la chasse aux correspondants du CNC est lancée à Ouadda-Maïkaga

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À Ouadda-Maïkaga, deux personnes, dont le frère du général Zakaria Damane, sont visées par la gendarmerie, accusées faussement d’être correspondants du CNC.
À Ouadda-Maïkaga, petite ville de la Haute-Kotto, l’ambiance est lourde. Deux habitants, Abdou Ousmane Issa et Omar Ghidya, frère du général Zakaria Damane, tué en 2022 par des mercenaires russes, sont dans le collimateur de la gendarmerie. On leur reproche, sans preuve, d’être des correspondants du Corbeau News Centrafrique (CNC). Cette affaire, loin d’être une exception, montre à quel point les journalistes et ceux soupçonnés de travailler avec le CNC sont traqués, non seulement dans les provinces, mais aussi à Bangui, où la répression est tout aussi sévère.
Tout commence il y a quelques jours. Un commandant de brigade, nouvellement arrivé à Ouadda-Maïkaga, appelle Omar Ghidya au téléphone et lui demande de venir à la gendarmerie. Omar, sans méfiance, s’y rend. Mais sur place, l’attitude change. Le commandant lui demande de remettre son téléphone pour, dit-il, vérifier ce qu’il contient. Surpris, Omar obéit, mais quelque chose cloche. Pourquoi vouloir fouiller son téléphone sans explication ? Inquiet, il prend la fuite à toute vitesse et se réfugie à la base de la MINUSCA, la mission de l’ONU en Centrafrique. Là, il explique qu’il ne comprend pas pourquoi on s’en prend à lui et craint une arrestation sans raison.
Peu après, des rumeurs circulent : Omar et Abdou Ousmane Issa seraient accusés d’envoyer des informations au CNC. À Ouadda-Maïkaga, comme à Bangui, être lié à ce média est une accusation grave. Le CNC, qui relaie souvent des critiques contre le gouvernement, dérange les autorités. Pourtant, rien de concret n’est présenté contre les deux hommes. Leurs téléphones, saisis par la gendarmerie, sont envoyés à Bangui pour une soi-disant enquête. En attendant, ils vivent dans l’angoisse, protégés par la MINUSCA.
Cette histoire rappelle un passé douloureux pour la famille de Zakaria Damane. En février 2022, ce général du RPRC, retiré de la vie militaire, vivait paisiblement dans ses champs à Ouadda-Maïkaga. Des mercenaires russes du groupe Wagner ont attaqué sa maison, tué sa femme et plusieurs de ses enfants, pillé ses biens, puis l’ont retrouvé sur une route, torturé et égorgé. Son corps, piégé par des mines, n’a été rendu à sa famille qu’une semaine plus tard, après l’intervention du président Baba Kongoboro. Trois ans après, la justice n’a pas été rendue, et maintenant, Omar, son frère, semble être une nouvelle cible.
Mais Ouadda-Maïkaga n’est qu’un exemple parmi d’autres. À Bangui, dans les provinces, partout en Centrafrique, ceux qui sont soupçonnés de collaborer avec le CNC sont pourchassés. À Ippy, dans la Ouaka, en 2022, un homme a été arrêté par des mercenaires russes parce qu’il portait un ordinateur portable. Accusé d’être un correspondant du CNC, il a été battu, son matériel détruit. À Bangui, un jeune qui filmait une scène au tribunal, lors de l’arrestation de deux Franco-Algériens, a été violemment frappé par des militaires, traité de « correspondant du CNC ». À Moungoumba, dans la Lobaye, un journaliste travaillant pour la commission nationale pour les réfugiés a été enlevé, torturé et emprisonné, accusé sans preuve d’avoir partagé des informations avec le CNC.
Ces cas se multiplient, et le constat est clair : aucun correspondant du CNC, ou supposé tel, n’est libre en Centrafrique. À Bangui, où la répression est parfois plus visible, comme dans les provinces, les autorités semblent avoir donné un ordre clair : traquer toute personne associée au CNC. Les gendarmes fouillent les téléphones, mènent des enquêtes floues, souvent sans base légale. Les victimes, elles, se retrouvent sans défense, terrorisées par des accusations vagues.
Et pourtant, à Bangui, un journaliste centrafricain répond avec ironie : « Le CNC a son satellite. Si vous voulez l’arrêter, montez au ciel, attrapez ce satellite, ramenez-le sur terre et mettez-le en prison. Mais courir après des gens comme ça, c’est une perte de temps ». Cette phrase, à la fois sérieuse et moqueuse, résume tout. Le CNC, avec ou sans correspondants, continue de publier, de déranger. Et les autorités, plutôt que d’opter pour la transparence, choisissent la répression.
Pour Abdou Ousmane Issa et Omar Ghidya, l’avenir est incertain. Leurs téléphones sont confisqués, leur liberté menacée. À Ouadda-Maïkaga, à Bangui, partout en Centrafrique, la peur gagne du terrain. Une question persiste : combien de temps cette traque des voix critiques va-t-elle durer ? Et à quoi bon parler de liberté de la presse si, sur le terrain, on l’étouffe ?
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC