Bangui : 2 jeunes torturés sauvagement presque à  la mort par des soldats du BIR basés  à Fodé, au KM5

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Bangui : 2 jeunes torturés sauvagement presque à  la mort par des soldats du BIR basés  au KM5 pour avoir réclamé leurs droits

 

La victime des soldats du BIR au quartier Fodé, dans le troisième arrondissement de Bangui
La victime des soldats du BIR au quartier Fodé, dans le troisième arrondissement de Bangui.Photo CNC

 

Rédigé le 21 septembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

 Des soldats du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) ont sauvagement torturé presque à la mort deux jeunes hommes originaires de la Vakaga au poste de Fodé dans le quartier Gbawara, les envoyant à l’hôpital dans un état critique après une simple réclamation concernant un litige financier.

 

Un acte de barbarie d’une gravité exceptionnelle vient de secouer le troisième arrondissement de Bangui, particulièrement le quartier KM5 et ses environs. Deux jeunes hommes se trouvent actuellement hospitalisés dans un état critique après avoir été sauvagement torturés par ces soldats du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) au poste militaire de Fodé, situé dans le quartier Gbawara. Cette affaire montre clairement une fois de plus les dérives inquiétantes de ces soldats criminels intégrés dans certaines unités des forces armées centrafricaines et leur tendance à régler les différends civils par la violence.

 

L’origine de ce drame remonte à un simple litige financier entre particuliers. Un jeune homme originaire de la Vakaga, dans l’extrême nord-est de la République centrafricaine, avait contracté une entente pour l’achat d’un téléphone portable auprès d’une femme d’une valeur de 65 000 francs CFA. Le jeune homme, après avoir conclu la dette, ne parvenant pas à honorer ses engagements dans les délais convenus dans leur contrat.

 

Face aux difficultés de recouvrement de sa créance, la femme a pris la décision de porter l’affaire devant les soldats du BIR du poste de Fodé. Cette démarche, bien que discutable sur le plan juridique, a abouti à l’arrestation du jeune débiteur et à la confiscation de son ordinateur portable flambant neuf en guise de garantie. Les soldats ont exigé le paiement intégral de la somme due avant toute restitution du matériel informatique.

Le dos de l'une des deux victimes des soldats du BIR torturés dans le quartier Fodé, dans le troisième arrondissement de Bangui. Photo CNC
Le dos de l’une des deux victimes des soldats du BIR torturés dans le quartier Fodé, dans le troisième arrondissement de Bangui. Photo CNC

 

Le jeune homme a alors entrepris de rassembler l’argent nécessaire pour régler sa dette. Il a réussi à verser 60 000 francs CFA entre les mains de l’adjudant Kossala qui est d’ailleurs chargé du dossier. Il ne restait donc plus que 5 000 francs CFA à payer pour solder définitivement le litige et récupérer son ordinateur confisqué. Tout semblait en voie de règlement lorsque la situation a basculé dans la criminalité.

 

Entre-temps, l’adjudant Kossala avait été muté dans le cadre des rotations habituelles des soldats du BIR qui se fait chaque semaine. Son remplaçant, un lieutenant, a pris ses fonctions sans avoir été informé de ce dossier en cours. Plus grave encore, les 60 000 francs CFA versés par le jeune homme n’avaient jamais été transmis à la femme, la  créancière, créant une situation où l’argent avait disparu dans les poches de l’adjudant Kossala.

 

Accompagné de son frère, le débiteur s’est rendu au poste de Fodé pour effectuer le versement des 5 000 francs CFA restants et récupérer son ordinateur. À leur arrivée, ils ont découvert que l’adjudant Kossala avait été remplacé et que son successeur ne connaissait rien de cette affaire. Le lieutenant a tenté de joindre Kossala par téléphone, mais ses appels sont restés sans réponse.

 

C’est à ce moment que la situation a dégénéré. Le frère du débiteur, constatant les dysfonctionnements de la procédure, a fait observer aux militaires présents que ce type de litige relevait normalement de la compétence de la police ou de la gendarmerie, et non des forces armées. Il a également souligné le caractère problématique de la disparition de l’argent versé, pointant du doigt l’absence de transmission d’informations entre les agents.

 

Ces remarques, pourtant fondées juridiquement, ont déclenché la fureur des soldats présents. Les soldats sur place, dans leur élan de provocation, ont accusé le jeune, disant que c’est lui qui veut montrer qu’il connait ses  droits . Immédiatement,  ils ont procédé à son arrestation ainsi qu’à celle de son frère. Ce qui a suivi relève de la pure barbarie  humaine : les deux hommes ont été roués de coups et torturés avec une violence inouïe, au point que leur vie se trouve aujourd’hui en danger.

 

Les deux victimes ont été transportées à l’hôpital dans un état critique. Les informations sur leur état de santé restent floues, mais les témoins évoquent des tortures d’une telle violence qu’il n’est pas certain qu’ils survivent à leurs blessures. Cette affaire montre une fois de plus l’impunité dont jouissent certains éléments du BIR, qui agissent en toute liberté sans craindre de sanctions.

 

Ce n’est malheureusement pas la première fois. Les éléments du  Bataillon d’Intervention Rapide s’est déjà rendu coupable de plusieurs actes similaires par le passé récent. Souvenez-vous, récemment, un soldat de cette unité avait abattu de sang-froid un policier en permission à Bangui, sans que cela n’entraîne de poursuites judiciaires. L’auteur de ce meurtre circule toujours librement dans la capitale, témoignant de l’impunité totale qui règne au sein de cette armée nationale.

 

Les témoignages convergent pour dénoncer les agissements répétés de certains éléments du BIR : vols, braquages, violences diverses sont monnaie courante, sans que l’état-major ne prenne de mesures disciplinaires effectives. Cette situation crée un climat d’insécurité permanent pour les populations civiles, qui se retrouvent à la merci d’hommes en armes agissant en dehors de tout cadre légal.

 

Le sort des deux jeunes torturés reste incertain. Même s’ils survivent à leurs blessures, la question de la restitution de l’ordinateur confisqué et du remboursement de la créancière demeure entière. L’agent Kossala, parti avec les 60 000 francs CFA versés, semble avoir disparu dans la nature, laissant derrière lui un dossier non résolu et des vies brisées.

 

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