Centrafrique : Le BRDC met Touadéra face à ses contradictions constitutionnelles

Rédigé le 27 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
L’opposition démocratique centrafricaine réunie au sein du BRDC dénonce l’impossibilité juridique d’organiser des élections avec la Constitution actuelle.
Le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) vient de porter un coup dur au processus électoral en cours. Dans une lettre ouverte adressée ce 24 septembre au président Touadéra, l’opposition met le doigt sur une contradiction majeure : la Constitution promulguée par le chef de l’État lui-même rend impossibles les élections de décembre.
L’argument du BRDC est simple et redoutable. La Constitution de 2016, initiée et promulguée par Touadéra, impose dans son article 10 une condition stricte pour occuper les hautes fonctions : être “centrafricain d’origine, de parents eux-mêmes centrafricains d’origine”. Le problème ? Cette exigence est techniquement impossible à remplir.
La Centrafrique a accédé à l’indépendance le 13 août 1960. Avant cette date, tous les habitants du territoire étaient français grâce à la loi Lamine Gueye. Comment peut-on alors être “centrafricain d’origine” quand la nationalité centrafricaine n’existait pas avant 1960 ? Le BRDC en tire une conclusion logique et embarrassante pour le pouvoir : ni Touadéra ni les autres dirigeants actuels ne peuvent être éligibles selon leur propre Constitution.
“Seule la génération de nos enfants pourra être éligible”, écrit le coordonnateur du BRDC, Crépin Mboli-Goumba. Une affirmation qui démontre l’absurdité juridique de la situation. Le président lui-même ne pourrait pas se représenter selon les critères qu’il a établis.
Mais ce n’est pas tout. Le BRDC pointe une autre faille majeure : le code électoral n’a jamais été mis en conformité avec cette Constitution. L’exigence d’être “centrafricain d’origine” n’apparaît nulle part dans le code électoral. Cette contradiction rend le code anticonstitutionnel et donc illégal. Par conséquent, toute élection organisée sur cette base serait elle-même illégale.
L’opposition ne s’arrête pas là. Elle rappelle que l’Autorité nationale des élections (ANE) demande au président de prendre un décret le 29 septembre pour convoquer le corps électoral. “Quel texte viseriez-vous, puisque le code électoral est lui-même anticonstitutionnel ?”, interroge le BRDC. “Quel corps électoral convoqueriez-vous, puisque le fichier électoral n’est toujours pas disponible ?”
Cette dernière question touche un autre problème persistant. L’article 19 du code électoral exige que le fichier électoral soit affiché publiquement et disponible toute l’année. Or, personne n’a encore vu ces fameuses listes électorales dans les communes centrafricaines.
Le BRDC rappelle également un détail technique important. Selon les experts de la MINUSCA, la date limite pour commander le matériel électoral était fixée au 22 septembre. Nous sommes déjà le 24 septembre. Toute commande passée après cette échéance ne peut plus garantir la tenue des élections dans les délais prévus. Le chronogramme de l’ANE devient donc techniquement caduc.
Face à ces multiples obstacles, l’opposition tire une conclusion sans appel. Les élections prévues pour décembre cumulent les vices de forme : chronogramme caduc, code électoral anticonstitutionnel, absence de listes électorales, exclusion de fait de tous les acteurs politiques majeurs y compris le président lui-même.
La lettre du BRDC met Touadéra dans une position délicate. Comment peut-il maintenir un processus électoral basé sur des textes qu’il a lui-même rendus inapplicables ? Comment justifier l’organisation d’élections avec un code électoral qui contredit sa propre Constitution ?
L’opposition demande donc au président de “prendre les mesures nécessaires afin que se tienne le dialogue”. Un dialogue qui permettrait de “trouver une solution politique à cette situation” avant qu’elle ne dégénère en crise majeure.
Le ton de la lettre reste respectueux mais ferme. Le BRDC ne peut “croire qu’il pourrait être de votre fait d’instruire votre Premier Ministre d’ouvrir le dialogue avec le BRDC et en même temps favoriser la tenue d’élections exclusives, irrégulières et illégales”.
Cette démarche du BRDC montre clairement la solidité juridique de leur opposition au processus en cours. Ils ne contestent pas seulement la forme ou le calendrier des élections. Ils remettent en cause leur faisabilité même au regard des textes constitutionnels et légaux en vigueur. Une position qui pourrait contraindre le pouvoir à revoir entièrement sa copie ou à assumer l’organisation d’élections juridiquement contestables.
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