Arrestation du député Lambert Akovourou : un nouveau signal clair de la dictature

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
L’arrestation du député Lambert Akovourou, représentant de la circonscription de Djéma, dans la préfecture du Haut-Mbomou, continue de provoquer des interrogations. Cette interpellation, survenue le matin du 22 mai 2025 à son domicile à Bangui par les éléments de forces de l’Office central pour la répression du banditisme (OCRB), intervient dans un contexte de tensions politiques de plus en plus croissant dans le pays.
L’arrestation de Lambert Akovourou fait suite à l’assassinat du sous-préfet sortant de Djéma, Dieudonné Zangbe Nguilelo, enlevé le 14 avril 2025 et retrouvé égorgé le 17 mai à deux kilomètres de la ville, en direction de Zémio. Quelques jours plus tard, une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, dans laquelle monsieur Michel Trogode, chef du centre de santé de Djéma, a accusé le député Akovourou et le maire de la ville de Djema d’être impliqués dans l’enlèvement et le meurtre du sous-préfet. Selon Trogode, des tensions ethniques auraient motivé cet acte, le sous-préfet et lui-même, fonctionnaires de l’État issus d’autres ethnies, étant mal accueillis par certains responsables administratifs à Djema, dont le maire. Michel Trogode a affirmé que le député aurait mobilisé ses hommes depuis Obo pour organiser l’enlèvement du sous-préfet sortant.
À la suite de ces allégations, Michel Trogode a lui-même été arrêté le 19 mai à Djéma par des mercenaires russes, transféré dans un endroit inconnu par hélicoptère et détenu dans des conditions opaques. De même, l’arrestation du député Akovourou, effectuée sans convocation préalable ni levée officielle de son immunité parlementaire.
Pourtant, en droit centrafricain, l’immunité parlementaire, garantie par l’article 105 de la Constitution du 30 août 2023, protège les députés contre toute poursuite, recherche, arrestation ou détention dans l’exercice de leurs fonctions, sauf en cas de flagrant délit. Selon l’article 119 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, un député peut être arrêté sans levée d’immunité s’il est pris en flagrant délit, c’est-à-dire surpris en train de commettre une infraction ou immédiatement après. Cependant, dans le cas de Lambert Akovourou, l’arrestation a eu lieu à son domicile à Bangui, plus d’un mois après l’enlèvement du sous-préfet et plusieurs jours après la diffusion de la vidéo incriminante. Aucun élément factuel ne semble indiquer que le député était en train de commettre un acte délictueux au moment de son interpellation.
Cette invocation du « flagrant délit » rappelle l’arrestation controversée du député Dominique Yandocka en décembre 2023. Yandocka, arrêté à son domicile du quartier Fouh à 4 heures du matin sans mandat ni levée d’immunité, avait été accusé de « complot » et de « tentative de coup d’État ». Détenu pendant plus d’un an au camp de Roux, la prison politique sous contrôle de mercenaires russes et de la garde présidentielle, il a été condamné le 26 décembre 2024 à un an de prison ferme, malgré l’absence de preuves solides et des accusations jugées vagues par les observateurs. Libéré après sa peine, Yandocka est actuellement en France pour des soins médicaux, tandis que ses avocats ont fait appel de la décision.
L’arrestation de Lambert Akovourou, tout comme celle de Dominique Yandocka, est perçue par de nombreux observateurs comme un message du président Touadéra à l’ensemble des élus et de l’opposition : l’immunité parlementaire ne constitue pas une protection face au pouvoir exécutif. Depuis l’adoption de la nouvelle Constitution en août 2023, qui a supprimé la limitation des mandats présidentiels et introduit des critères d’éligibilité restrictifs excluant les binationaux, le régime de Touadéra est accusé de museler l’opposition et de consolider une gouvernance autoritaire.
La présence de mercenaires russes du groupe Wagner, mentionnée dans les deux affaires, ajoute une dimension supplémentaire. Leur implication dans l’arrestation de Trogode et les soupçons de leur rôle dans l’assassinat du sous-préfet soulignent l’influence croissante des forces de Wagner dans les affaires sécuritaires et judiciaires du pays. Cette dépendance à des acteurs extérieurs, couplée à la répression des voix dissidentes, alimente les accusations de dictature formulées par les partis d’opposition, tels que le MLPC, l’URCA, le MDSP, et le BRDC, ainsi que par des figures comme l’ancien député Jean-Pierre Mara….
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