Centrafrique : quand le pouvoir s’érige en propriétaire du pays de Boganda et traite les citoyens centrafricains en locataires

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Centrafrique : quand le pouvoir s’érige en propriétaire du pays de Boganda et traite les citoyens centrafricains en locataires

 

Centrafrique : quand le pouvoir s’érige en propriétaire du pays de Boganda et traite les citoyens centrafricains en locataires
Le leader de la société civile Gervais Lakosso Kokpalé incarcéré, filmé et exposé sur ordre du DG de la police Zokoué.

 

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Empêcher un recueillement et réprimer la douleur collective : la société civile découvre un régime qui se comporte en propriétaire absolu du pays.  

 

L’explosion d’un transformateur au lycée Barthélémy Boganda, le 25 juin dernier, a transformé un centre d’examen en champ de mort. Vingt-neuf élèves ont perdu la vie, plus de deux cents autres ont été blessés, certains à vie. Une tragédie qui aurait dû unir la nation dans le deuil et la solidarité.

 

Pour honorer la mémoire des victimes, des membres du Groupe de travail de la société civile (GTSC) et certains parents des victimes  ont voulu organiser une marche pacifique. La demande officielle a été rejetée par les soi-disant autorités, prétextant la qualification du site en « scène de crime ». Malgré l’interdiction, la société civile a maintenu l’initiative et s’est dirigée vers le lycée depuis le monument des Martyrs. La marche s’est heurtée à un dispositif policier massif.

 

Arrêtés brutalement, plusieurs figures de la société civile, Gervais Lakosso, Paul Crescent Beninga,  maître Mandéndjapou, ont été conduites dans les locaux de la compagnie nationale de sécurité (CNS) et à l’Office central pour la répression du banditisme (OCRB). Parmi eux, un journaliste indépendant, Sabé, un reporter du RJDH, ainsi qu’un père dont la fille figure parmi les victimes. Cette vague d’interpellations visait clairement à étouffer toute expression collective d’émotion et à dissuader toute future mobilisation.

 

Deux jours plus tard, les personnes arrêtées ont été relâchées. Mais 24 heures après sa libération, Paul Crescent Beninga, l’un des porte-voix du GTSC, a publié un message incisif sur les réseaux sociaux. Un texte révélateur d’un sentiment profond d’expropriation citoyenne :

Beninga : « C’est à croire que vous avez le titre foncier du pays et que nous autres sommes des locataires. C’est à croire que nous avons besoin de l’accord du DG de la police pour pleurer nos morts. Continuez à servir des hommes au lieu de servir des institutions. »

 

Aujourd’hui, l’espace public est verrouillé, l’espace politique et même l’espace civil et civique sont entièrement cadenassés par le régime. Qu’on soit militant associatif, simple citoyen ou journaliste, chacun est immédiatement catalogué : « Tu es d’un clan ? Tu es d’un parti ? » Dès qu’un journaliste indépendant apparaît, il est traqué, arrêté, emprisonné, parfois menacé de mort. Même les reporters de Corbeau News Centrafrique, ou ceux qui sont tout simplement soupçonnés d’être des journalistes du CNC,  sont littéralement chassés, frappés, voir traînés en prison, victimes de tentatives d’assassinat.

 

Le pays se referme sur lui-même. Où va la République si elle expulse les journalistes, enferme ceux qui dénoncent, efface la mémoire collective ? Comme le rappelle Paul Crescent Beninga, Faustin-Archange Touadéra avait lui-même été humilié et marginalisé à l’époque du régime Bozizé. Il connait déjà la suite. Mais si aujourd’hui il répète ces mêmes méthodes d’exclusion, il doit se rappeler que « la suite, on la connaît déjà ». Ce qu’il a fait à Bozizé, son successeur lui fera de même.

 

Ces mots, amers et lucides, sonnent comme un avertissement. À force de bâillonner la société civile, d’enfermer la presse, de confisquer la douleur et d’ériger le pouvoir en titre foncier, le régime finit par transformer tout le pays en une immense prison à ciel ouvert. Mais un jour, ces murs céderont. Un jour, la peur changera de camp….

 

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