Centrafrique : Quand Daniel Nzéwé, un repris de justice, un ex-détenu, un grand voleur, dirige une commission d’audit

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Dans quel pays, oui, dans quel pays au monde, peut-on voir une commission d’audit, censée garantir la transparence et la probité, être dirigée par un individu au passé aussi sulfureux que Daniel Nzéwé ?
La République centrafricaine vient de franchir un nouveau cap dans l’art de la gouvernance paradoxale. Le ministère de la Promotion de la Jeunesse, des Sports et de l’Éducation civique a créé par arrêté n°014 une commission d’audit pour examiner la gestion de la Fédération Centrafricaine de Football (FCF). Rien d’inhabituel à première vue, sauf que cette commission est dirigée par Daniel Nzéwé, un homme dont le casier judiciaire ferait pâlir n’importe quel délinquant de droit commun.
Le communiqué de presse publié par la Fédération Centrafricaine de Football le 7 juillet ne mâche pas ses mots. L’organisation dénonce une aberration administrative du jamais vue dans le monde entier : confier un audit à un individu qui a lui-même fait à plusieurs reprise la prison pour vol, mafia, faux et usage de faux, faux en écriture et escroquerie.
Daniel Nzéwé, un personnage aux multiples casquettes criminelles
Daniel Nzéwé n’est pas un novice dans l’art du détournement. Il a été “sorti de prison centrale de Ngaragba dans le septième arrondissement de Bangui après quelques mois d’écrou suite à une affaire du détournement de 23 millions de francs CFA des investisseurs chinois”. Cette affaire de 2016 n’était que l’un des nombreux épisodes de sa carrière peu recommandable.
L’homme a récidivé à plusieurs reprises. En 2022, il était impliqué dans “le détournement de plusieurs millions de francs CFA” au ministère de la Jeunesse et des Sports. Sa réputation d’escroc est si bien établie que il a “escroqué 10 millions de FCFA au Sultan de Dekoa dans une affaire en 2022”.
La Cour constitutionnelle elle-même a reconnu l’incompatibilité de ce personnage avec toute fonction publique. En 2020, elle a rejeté sa candidature à la députation pour “moralité douteuse” – une décision qui devrait normalement disqualifier quiconque d’occuper un poste de responsabilité, encore moins de diriger une commission d’audit.
Le choix de Daniel Nzéwé pour cette mission ne relève pas du hasard. Il s’inscrit dans une logique organisée de bout en bout par le ministre criminel Rodolphe Héritier Doneng, lui-même figure controversée du régime Touadéra. Doneng est par ailleurs le “ chef de la milice armée dénommée requin” et un “grand voleur du denier public ”,.
Le ministre n’est pas en reste concernant les scandales financiers. Récemment, avant les jeux olympique de Paris, “le ministre Doneng, ancien chef de la milice des Requins, a retiré 30 millions FCFA au Trésor public. Au lieu de remettre l’intégralité au Comité National Olympique et Sportif Centrafricain (CNOSCA), il n’a transmis que 20 millions”.
Cette commission d’audit semble donc être un règlement de comptes déguisé. Doneng, qui a déjà tenté d’imposer un sélectionneur à l’équipe nationale contre l’avis de la FCF, utilise cette structure pour faire pression sur la fédération de football.
La Fédération Centrafricaine de Football ne s’est pas contentée de dénoncer moralement cette nomination. Elle a également attaqué la commission sur le plan juridique. Dans son communiqué, la fédération pointe “l’inexistence juridique de ladite commission car, n’ayant aucun texte l’instituant” selon les normes en vigueur.
L’article 68 invoqué par le ministère pour justifier cet audit stipule bien que le ministre peut procéder à un contrôle a posteriori des fédérations. Cependant, ce contrôle doit respecter les principes fondamentaux d’audit et de contrôle de gestion. Confier une telle mission à un repris de justice notoire constitue une violation de ces principes élémentaires.
Devant cette tentative d’intimidation, la Fédération Centrafricaine de Football a adopté une position ferme. Elle annonce la convocation prochaine d’une Assemblée Générale Extraordinaire pour “élucider et prendre les décisions qui s’imposent dans ce conflit ouvert” avec le ministre Doneng.
La FCF rappelle qu’elle a toujours accepté les audits effectués par des organismes compétents et indépendants, tant au niveau national qu’international avec la FIFA. Elle refuse simplement de se soumettre à une commission dirigée par un criminel notoire et composée de membres dont certains sont eux-mêmes impliqués dans des malversations.
Cette affaire montre l’état inquiétant des institutions centrafricaines. Comment peut-on prétendre lutter contre la corruption quand ceux qui sont censés contrôler les finances publiques sont eux-mêmes des symboles de l’impunité ?
Le président Faustin-Archange Touadéra, souvent présenté comme un universitaire respectable, semble cautionner cette dérive en maintenant ces personnages controversés dans des postes clés. Cette tolérance envers la corruption institutionnalisée ternit l’image du pays et décourage les partenaires internationaux.
Il ne peut appartenir à une commission fantoche, dirigée par un délinquant multirécidiviste, de dicter la conduite à tenir aux institutions sportives du pays. La République centrafricaine doit retrouver le chemin de la gouvernance responsable si elle veut préserver le peu de crédibilité qui lui reste….
C’est, comme le dit l’adage, « les oiseaux de même plumage qui volent ensemble » – ou plutôt, dans ce cas, qui pillent ensemble. Touadera, Doneng et Nzéwé sont des oiseaux de même plumage qui volent ensemble ….
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