Le recrutement de 1800 soldats FACA pour une formation en Ouganda tourne au chantage administratif

L’envoi de 1800 jeunes centrafricains en formation militaire ougandaise tourne au fiasco administratif et à la manipulation.
Rédigé le 05 août 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Le processus de recrutement de 1800 jeunes centrafricains destinés à une formation militaire en Ouganda s’enlise dans la corruption, le népotisme et des retards inacceptables. Prévu dans le cadre d’un accord bilatéral de défense entre les deux pays, ce programme visait à renforcer les Forces armées centrafricaines (FACA) en formant de jeunes recrues issues de toutes les sept provinces du pays. Mais les espoirs provoqués par cette initiative ont rapidement été anéantis par une gestion catastrophique, entachée de favoritisme, de corruption et de pratiques discriminatoires. Ce qui constitue une opportunité historique pour la République centrafricaine se transforme en un échec retentissant.
En théorie, le programme prévoit une formation militaire rigoureuse d’un an dispensée dans les académies ougandaises, axée sur les techniques de combat, le commandement et la discipline militaire. En pratique, les vagues précédentes envoyées en Ouganda ont été entachées d’abus systématiques. Des individus inaptes, parfois handicapés ou malades, ont été expédiés en Ouganda sur la base de faux documents. Plusieurs avaient entre 40 et 50 ans, mais se faisaient passer pour des jeunes de 18 ou 20 ans grâce à des faux papiers fournis avec la complicité d’agents de l’administration. Ces candidats venaient, pour la plupart, des cercles proches du pouvoir ou partageaient la même origine ethnique que le président Touadéra. Leur inaptitude physique a conduit à de multiples renvois, fragilisant la crédibilité de la RCA auprès des autorités ougandaises.
Excédée par ces dérives, l’Ouganda a envoyé une délégation militaire à Bangui en 2025, dirigée par le général Patrick Ocen, pour superviser directement la sélection des 1800 candidats. Installés au camp Kassaï de Bangui, les officiers ougandais ont organisé un tri méthodique et strict, basé sur des critères objectifs. Âge, état de santé, capacités physiques : tout a été vérifié sur place. Chaque jour, entre 600 et 800 candidats étaient auditionnés et testés. À l’issue de cette opération, une liste définitive de 1800 jeunes valides, divisés en six sections de 300, a été remise au général Zéphirin Mamadou, chef d’état-major des armées centrafricaines.
Mais le départ de la mission ougandaise de Bangui a ouvert la voie à un chaos administratif sans précédent. Au lieu d’exécuter les instructions reçues, l’état-major a ralenti intentionnellement le traitement des dossiers à un rythme scandaleusement bas. En moyenne, seuls 10 à 20 candidats sont validés par jour, les agents cessant souvent de travailler avant 13 heures. Cette lenteur volontaire oblige les candidats à revenir quotidiennement au camp, parfois sous la pluie et à leurs frais. Nombre d’entre eux, venant de localités comme PK12, PK11, Bimbo, ou d’autres zones périphériques, n’ont pas les moyens d’assurer ces déplacements répétés.
Ce blocage administratif alimente des soupçons de manipulation des listes. Des sources concordantes évoquent une stratégie visant à épuiser les candidats légitimes pour mieux insérer des noms de complaisance. Certains officiers n’hésitent pas à noter “absent” des jeunes qui ne se présentent pas un jour, ouvrant probablement la voie à des remplacements discrets. L’objectif semble évident : réserver des places à des proches ou à des individus capables de payer pour intégrer le programme.
La gestion chaotique de cette opération contraste avec l’efficacité de la mission ougandaise. En quelques jours, les Ougandais ont traité plus de 5000 dossiers. À Bangui, l’administration militaire n’arrive pas à finaliser 1800 dossiers en deux semaines. Ce décalage souligne une réalité inquiétante : l’appareil militaire centrafricain, gangréné par l’irresponsabilité et les intérêts privés, est incapable d’assurer une mission pourtant simple.
Les premiers lésés sont les jeunes candidats. Pour beaucoup, cette formation représentait un espoir de carrière, une voie pour sortir du chômage et contribuer à la sécurité du pays. Leur rêve est aujourd’hui piétiné par un système qui les méprise. En sabordant la liste validée par les Ougandais, les autorités sapent également les bases d’une coopération militaire crédible et compromettent un partenariat essentiel pour la restructuration des FACA.
Le général Zéphirin Mamadou, qui déclarait encore le 7 juillet 2025 que 82% du processus était achevé, porte une lourde responsabilité. Le décalage entre ses propos et la réalité sur le terrain démontre une forme de duplicité. Tant que le gouvernement n’interviendra pas pour restaurer l’ordre, exiger la transparence et imposer le respect strict de la liste arrêtée, le recrutement des 1800 jeunes restera une comédie.
Ce programme de formation en Ouganda constitue l’une des rares opportunités offertes à la jeunesse centrafricaine. Le saboter pour des intérêts claniques ou financiers serait une faute politique grave. Laisser les mêmes réseaux mafieux continuer à manipuler ce processus mettrait en péril non seulement la cohésion des FACA, mais aussi la sécurité du pays tout entier.
Le sabotage administratif du recrutement de 1800 soldats expose l’incompétence chronique de l’état-major centrafricain. Les autorités doivent immédiatement cesser ces manœuvres dilatoires, respecter la sélection ougandaise et permettre aux candidats légitimes de rejoindre leur formation. L’avenir sécuritaire du pays et l’espoir de toute une génération en dépendent.
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