500 FCFA par personne pour applaudir les chefs d’État de la CEMAC venus à Bangui

Rédigé le 11 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Pendant que se prépare le sommet CEMAC du 9 septembre, Bangui organise des mobilisations payantes à 500 FCFA par participant pour applaudir les chefs d’État venus dans le pays.
Dans les différents quartiers de Bangui, les téléphones sonnent depuis plusieurs semaines. Le Mouvement Cœurs Unis, parti au pouvoir, lance ses appels à mobilisation pour le sommet des chefs d’État de la CEMAC prévu le 9 septembre. Le message est simple : 500 francs CFA par personne pour venir applaudir les chefs d’État.
L’organisation suit trois phases distinctes. D’abord, la préparation avant l’arrivée des chefs d’État. Les responsables du MCU parcourent les arrondissements, dressent leurs listes, distribuent les premiers versements . Chaque sous-fédération reçoit son quota : 200 personnes ici, 300 là-bas. Les banderoles se préparent, les slogans s’apprennent.
Puis vient le jour J. De l’aéroport au Palais de la Renaissance, 6000 personnes prennent position. Le cortège présidentiel traverse le croisement du 8ème arrondissement, remonte l’avenue des Martyrs, passe devant l’Université, monte vers le centre-ville. À chaque étape, les applaudissements éclatent sur commande. Les caméras filment, les photographes mitraillent. L’image est parfaite.
Enfin, la phase de départ. Même dispositif en sens inverse. Les chefs d’État repartent sous les acclamations, les drapeaux flottent, les sourires restent figés jusqu’au dernier moment. Seulement après, les organisateurs distribuent les soldes, récupèrent le matériel, démobilisent les troupes.
Cette mécanique bien graissée ne laisse rien au hasard. Le MCU dispose de relais dans tous les quartiers. Ses responsables connaissent les familles en difficulté, les jeunes sans travail, les femmes qui peinent à joindre les deux bouts. Pour 500 à 1000 francs CFA, beaucoup acceptent de passer quelques heures à applaudir.
L’argent compte dans un pays en crise. Cette somme représente plusieurs heures de revenus pour certains ménages. Elle permet d’acheter des vivres. Face à ces nécessités, les considérations politiques passent au second plan.
Les organisateurs exploitent cette précarité avec méthode. Ils savent qui contacter, combien proposer, comment motiver. Leur carnet d’adresses s’étoffe d’événement en événement. Certains participants deviennent des habitués, d’autres découvrent ce système pour la première fois.
Le phénomène dépasse Bangui. Dans plusieurs capitales, des pratiques similaires existent. Mais elles restent généralement ponctuelles, liées à des événements exceptionnels. En République centrafricaine, le système devient plus systématique. Chaque visite officielle, chaque célébration nationale, chaque meeting politique mobilise ces réseaux payants.
Cette évolution transforme la nature même de la participation politique. Quand tout se paie, quand chaque manifestation de soutien a son tarif, la spontanéité disparaît. Les dirigeants achètent leur popularité, les citoyens vendent leur enthousiasme.
La situation économique du pays explique en partie cette dérive. Avec un PIB par habitant parmi les plus faibles au monde, avec des institutions fragilisées, la République centrafricaine offre peu d’alternatives à ses citoyens. Ces 500 à 1000 francs CFA deviennent une aubaine dans un océan de difficultés.
Cette logique s’impose progressivement comme une norme. Les événements officiels sans mobilisation payée deviennent rares. Les organisateurs budgètent désormais ces frais comme des postes ordinaires. L’État, les partis, les mouvements politiques intègrent ces coûts dans leurs calculs.
Le sommet CEMAC de Bangui révèle donc plus qu’une simple anecdote. Il montre comment un pays peut basculer vers un système où la politique se résume à des transactions financières. Où l’expression démocratique devient un marché comme un autre.
Cette évolution préoccupe certains observateurs. Ils y voient une dérive dangereuse pour la démocratie centrafricaine. D’autres y trouvent une forme de redistribution sociale déguisée. Entre ces deux visions, le débat reste ouvert.
Une chose est certaine : tant que la pauvreté frappera massivement la population, tant que les alternatives économiques resteront limitées, ces pratiques perdureront. Les 500 000 francs CFA distribués à Bangui ne constituent que la partie visible d’un phénomène plus profond qui interroge l’avenir politique du pays.
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