Hôpital communautaire de Bangui : quand la mort devient plus lucrative à la morgue que les médicaments vendus clandestinement par les infirmiers

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Hôpital communautaire de Bangui : quand la mort devient plus lucrative à la morgue que les médicaments

 

Devant la morgue de l’hôpital communautaire de Bangui, le seul corbillard de la mairie trône comme un symbole de racket institutionnalisé. Ce vieux véhicule bleu, marqué du logo municipal, est imposé à toutes les familles endeuillées, qu’elles aient besoin ou non de ses services. Pour récupérer un corps, chaque parent doit verser 15 000 francs CFA, une somme encaissée sans justificatif officiel. Même ceux qui habitent à quelques centaines de mètres et souhaitent transporter eux-mêmes leur défunt sont contraints de payer. Ce système, mis en place par les agents de la mairie et de la morgue, transforme chaque sortie de corps en une véritable taxe illégale, faisant du deuil des familles un marché lucratif.
Devant la morgue de l’hôpital communautaire de Bangui, le seul corbillard de la mairie trône comme un symbole de racket institutionnalisé. Ce vieux véhicule bleu, marqué du logo municipal, est imposé à toutes les familles endeuillées, qu’elles aient besoin ou non de ses services. Pour récupérer un corps, chaque parent doit verser 15 000 francs CFA, une somme encaissée sans justificatif officiel. Même ceux qui habitent à quelques centaines de mètres et souhaitent transporter eux-mêmes leur défunt sont contraints de payer. Ce système, mis en place par les agents de la mairie et de la morgue, transforme chaque sortie de corps en une véritable taxe illégale, faisant du deuil des familles un marché lucratif. Photo Anselme Mbata / CNC

 

Dans la capitale centrafricaine, un système d’extorsion organisé transforme chaque deuil en aubaine financière pour les agents de la morgue et ceux de la mairie de Bangui.

 

Rédigé le 21 août 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

À la morgue de l’hôpital communautaire de Bangui, la mort s’est convertie en un commerce criminel. Chaque famille plongée dans le deuil se voit contrainte de s’acquitter de taxes officieuses, alimentant un système d’exploitation sans vergogne de la douleur humaine.

 

Dès le dépôt d’un corps à la morgue de l’hôpital communautaire, les proches du défunt doivent régler une première facture qui s’élève à 18 000 francs CFA couvrant quarante-huit heures de conservation. Cette somme englobe théoriquement la surveillance, la réfrigération et l’injection de formol. Passé ce délai, les agents exigent impitoyablement 5 000 francs CFA par journée supplémentaire. Le chagrin familial se métamorphose alors en ardoise financière progressive, imposée par ceux-là mêmes censés garantir un service public élémentaire.

 

À la sortie du corps, les familles sont de nouveau mises à contribution. La mairie impose 15 000 francs CFA pour le transport en corbillard, que le véhicule soit utilisé ou non. Même les habitants vivant à quelques centaines de mètres doivent payer ce montant. Certaines familles parviennent à négocier 10 000 francs, mais la règle reste inflexible : aucun corps ne sort sans ce paiement obligatoire. Cet argent, selon plusieurs témoignages, ne va pas dans les caisses officielles mais directement dans les poches des agents.

 

Le corbillard unique et délabré fonctionne comme une véritable pompe à finances. À titre d’exemple, le vendredi 16 août dernier, dix-huit corps ont quitté la morgue, chacun générant 15 000 francs de recettes. En une seule matinée, plus de 270 000 francs CFA ont été encaissés. Pour mesurer l’ampleur de cette manne, rappelons qu’un minibus de transport urbain rapporte quotidiennement entre 30 000 et 35 000 francs à son propriétaire. Le véhicule funéraire municipal génère donc, sur le dos de la détresse familiale, davantage de profits qu’un commerce pharmaceutique ou qu’un taxi collectif.

 

Ces pratiques prédatrices s’accompagnent de conditions sanitaires déplorables. La morgue, chroniquement saturée, ne dispose que de huit tables de préparation : trois à l’intérieur, cinq à l’extérieur, exposées aux regards indiscrets. Les familles endeuillées doivent nettoyer, habiller leurs proches et organiser la mise en bière dans ce dispositif précaire, très éloigné des standards observés dans les pays où ces prestations font l’objet d’un strict encadrement réglementaire.

 

Quotidiennement, la morgue communautaire draine des sommes considérables. En imposant leurs propres règles tarifaires, les employés ont transformé la mort en négoce parallèle. Dans une ville remplie de la précarité et le déficit d’infrastructures sanitaires décentes, la souffrance des familles s’est muée en marchandise. Cette organisation, perpétuée depuis des années dans l’indifférence générale, montre clairement que la morgue de Bangui a cessé d’être un simple lieu de recueillement : elle constitue désormais une caisse noire où la mort s’avère plus rentable que la vie.

 

Paradoxe ultime de cette extorsion : le corbillard municipal ne transporte pratiquement aucun corps. Face à l’unique véhicule censé évacuer des dizaines de dépouilles quotidiennes, les familles renoncent à attendre un hypothétique passage et organisent elles-mêmes le transport avec leurs propres moyens ou des véhicules privés. Le corbillard reste ainsi immobilisé, générant des recettes sans fournir le moindre service. Son chauffeur, figé dans une attente perpétuelle, demeure posté près du véhicule inactif tandis que les agents municipaux encaissent méthodiquement les 15 000 francs à l’intérieur de la morgue. Cette aberration révèle l’ampleur de la supercherie : les familles payent pour un service qu’elles n’utilisent jamais, alimentant un système où l’immobilisme rapporte plus que le travail.

 

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