Touadera, de père peul nigérien, et de mère congolais de la RDC, veut diviser les centrafricains l’un contre l’autre. Écouter ce que Anicet-Georges Dologuelé a dit, et il a parfaitement raison.

Rédigé le 23 octobre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Dans une interview accordée à la radio Ndèkè-Luka, Anicet-Georges Dologuélé, candidat à l’élection présidentielle de décembre 2025, a dénoncé avec une clarté implacable la stratégie de Touadéra qui consiste à diviser les Centrafricains les uns contre les autres. Ses propos sont sans appel : “Après 65 ans d’existence de la RCA, Touadéra déclare le premier apatride, simplement parce qu’il n’a pas envie de l’avoir en face de lui à une élection. Ce n’est pas beaucoup, non ?”
Voilà comment Touadéra veut détruire le pays. En dressant les Centrafricains les uns contre les autres. En créant des catégories de citoyens : les bons qui peuvent être binationaux sans problème parce qu’ils soutiennent le régime, et les mauvais qu’on déclare apatrides parce qu’ils osent s’opposer au pouvoir.
Dologuélé, ancien Premier ministre, député depuis dix ans, homme qui a tout donné pour son pays, se retrouve aujourd’hui traité comme un étranger dans sa propre patrie. Et tout cela pourquoi ? Simplement parce qu’il représente une menace électorale pour Touadéra.
L’ancien Premier ministre a expliqué sa position avec une logique juridique imparable. “Pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut parmi les documents que vous présentez, le certificat de nationalité centrafricaine. Je l’ai présenté à l’ANE. J’ai toujours eu un certificat de nationalité centrafricaine qui n’a jamais été remis en question. C’est un document qui a un caractère juridique».
Et Dologuélé enfonce le clou : “Ce n’est pas par une lettre d’un ministre de la Défense qu’on perd une nationalité. C’est par un acte de justice. Et cet acte n’a jamais eu lieu». Voilà toute l’absurdité de cette affaire. On ne peut pas déclarer quelqu’un apatride par une simple lettre administrative. Il faut un jugement. Une décision de justice. Une procédure légale. Rien de tout cela n’existe.
“Ce n’est pas parce que le code de nationalité l’a dit, puisque ce code n’a jamais été appliqué. Mais pour l’appliquer, il faut prendre un acte. Il faut prendre un acte pour constater que le Centrafricain, qui hier était centrafricain, a changé de nationalité, qui n’est plus centrafricain. Il n’y a pas eu d’acte jusqu’à aujourd’hui». La démonstration est limpide. Le régime prétend appliquer une loi, mais il ne suit aucune procédure légale pour le faire.
Dologuélé dénonce également le manque total de cohérence de Touadéra. “Je trouve que le président manque complètement de sagesse et de suite dans les idées. Parce que je l’ai vu, ce n’est pas juste entendu, dire le 30 mars 2025 devant tout le corps diplomatique, devant tout le gouvernement, devant tout l’écran constitué. Quand on lui a posé la question, il a dit qu’il n’interdisait à personne d’être candidat. Ceux qui ont deux nationalités n’ont qu’à se séparer d’une nationalité».
Et qu’a fait Dologuélé ? Exactement ce que Touadéra demandait. “Comme je n’avais aucune envie de me présenter en France, j’ai zéro chance. Je me présente dans mon pays d’origine, la RCA. Donc, j’ai abandonné la nationalité française. J’ai donc fait ce qu’il a demandé publiquement».
Mais au lieu de respecter sa parole, Touadéra invente maintenant autre chose. “Maintenant que je le fais, que je ne suis plus que centrafricain, on vient inventer autre chose. Non, non, non, il n’est plus centrafricain. Vous voyez, il y a un acharnement. Ce n’est plus de la politique. C’est un acharnement contre un individu».
Un acharnement contre un homme qui a servi son pays avec honneur. “À mon âge là, avec tout ce que j’ai fait dans ce pays, alors que je suis député de la nation, député depuis 10 ans, député centrafricain, et que quand je voyage, je voyage avec une autorisation de sortie du président de l’Assemblée nationale, on vient dire que, en fait, depuis 30 ans, je ne suis plus centrafricain».
C’est absurde. C’est injuste. C’est cruel. Et Dologuélé résume parfaitement l’intention de Touadéra : “Donc, M. Touadéra, après 65 ans d’existence de la RCA, déclare le premier apatride, simplement parce qu’il n’a pas envie de l’avoir en face de lui à une élection. Ce n’est pas beaucoup, non ?”
Mais le coup de maître de Dologuélé dans cette interview, c’est d’avoir dénoncé l’application sélective de la loi sur la double nationalité. Et c’est là que sa stratégie de diviser les Centrafricains apparaît clairement.
“Je ne fais qu’interpréter la lettre du ministre de la Défense qui m’a écrit sur ses instructions. Si tous ceux qui ont acquis une autre nationalité après leur majorité ne sont plus centrafricains, nous sommes des milliers. Et parmi ces milliers, il y a plusieurs dizaines, sinon plusieurs centaines dans le gouvernement actuel, à la présidence, à la primature, à l’Assemblée nationale, dans la fonction publique, parmi les magistrats et parmi les hauts gradés de l’armée».
Dologuélé ne se contente pas d’accusations générales. Il cite des noms précis. “Tenez, le président de l’Assemblée nationale, Simplice-Mathieu Sarandji. Tout le monde sait qu’il est français. Donc, ça veut dire qu’il n’est plus centrafricain. Donc, c’est un Français qui est président de l’Assemblée nationale. La ministre des Affaires étrangères Sylvie Baîpou Temon. C’est donc une Française qui est ministre des Affaires étrangères. Et puis, je peux en citer plusieurs, les Baïpo, ils sont nombreux».
Voilà la vérité que Touadéra veut cacher. Des dizaines de hauts responsables du régime sont binationaux. Mais eux ne sont pas inquiétés. Pourquoi ? Parce qu’ils sont fidèles au régime. Parce qu’ils obéissent à Touadéra. Parce qu’ils ne le menacent pas politiquement.
“Donc, ça veut dire que tous ceux-là, il doit y avoir un acte réglementaire pour les démettre de leur fonction. Et puis, il doit y avoir un acte de justice, j’insiste dessus, pour constater qu’ils ne sont plus centrafricains. Et puis donc, les obliger à faire une demande de réintégration dans la nationalité centrafricaine. C’est ça que veut dire la lettre du ministre de la Défense. Je ne fais que l’interpréter».
Cette dénonciation est dévastatrice. Elle montre que Touadéra crée deux catégories de Centrafricains. Ceux qui peuvent être binationaux parce qu’ils soutiennent le régime. Et ceux qu’on déclare apatrides parce qu’ils osent s’opposer au pouvoir. C’est une division artificielle. C’est une stratégie pour dresser les Centrafricains les uns contre les autres.
Touadéra veut faire croire que certains Centrafricains sont plus centrafricains que d’autres. Que ceux qui sont nés de deux parents centrafricains sont de “vrais” Centrafricains, tandis que ceux qui ont acquis une seconde nationalité ne le sont plus. Mais en même temps, il ferme les yeux sur les dizaines de binationaux dans son propre gouvernement.
Cette hypocrisie crée des divisions dangereuses dans le pays. Elle crée de la méfiance entre citoyens. Elle crée du ressentiment. Elle pousse les gens à se demander : qui est vraiment centrafricain ? Qui peut être candidat ? Qui peut occuper des fonctions publiques ? Et la réponse que donne Touadéra est claire : ceux qui me soutiennent sont centrafricains, ceux qui s’opposent à moi ne le sont pas.
C’est exactement ce que veut Touadéra. Diviser pour régner. Créer des catégories de citoyens. Monter les uns contre les autres. Faire en sorte que les Centrafricains se battent entre eux sur des questions de nationalité au lieu de se battre ensemble contre la dictature, la corruption, la misère.
Dologuélé a parfaitement compris cette stratégie. Et il la dénonce publiquement. Il refuse de se laisser enfermer dans ce piège. Quand le journaliste lui demande s’il s’apprête à affronter Touadéra pour la troisième fois, il rectifie immédiatement : “J’estime qu’une élection présidentielle, c’est la rencontre entre un homme et son peuple. Je ne me présente pas contre Touadéra. Il n’est pas le seul candidat. Je me présente face aux Centrafricains, avec un projet».
Cette posture est importante. Dologuélé refuse de personnaliser le combat. Il refuse de tomber dans le piège de la confrontation personnelle avec Touadéra. Il veut garder le débat sur les idées, sur les projets, sur l’avenir du pays. “Je me présente avec un projet de société pour présenter aux Centrafricains une alternative crédible. Je ne me présente pas contre quelqu’un».
Mais Touadéra, lui, a personnalisé le combat. Il s’acharne contre Dologuélé. Il veut l’empêcher de se présenter. Il mobilise tout l’appareil d’État contre un seul homme. Le ministre de la Défense écrit des lettres. Le Conseil Constitutionnel lui retire son immunité parlementaire. Le Tribunal Administratif rejette ses recours. Les médias d’État le diabolisent.
Tout cela parce que Touadéra a peur. Peur de perdre le pouvoir. Peur de devoir rendre des comptes. Peur que les Centrafricains choisissent une alternative à dix ans de désastre sous son règne.
Cette interview de Dologuélé à la radio Ndèkè-Luka est importante. Elle montre un homme digne qui refuse de se laisser intimider. Un homme qui démonte calmement mais fermement les arguments bidons du régime. Un homme qui dénonce l’application sélective de la loi. Un homme qui refuse de se victimiser tout en pointant clairement l’injustice dont il est victime.
Les Centrafricains doivent écouter ces propos. Ils doivent comprendre ce que Touadéra est en train de faire. Il crée le premier apatride de l’histoire du pays. Il divise les Centrafricains entre “vrais” et “faux” citoyens. Il applique la loi de manière discriminatoire selon les intérêts politiques du régime.
Si les Centrafricains laissent faire, demain n’importe qui pourra être déclaré apatride. N’importe quel opposant gênant pourra être exclu de la vie politique sous prétexte de double nationalité. Et pendant ce temps, les binationaux du régime continueront tranquillement à occuper les plus hautes fonctions de l’État.
C’est ça que veut Touadéra. Dresser les Centrafricains les uns contre les autres. Créer des divisions. Faire en sorte que le peuple se batte entre lui pendant que le régime continue à piller le pays et à le livrer aux mercenaires russes.
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