Grève des avocats à Bangui: Quand le ministre de la Justice échoue dans sa stratégie de la roublardise

Les avocats boycottent la session criminelle, dénonçant les manœuvres dilatoires d’un ministère incapable de tenir ses engagements.
Rédigé le 11 août 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
La première session criminelle de la Cour d’appel de Bungie n’aura pas lieu. Les avocats refusent de cautionner l’amateurisme gouvernemental.
La Cour d’appel de Bangui a fermé ses portes avant même d’ouvrir sa première session criminelle de l’année. Les avocats ont décidé de boycotter les audiences, laissant magistrats et justiciables dans l’impasse. Cette grève montre clairement une vérité dérangeante : le ministère de la Justice, principal auteur du désordre en cours, navigue à vue, incapable de gérer les tensions qu’il a lui-même créée et qui minent le système judiciaire centrafricain.
Maître Jean-Louis Opalégna, bâtonnier de l’ordre des avocats centrafricains, ne mâche pas ses mots. Lors de sa conférence de presse, il a exposé les violations répétées des droits de la défense dans les enquêtes préliminaires et les instructions. “Nous avons documenté ces entraves“, précise-t-il, refusant de cautionner un système qui bafoue les règles élémentaires de la procédure pénale. L’ensemble du barreau le suit dans cette démarche, conscient que céder reviendrait à accepter la dégradation continue de leurs conditions d’exercice.
Devant cette levée de boucliers, le ministre d’État chargé de la Justice a sorti de ses tiroirs la circulaire n°206 du 7 avril 2025. Ce texte ordonne aux acteurs de la chaîne pénale de respecter strictement la loi. Une évidence qui aurait dû être superflue, mais qui témoigne de la réalité du terrain. Trois mois plus tard, les avocats constatent que rien n’a changé. Pire, les violations se sont multipliées, transformant cette circulaire en simple exercice de communication.
Le procureur général Jean Vidal de Damas se retrouve dans une position intenable. Il reconnaît l’impossibilité de tenir les assises sans les avocats, la loi l’interdisant formellement. Dans ses déclarations, il évoque un “désagrément indépendant de notre volonté” et mentionne des discussions avec le ministre de la Justice. Cette approche défensive révèle un magistrat contraint de subir les conséquences d’une crise qu’il n’a pas créée mais qu’il ne peut résoudre seul.
Le gouvernement centrafricain affiche deux visages contradictoires. D’un côté, il proclame son attachement aux droits humains et à la bonne gouvernance. De l’autre, il laisse perdurer des pratiques qui violent ces mêmes principes. Cette incohérence paralyse le fonctionnement de la justice et érode la confiance des citoyens dans leurs institutions. Les justiciables, premiers concernés par ces dysfonctionnements, voient leurs dossiers reportés indéfiniment.
Cette crise n’est pas unique dans la capitale. La session criminelle de Bouar a également été reportée pour des raisons logistiques, révélant un problème structurel qui dépasse le cas de Bungie. Jean Angotias Gouniou, impliqué dans les discussions, tente de trouver des solutions, mais les négociations piétinent face à l’ampleur des dysfonctionnements.
Les avocats maintiennent leur position tout en gardant la porte ouverte au dialogue. Une assemblée générale du barreau doit évaluer les résultats des échanges avec le ministre de la Justice. Toutefois, l’expérience récente ne plaide pas en faveur d’un règlement rapide. Les discussions risquent de s’éterniser, prolongeant l’attente des justiciables et renforçant leur sentiment d’abandon.
Le report de cette session criminelle dépasse le simple conflit corporatiste. Il révèle l’incapacité du gouvernement à maintenir un système judiciaire fonctionnel. Entre promesses non tenues et mesures inefficaces, le ministère de la Justice accumule les échecs. Cette situation ne peut perdurer sans compromettre durablement l’État de droit en République Centrafricaine.
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