Mathurin Dimbélé Nakoué, ancien député voleur et trafiquant, encore candidat du MCU malgré une plainte pour réajustement de peine : l’OGDC saisit la justice

Rédigé le 23 octobre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
L’Observatoire pour la Gouvernance Démocratique en Centrafrique (OGDC), représenté par son coordonnateur national Élysée Nguemal, vient de déposer une plainte explosive auprès du Procureur Général près la Cour d’Appel de Bangui. L’objet ? Demander le réajustement de peine contre Mathurin Dimbélé Nakoé, ce député voleur, trafiquant et criminel économique qui ose à nouveau se présenter comme candidat aux élections législatives du 28 décembre 2025 dans la circonscription de Sosso-Nakombo.
La plainte, datée du 15 octobre 2025, rappelle des faits accablants que le régime Touadéra voudrait bien faire oublier.
En effet, le 18 septembre 2013, la Cour d’Appel de Bangui avait inculpé Mathurin Dimbélé Nakoué et d’autres pour détournement de deniers publics, faux usage de faux, prise d’intérêts dans un acte, trafic d’influence et abus de biens sociaux. Une liste de crimes économiques qui devrait normalement disqualifier à vie quelqu’un de toute fonction publique.
Mais ce n’est pas tout. La plainte de l’OGDC rappelle un autre fait gravissime établi par la Cour Constitutionnelle elle-même. Dans sa décision n°024/CC/20 du 27 novembre 2020, la Cour Constitutionnelle avait invalidé la candidature de Mathurin Dimbélé Nakoué aux élections législatives du 27 décembre 2020 en raison de conditions d’inéligibilité inscrites à l’article 135 du code électoral de 2019.
Mais ce n’est pas seulement pour ses crimes économiques que Dimbélé avait été débouté. La Cour Constitutionnelle avait également établi un autre fait explosif : la tentative de manipulation des votes à l’Assemblée Nationale pendant la 6ème législature et pressions exercées sur le Ministre de l’Administration du Territoire.
En clair, Dimbélé ne se contentait pas de voler et de détourner. Il manipulait aussi les votes au sein de l’Assemblée Nationale et faisait pression sur les ministres. Un criminel complet, en somme.
Et voici le détail le plus croustillant de cette affaire, qui montre à quel point Dimbélé est un personnage sans scrupules : le 4 juin 2020, alors qu’il était interpellé par la police centrafricaine, notamment par la Compagnie Nationale de Sécurité (CNS), dans une affaire de faux usage du symbole de l’Assemblée Nationale, Mathurin Dimbélé Nakoué, vice-président de l’Assemblée Nationale à l’époque, avait alloué le Macaron de l’Assemblée Nationale à un sujet camerounais afin de lui permettre de circuler librement sur le territoire national sans s’acquitter des formalités liées à son statut d’étranger.
Vous avez bien lu. Un vice-président de l’Assemblée Nationale qui donne le macaron officiel de l’institution à un étranger camerounais pour qu’il puisse circuler en Centrafrique en se faisant passer pour un député ! C’est du grand banditisme institutionnel.
Corbeau News Centrafrique avait déjà documenté cette affaire en détail dans un article publié en juin 2020. Nous avions révélé comment Dimbélé et son collègue député Teddy Arnauld Weïdane étaient impliqués dans un vaste réseau de fraude douanière et de trafic de faux documents officiels avec des commerçants camerounais.
Malgré tous ces crimes, malgré son inculpation pour détournement de deniers publics, malgré sa disqualification par la Cour Constitutionnelle en 2020, malgré son implication dans des trafics de faux documents, Mathurin Dimbélé Nakoué ose à nouveau se présenter comme candidat aux législatives de décembre 2025.
Et le plus scandaleux ? Le Mouvement Cœurs Unis (MCU), le parti de Touadéra, l’a officiellement investi comme candidat dans la circonscription de Sosso-Nakombo. Un criminel condamné, disqualifié par la Cour Constitutionnelle, est réinvesti par le parti au pouvoir. Pourquoi ? Parce que la Cour Constitutionnelle a été remplacée par un Conseil Constitutionnel dirigé par le cousin de Touadéra, un pantin qui valide tout ce que veut le président.
Comme nous l’avions écrit précédemment, Mathurin Dimbélé avait été débouté en 2020 par la juge Danièle Darlan qui présidait alors la Cour Constitutionnelle. Darlan avait appliqué la loi : un criminel économique condamné ne peut pas être candidat aux élections. Mais Touadéra a éjecté la juge Darlan précisément parce qu’elle osait appliquer la loi. Il l’a remplacée par son cousin qui, lui, valide toutes les candidatures que Touadéra souhaite, même celles de criminels notoires comme Dimbélé.
La plainte de l’OGDC demande donc à la justice de priver Mathurin Dimbélé Nakoué de ses droits civiques et politiques, conformément aux articles 138 et 139 du code électoral. Ces articles sont clairs : une personne condamnée pour des crimes comme ceux commis par Dimbélé n’a pas le droit de participer à la vie politique.
L’OGDC demande spécifiquement à la Cour :
– De priver Dimbélé de ses droits civiques et politiques
– De lui interdire de s’adhérer à un parti politique ou à une organisation de la société civile
– De lui interdire de s’exprimer en public et dans les stations médiatiques publiques et privées
– De lui interdire de se faire une opinion politique
En d’autres termes, l’OGDC demande que Dimbélé soit complètement exclu de la vie politique centrafricaine, comme il aurait dû l’être depuis son inculpation en 2013 et sa disqualification en 2020.
La formule de conclusion de la plainte est cinglante : “SOUS TOUTES RÉSERVES ET ÇE SERA JUSTICE AU PEUPLE CENTRAFRICAIN.”
Cette plainte de l’OGDC pose plusieurs questions fondamentales sur l’état de la justice et de la démocratie en Centrafrique sous le régime Touadéra.
Premièrement, comment un homme inculpé en 2013 pour détournement de deniers publics peut-il encore circuler librement en 2025 sans avoir été jugé ? Cela fait 12 ans que Dimbélé a été inculpé. Où en est son procès ? A-t-il été jugé ? A-t-il été condamné ? Si oui, a-t-il purgé sa peine ? Si non, pourquoi son procès n’a-t-il jamais eu lieu ?
La réponse est évidente : la justice centrafricaine ne fonctionne pas. Ou plutôt, elle ne fonctionne que contre les ennemis du régime. Pour les alliés de Touadéra comme Dimbélé, la justice ferme les yeux. Les dossiers traînent indéfiniment. Les procès n’ont jamais lieu. Les condamnations ne sont jamais exécutées.
Deuxièmement, comment un homme disqualifié par la Cour Constitutionnelle en 2020 peut-il être candidat en 2025 ? Parce que Touadéra a remplacé la Cour Constitutionnelle par un Conseil Constitutionnel dirigé par son cousin. Ce nouveau Conseil valide toutes les candidatures que Touadéra veut voir validées, même celles de criminels notoires.
Troisièmement, comment le MCU peut-il investir un criminel comme candidat ? Parce que le MCU n’est pas un parti politique normal. C’est une organisation criminelle déguisée en parti politique. Ses membres ne sont pas sélectionnés sur la base de leur compétence ou de leur intégrité, mais sur la base de leur loyauté à Touadéra et de leur capacité à servir les intérêts du régime, y compris par des moyens criminels.
Mathurin Dimbélé Nakoué incarne parfaitement ce qu’est devenu le MCU : un ramassis de criminels, de voleurs, de trafiquants, qui utilisent leur position pour s’enrichir personnellement tout en servant le régime. Dimbélé a volé, il a détourné, il a trafiqué des faux documents, il a manipulé des votes à l’Assemblée Nationale. Et pour toute récompense, le MCU l’investit à nouveau comme candidat.
La plainte de l’OGDC est donc un test pour le système judiciaire centrafricain. Le Procureur Général va-t-il donner suite à cette plainte ? Va-t-il demander le réajustement de peine contre Dimbélé ? Va-t-il demander que Dimbélé soit privé de ses droits civiques et politiques ?
Connaissant l’état de la justice sous Touadéra, la réponse est probablement non. Le Procureur Général va probablement classer la plainte sans suite, ou la laisser traîner jusqu’après les élections de décembre. Dimbélé pourra tranquillement faire campagne, se faire élire grâce aux fraudes organisées par le MCU, et reprendre son siège de député qu’il n’aurait jamais dû occuper.
Mais cette plainte a au moins le mérite de rappeler publiquement qui est Mathurin Dimbélé Nakoué. Elle rappelle ses crimes. Elle rappelle sa disqualification en 2020. Elle rappelle qu’il est un criminel qui n’a rien à faire dans la vie politique centrafricaine.
Les électeurs de Sosso-Nakombo doivent savoir qui est l’homme que le MCU leur propose comme député. Ce n’est pas un homme intègre qui va défendre leurs intérêts. C’est un voleur, un trafiquant, un criminel économique qui a été condamné par la justice et disqualifié par la Cour Constitutionnelle.
Dimbélé ne revient pas en politique pour servir le peuple de Sosso-Nakombo. Il revient pour continuer à voler, à détourner, à s’enrichir sur le dos des Centrafricains. Il revient parce que le régime Touadéra protège les criminels qui lui sont fidèles.
L’OGDC, à travers son coordonnateur Élysée Nguemale, mérite d’être salué pour avoir déposé cette plainte courageuse. Dans un pays où la peur règne, où Wagner terrorise, où le régime réprime toute opposition, oser saisir la justice contre un criminel protégé par le pouvoir est un acte de courage.
Mais cette plainte montre aussi l’impasse dans laquelle se trouve la Centrafrique. Quand la justice ne fonctionne plus, quand les criminels sont protégés par le régime, quand la Cour Constitutionnelle est remplacée par un pantin aux ordres du président, que peut faire le peuple ?
La plainte de l’OGDC va probablement être classée sans suite. Dimbélé va probablement être “élu” député en décembre. Et il continuera tranquillement à voler et à détourner, protégé par Touadéra et le MCU.
Mais cette plainte restera dans les archives. Elle documentera les crimes de Dimbélé. Elle prouvera que des citoyens courageux ont tenté de faire respecter la loi. Et quand, un jour, la Centrafrique se libérera de ce régime criminel, ces documents serviront à établir les responsabilités et à rendre justice.
Mathurin Dimbélé Nakoué devra répondre de ses crimes. Peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain, mais un jour. Et ce jour-là, la plainte de l’OGDC sera une des pièces à conviction qui l’enverra en prison, là où il aurait toujours dû être.
Par Alain Nzilo
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