À Mann, la population asphyxiée par le racket militaire

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À Mann, la population asphyxiée par le racket militaire

 

À Mann, la population asphyxiée par le racket militaire
Un homme se tient sur une route en terre dégradée entre Mann et Bang, utilisée quotidiennement par les commerçants malgré son état alarmant. CopyrightCNC

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 À Mann, dans la préfecture de Lim-Pendé, les barrières militaires transforment chaque déplacement en calvaire, où racket et violences quotidiennes écrasent une population déjà à bout de souffle.

 

À Mann, sortir de chez soi est devenu un parcours du combattant. Que ce soit pour rejoindre Gboko, une localité située à 12 kilomètres en allant vers la frontière du Cameroun, ou à Ngbama, sur une autre route secondaire, situé à 10 kilomètres, les habitants doivent affronter des barrières tenues par les soldats des Forces armées centrafricaines (FACA). Ce qui devrait être un simple contrôle routier s’est transformé en un système de racket organisé, qui pressure une population déjà fragilisée par la précarité.

Dans le quartier Djoro-Mboum, à la sortie de la ville sur l’axe de Gboko, , une barrière militaire donne le ton. Un paysan qui part cultiver son champ à moto doit s’acquitter d’une “taxe” à l’aller, puis d’une autre au retour. S’il transporte un sac de manioc, du miel ou tout autre produit, les exigences s’enchaînent. Un seul soldat peut réclamer des frais au nom de la douane, du service phytosanitaire, des eaux et forêts, de l’environnement ou même de la mairie. Aucun reçu, aucun justificatif. Les montants ? À la tête du client. Refuser, c’est s’exposer à des insultes, des coups de chicotte, ou pire encore.

Le même scénario se joue sur la route de Mann – Bocaranga. Une autre barrière, les mêmes pratiques. Les civils vident leurs poches pour des “formalités” qui n’existent que dans la bouche des soldats. Un père de famille raconte, comment un jeune militaire, à peine 19 ans, l’a frappé pour n’avoir pas assez d’argent à lui donner. “Comment un gamin peut-il lever la main sur un homme de 50 ans ? Où est le respect ?”, lâche-t-il, amer.

La situation est devenue intenable. Depuis mercredi dernier, les marchés hebdomadaires des villages voisins sont à l’arrêt. Les paysans ne s’y rendent plus : le coût des passages aux barrières dépasse ce qu’ils gagnent en vendant leurs récoltes. Le marché du samedi 26 avril, vital pour l’économie locale, était désert. Ces marchés sont pourtant une planche de salut pour les familles, un moyen d’écouler leurs produits et d’acheter l’essentiel. Mais avec ces barrages, le commerce s’effondre.

Les habitants pointent du doigt les chefs militaires des bases de Koui, Bang et Ngaoundaye. “Ils savent tout, mais ils ferment les yeux, parce que ce sont eux qui ordonnent cela pour avoir de l’argent ”, accuse un notable de Mann. Les soldats agissent en roue libre, sans peur de sanctions. Certains vont jusqu’à soupçonner une stratégie délibérée pour étrangler la région. “Où ces militaires ont-ils appris à nous traiter ainsi ?” s’emporte un jeune homme. “Un uniforme ne donne pas le droit de nous réduire à rien”.

La tension monte à Mann. Chaque nouvelle barrière, chaque extorsion, attise la colère. Les FACA, censées protéger la population, sont désormais vues comme des prédateurs. “On nous traite comme si on n’était pas humains”, murmure un vieux cultivateur, le regard las. La question flotte dans l’air, lourde de menace : jusqu’où cette oppression pourra-t-elle aller sans que tout explose ?

 

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