Quand la mafia s’introduit dans La formation des officiers de l’État-major de la gendarmerie  à Bangui

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Centrafrique : La formation des officiers de l’État-major de la gendarmerie  détournée par la mafia et le népotisme

 

Centrafrique : La formation des officiers de l’État-major de la gendarmerie détournée par la mafia et le népotisme
Le commandant Gervais Simplice Yarkokpa lors de la présentation des stagiaires officiers de l’État-major de la gendarmerie, alors qu’il n’est pas gendarme, c’est un milicien Anti-Balaka intégré dans l’armée nationale, puis détaché à la garde présidentielle.

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 La formation des officiers de la gendarmerie centrafricaine, soutenue par la France et l’UE, est gangrénée par l’inclusion de criminels notoires comme le commandant môn Gervais Simplice  Yarkokpa.

 

Le 28 avril 2025, le ministre de la Défense, Claude Rameaux Bireau, a inauguré à Bangui la deuxième édition du Diplôme d’État-Major de la Gendarmerie nationale. Ce programme, soutenu par l’ambassade de France et la mission de l’Union européenne (EUAM), vise à former des officiers capables de relever les défis sécuritaires de la Centrafrique. En théorie, il s’agit d’une étape capitale pour renforcer une institution affaiblie par des années de crise. Le directeur général de la gendarmerie, Landry Depot, a vanté les mérites d’une formation nationale, moins coûteuse que l’envoi de cadres à l’étranger, et adaptée aux réalités du terrain. La première édition, en 2022, avait été présentée comme un succès, et cette nouvelle promotion devait consolider ces acquis. Mais la réalité est bien plus obscur : ce programme, censé incarner la professionnalisation, est entaché par des choix de recrutement scandaleux qui trahissent les ambitions affichées.

 

Au cœur de la controverse se trouve le commandant môn Gervais Simplice  Yarkokpa, un ancien milicien anti-balaka devenu officier de la garde présidentielle. Cet individu, notoirement impliqué dans des activités criminelles, figure parmi les stagiaires de cette formation prestigieuse. Môn Gervais Simplice  Yarkokpa dirige un vaste réseau de trafic de drogue, notamment de tramadol acheminé depuis Zongo, en République démocratique du Congo, via des pirogues sur le fleuve Oubangui. Avec l’aide de proches, il sécurise ces opérations illégales. Tout concurrent tentant de s’immiscer dans ce commerce est intercepté et livré à sa merci. Rappelons le, à  l’aéroport international de Bangui-Mpoko, au début d’année, il a violemment agressé le policier Ouadole Freddy, menotté et battu à coups de machette pendant des heures, pour avoir tenté de dénoncer ses trafics. En juin 2024, il a organisé une perquisition frauduleuse au domicile de deux négociants franco-algériens, Samir Antonio Osmani et Haçade Bensalem, dérobant près de 800 millions de francs CFA en or, diamants et argent, sous couvert d’une opération montée avec des armes prétendument découvertes.

 

Les agissements de Yarkokpa ne se limitent pas au trafic. Il utilise son influence pour purger ceux qui s’opposent à lui. En août 2023, il a fait arrêter les soldats Dongomalé Dieubeni, alias Fort Papy, et Selekoy Tanguy, accusés sans preuve de vente d’armes. Malgré leur libération par la justice faute d’éléments, Yarkokpa a obtenu leur radiation de l’armée en s’appuyant sur ses connexions, notamment son cousin, le ministre de la Défense, Claude Rameau Bireau. De même, il a manipulé la radiation de sept policiers, dont son propre neveu Dimanche, pour éliminer ceux qui détenaient des informations compromettantes sur ses activités. L’arrestation de l’adjudant Kparambéti, dit Ozaguin, un ancien milicien intégré dans l’armée, illustre sa brutalité : après un échange de menaces, Yarkokpa l’a fait emprisonner au camp de Roux pour avoir dénoncé ses trafics de drogue.

 

L’inclusion de Môn Gervais Simplice  Yarkokpa dans la formation de la gendarmerie est d’autant plus aberrante que ses compétences sont inexistantes. Incapable d’écrire son propre nom, il n’a ni l’éducation ni l’intégrité requises pour un poste d’officier. Sa présence, au détriment de gendarmes qualifiés, révèle un système gangréné par le népotisme et la corruption. Yarkokpa bénéficie d’une impunité totale grâce à ses liens familiaux avec le ministre de la Défense et ses relations directes avec le président, le chef d’état-major et d’autres hauts responsables. Il se vante ouvertement d’utiliser ses manœuvres pour obtenir le grade de colonel, comme il l’a fait en manipulant l’affaire des policiers radiés pour asseoir son pouvoir.

 

Cette situation est un affront aux 2 220 gendarmes centrafricains qui manquent cruellement de cadres formés. Alors que l’institution peine à assurer la sécurité dans un pays durement touché par l’instabilité, des officiers compétents sont écartés au profit de criminels notoires. La liste des stagiaires, mêlant gendarmes légitimes et individus comme Yarkokpa, traduit une volonté de tromper l’opinion nationale et internationale. En mettant en avant une coopération avec la France et l’UE, les autorités projettent une façade de réforme tout en protégeant des réseaux mafieux. Cette duplicité risque de discréditer la gendarmerie et de compromettre la confiance des partenaires internationaux, qui investissent des ressources significatives dans la stabilisation du pays.

 

Le silence des responsables est assourdissant. Le ministre de la Défense, Claude Rameau Bireau, directement lié à Yarkokpa, ferme les yeux sur ses agissements. Le directeur général de la gendarmerie, Landry Depot, n’a fourni aucune explication sur les critères ayant permis l’intégration d’un tel individu dans une formation censée former l’élite. Cette inaction laisse craindre que l’institution soit infiltrée par des intérêts privés, au détriment de sa mission de protection des citoyens. Les gendarmes, qui risquent leur vie sur le terrain, méritent une hiérarchie intègre, débarrassée des influences criminelles.

 

Les partenaires internationaux, notamment la France et l’UE, ne peuvent ignorer ces dérives. Leur soutien à la formation impose une exigence de transparence et de rigueur. Sans une enquête immédiate sur le processus de sélection et l’exclusion des individus comme Yarkokpa, leurs efforts risquent d’être vains. De même, les autorités centrafricaines doivent agir pour restaurer la crédibilité de la gendarmerie. Un audit indépendant des stagiaires, suivi de sanctions contre ceux qui ont favorisé ces abus, est indispensable. La population, lassée par les promesses non tenues, attend des actes concrets.

 

Yarkokpa, par ses agissements, incarne la faillite d’un système où l’impunité prime sur la justice. Ses victimes – Ouadole Freddy, Dongomalé Dieubeni, Selekoy Tanguy, et tant d’autres – témoignent des ravages causés par un homme qui salit l’uniforme. Combien de vies devront encore être brisées avant que les autorités n’interviennent ? La formation de la gendarmerie, censée être un espoir pour la Centrafrique, ne doit pas devenir le terrain de jeu des criminels….

 

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