de réduire les tensions sociales.
Le gouvernement centrafricain, qui ambitionne de faire du secteur minier un pilier de l’économie nationale, doit exiger des entreprises une collaboration transparente et équitable. Les communautés locales doivent être associées aux projets et profiter directement des ressources extraites. Sans ces efforts, les abus des FACA, bien que répréhensibles, ne sont qu’un symptôme d’un problème plus vaste : l’absence de bénéfices significatifs pour les populations.
Ceci dit, l’avertissement de Ruffin Benam-Beltoungou aux FACA adresse les abus de pouvoir, mais il ne suffit pas à résoudre la crise du secteur minier. Les entreprises minières doivent honorer leurs obligations en finançant des infrastructures et en protégeant l’environnement. Les FACA, de leur côté, doivent garantir la sécurité des populations sans entraver leurs moyens de subsistance. Seule une action conjointe sur ces deux fronts permettra à la Centrafrique de transformer son secteur minier en un moteur de développement équitable pour tous ses citoyens….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC