Drame du lycée Boganda : plus de 500 élèves traumatisés contraints aux examens malgré l’alertes psychologiques

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Les autorités maintiennent la date du 14 juillet pour la reprise du baccalauréat pour les victimes du drame du lycée Boganda malgré les troubles graves documentés par les psychologues
L’Association des femmes juristes de Centrafrique a pris en charge 730 victimes du drame du lycée Barthélémy-Boganda entre le 28 juin et le 7 juillet. Sa présidente, Irène Moussa-Kembé, dénonce l’obstination des autorités à maintenir les examens malgré l’état psychologique inquiétant des élèves documenté par les professionnels.
Les chiffres de cette intervention d’urgence financée par UNIFAM parlent d’eux-mêmes : 226 garçons, 345 filles, ainsi que parents et enseignants ont bénéficié d’un accompagnement psychosocial immédiat. Les entretiens menés par l’équipe ont révélé un tableau clinique inquiétant : stress aigu, difficultés respiratoires, pertes de conscience répétées, fractures, insomnie chronique, peur persistante, pertes de mémoire, vertiges, nervosité extrême, flashbacks du drame et sentiment de culpabilité.
Ces symptômes, observés chez l’ensemble des personnes prises en charge, compromettent gravement leur capacité à affronter des examens. Les pertes de mémoire empêchent toute révision efficace et toute restitution cohérente des connaissances. L’insomnie perturbe leur récupération physique et mentale, condition pourtant indispensable à toute performance intellectuelle. Les cauchemars et les images qui ressurgissent du drame transforment chaque moment de concentration en nouvelle épreuve.
L’accompagnement de dix jours n’a pas suffi à stabiliser l’état mental des victimes. Les psychologues mobilisés par l’association ont formellement établi que ces jeunes ne peuvent supporter la pression d’un examen dans leur état actuel. Leurs rapports, basés sur des entretiens professionnels approfondis, constituent une expertise scientifique que les autorités éducatives ont choisi d’ignorer.
La décision de maintenir le calendrier expose ces élèves fragilisés à une double violence : celle du traumatisme initial et celle d’une institution qui nie leur souffrance. Les troubles respiratoires signalés chez certaines victimes risquent de s’aggraver sous la pression des épreuves. Les fractures physiques limitent la mobilité de plusieurs candidats. Les pertes de conscience répétées rendent dangereuse leur participation à des examens de plusieurs heures.
Le volume des victimes prises en charge – 730 personnes en dix jours – témoigne d’une crise collective qui aurait dû alerter immédiatement les autorités sur l’impossibilité d’une reprise normale. Cette ampleur dépasse largement les capacités d’intervention d’une organisation de la société civile, aussi dévouée soit-elle. Elle appelle une réponse institutionnelle coordonnée et adaptée à la gravité de la situation.
Les enseignants, eux aussi potentiellement affectés par les événements, se retrouvent dans une position impossible. Ils doivent encadrer des élèves en détresse psychologique tout en maintenant les exigences académiques habituelles. Cette contradiction génère des tensions supplémentaires dans un environnement scolaire déjà profondément perturbé.
La dimension familiale du traumatisme amplifie encore l’inadéquation de cette décision. Les parents, souvent présents lors des séances de prise en charge, vivent dans l’angoisse permanente. Ils tentent de soutenir leurs enfants dans un contexte de grande fragilité tout en gérant leurs propres troubles. L’imposition du calendrier de la reprise du baccalauréat pour le 14 juillet dernier fait peser sur eux une pression supplémentaire insupportable.
Les rapports psychologiques établis par l’équipe d’Irène Moussa-Kembé constituent une expertise de terrain incontestable. Ces documents, fruit d’observations cliniques rigoureuses, confirment l’incapacité des élèves à reprendre une scolarité normale. Le mépris affiché par les autorités pour cette expertise professionnelle pose des questions graves sur leur conception du bien-être étudiant.
La persistance des symptômes chez les victimes rend dérisoire toute tentative de normalisation forcée. La nervosité extrême et les vertiges compromettent leur capacité de concentration. Les flashbacks peuvent déclencher des crises de panique au moment le moins opportun. Le sentiment de culpabilité, partagé par de nombreuses victimes, sabote leur confiance en eux et leur projection dans l’avenir.
Cette situation révèle les carences structurelles du système éducatif centrafricain face aux situations de crise. L’absence totale de coordination entre les autorités éducatives et les professionnels de la santé mentale crée un fossé dangereux entre les besoins réels des victimes et les réponses institutionnelles apportées.
Le maintien aveugle du calendrier scolaire traduit une vision purement administrative qui place les procédures bureaucratiques au-dessus de la santé des élèves. Cette approche rigide risque de transformer des victimes déjà fragilisées en échecs scolaires, ajoutant ainsi un traumatisme académique au traumatisme psychologique initial.
L’intervention limitée à dix jours par l’Association des femmes juristes, contrainte par ses ressources financières, souligne l’absence d’une stratégie gouvernementale à long terme. Dans ce vide institutionnel, le maintien des examens apparaît comme un aveu d’impuissance déguisé en fermeté administrative.
Les troubles observés varient certes en intensité d’un élève à l’autre, mais leur gravité collective justifie amplement un ajustement du calendrier. Les difficultés respiratoires peuvent s’aggraver sous l’effet du stress. Les pertes de conscience répétées constituent un danger réel en situation d’examen. Les troubles de la mémoire compromettent toute performance intellectuelle cohérente.
Irène Moussa-Kembé et son équipe ont tenté d’alerter les autorités sur cette inadéquation fondamentale. Leur expertise, acquise auprès de 730 victimes, mérite plus de considération que les calculs administratifs qui semblent seuls guider les décisions éducatives actuelles. Le silence des autorités face à ces alertes constitue en soi un abandon de leurs responsabilités….
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