Centrafrique : affaire de l’expulsion des couturiers de l’ACFPE, interview exclusive de Legrand Youkoumande , l’un des stylistes chassés

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Affaire de l’expulsion des couturiers de l’ACFPE, interview exclusive de Legrand Youkoumande , l’un des stylistes chassés

 

Le jeune couturier styliste centrafricain Legrand Youkoumande. Photo CNC

 

Rédigé le 16 septembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Le vendredi 12 septembre, des couturiers-stylistes réunis depuis trois ans à l’ACFPE ont été expulsés par la gendarmerie sur ordre de la ministre du Travail, Annie Michelle Mouanga. Deux jours plus tôt, le 10 septembre, alors qu’ils sollicitaient une audience après avoir reçu une note leur intimant de quitter les lieux sous une semaine, la ministre les avait accueillis en hurlant et en les chassant de son bureau comme une folle enragée. Depuis, les couturiers ont annoncé une grève.

 

Voici l’intégralité de l’interview réalisée par la rédaction du CNC avec Legrand Youkoumande, couturier-styliste et l’un des jeunes expulsés.

 

Corbeau News-Centrafrique (CNC) : Bonjour.

 

Legrand Youkoumande : Bonjour.

 

CNC : Le mercredi 10 septembre, vous avez demandé à rencontrer la ministre. Que s’est-il passé ?

 

Legrand Youkoumande : Nous avions reçu une note officielle signée par la ministre, nous donnant un délai d’une semaine pour quitter l’ACFPE. Nous n’étions pas d’accord. Nous avons donc sollicité une audience pour expliquer notre position. Mais dès qu’elle nous a vus, elle s’est mise à hurler : « Sortez de mon bureau ! Sortez de mon bureau ! ». Elle nous a chassés comme des intrus, en criant si fort qu’on pouvait l’entendre dans tout le bâtiment.

 

CNC : Quels propos a-t-elle tenus ce jour-là ?

Legrand Youkoumande : Elle criait : « Qui vous a embauchés ici ? Vous avez quel contrat ? Sortez d’ici ! ». Pourtant, c’est elle-même qui nous avait fait venir en 2022 et retenus pendant trois ans.

 

CNC : Le chargé de mission de la ministre est ensuite intervenu. Qu’a-t-il dit exactement ?

Legrand Youkoumande : Oui, M. Aristide Ganabo est sorti derrière nous. Il a commencé à nous reprocher d’avoir adressé un recours administratif avec copie aux médias et aux ambassades. Il disait : « Vous êtes malades ou quoi ? Comment vous pouvez mettre les médias dans vos documents ? ». Puis il a ajouté que c’était uniquement par “la bonne volonté” de la ministre que nous étions restés trois ans à l’ACFPE. Il nous a dit : « Vous devez remercier la ministre. Sans elle, vous ne seriez pas là. Vous êtes des incubateurs, elle vous a donné des marchés, vous devez lui dire merci. ».

 

CNC : Comment avez-vous réagi à ces propos ?

Legrand Youkoumande : Nous avons répondu que nous ne voulions pas être des “assistés”, mais des professionnels accompagnés dans nos projets. Lui insistait que tout venait de la ministre et que nous n’avions aucun droit de discuter. Cela montrait bien que tout avait été une manipulation depuis le début.

 

CNC : Revenons au départ. Comment avez-vous été recrutés en 2022 ?

Legrand Youkoumande : En mai 2022, le ministère a lancé un appel à la radio pour une formation avec une styliste ivoirienne. Nous étions nombreux à répondre. La formation a commencé le 16 mai. Après une semaine, nous pensions rentrer chez nous, mais la ministre nous a retenus pour préparer un défilé de mode.

 

CNC : Ce défilé a-t-il eu lieu ?

Legrand Youkoumande : Oui, le 21 juin 2022, à l’hôtel Ubangi, en présence de la Première dame Tina Touadéra et de plusieurs membres du gouvernement. Le lendemain, nous avons reçu des certificats à l’hôtel Ledger.

 

CNC : Ensuite, la ministre vous a encore empêchés de rentrer chez vous ?

Legrand Youkoumande : Exactement. Elle parlait de financements venant de la Banque mondiale, du PAM, de l’UNICEF, de l’UNFPA et de la BAD. Mais nous n’avons jamais rien reçu. Tout passait par la coordinatrice camerounaise, Mme Ouahm-Diane.

 

CNC : Pendant trois ans, avez-vous au moins eu des activités ?

Legrand Youkoumande : Nous n’avons eu que deux marchés. Le principal concernait les uniformes de l’école du président Touadéra à Damara. Mais là encore, la ministre décidait seule du prix et nous donnait des forfaits. Nous n’avions pas notre mot à dire.

 

CNC : Et après l’incident du 10 septembre, qu’a-t-il été décidé ?

Legrand Youkoumande : Le vendredi 12 septembre, la ministre a ordonné à la gendarmerie de nous expulser. Nous avons été chassés comme des malfaiteurs. Après cela, nous avons annoncé que nous allons entrer en grève pour protester.

 

CNC : Cette grève aura-t-elle lieu ?

Legrand Youkoumande : Nous l’avons annoncée, mais pour l’instant je ne peux pas confirmer si elle aura effectivement lieu. Ce qui est sûr, c’est que nous ne resterons pas silencieux face à cette injustice.

 

CNC: Merci beaucoup monsieur Legrand Youkoumande.

Legrand Youkoumande : C’est à moi de vous remercier au nom des collaborateurs aussi madame la journaliste.

 

 

 

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