Fidèle Gouandjika: Enquête sur le “mauvais flic” de Poutine au cœur du pouvoir centrafricain

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Simple provocateur ou agent d’influence de Moscou ? Notre enquête plonge au cœur du système centrafricain pour révéler le vrai visage de Fidèle Gouandjika.
Des propos d’une rare agressivité, non pas sur un champ de bataille mais depuis le palais de la renaissance à Bangui. Fidèle Gouandjika, ministre conseiller du président Faustin-Archange Touadéra, n’a pas mâché ses mots. En qualifiant le président ukrainien de criminel méritant la “peine de mort” et en accusant son homologue français Emmanuel Macron d’avoir une “fibre de nazisme”, il a franchi un nouveau cap.
Loin d’être le dérapage d’un franc-tireur, cette sortie est la manifestation la plus claire de la stratégie du régime de Bangui : une allégeance totale à la Russie, masquée par un “double jeu” diplomatique de plus en plus transparent. Cette analyse décrypte les rouages de cette déclaration, les forces qui la sous-tendent et ses conséquences pour l’avenir du pays de Boganda.
Une Salve Verbale Dictée par le Kremlin
Reprenons les propos bruts de Fidèle Gouandjika. Ils ne laissent place à aucune interprétation. Sur le président ukrainien, l’attaque est frontale :
« Il n’est pas président, c’est un criminel, il n’est plus légitime…, sa place est en prison quelque part ».
Cette délégitimation est la première étape. La seconde est l’appel au meurtre, à peine voilé :
« …le monde entier va se mobiliser pour nuire. Nuire c’est un petit, mot, mais pour mettre hors d’état de nuire Zelensky et sauver le peuple ukrainien de ce terrorisme, de ce bandit qui mérite la peine de mort ».
L’analyse de ces phrases de Fidèle Gouandjika montre une chose importante : elles ne sont pas une production originale de la diplomatie centrafricaine. Il s’agit d’une copie quasi parfaite des éléments de langage les plus extrêmes diffusés par la propagande du Kremlin.
L’utilisation du terme “nazi” pour diaboliser les dirigeants ukrainien et occidentaux est la pierre angulaire du narratif russe pour justifier son invasion de l’Ukraine. Gouandjika ne fait que servir de caisse de résonance, comme il le confirme lui-même en liant directement l’Occident à ses accusations :
« …ce qui est sorti de la bouche de M. Zelensky, c’est sorti de la bouche de l’Occident, en premier lieu le président Macron. Je pense qu’il y a une fibre de nazisme dans Emmanuel Macron qui est en connivence avec Hitler ressuscité, Zelensky est Hitler ressuscité… ».
Cette déclaration est un acte d’allégeance. Le régime de Bangui, dont la survie dépend entièrement de la protection des paramilitaires russes d’Africa Corps (ex-Wagner), paie sa dette en se transformant en avant-poste de la guerre informationnelle de Moscou sur le sol centrafricain.
Le “Double Jeu diplomatique” : Le Président Modéré et son “Mauvais Flic”
Comment un régime peut-il tenir des propos aussi incendiaires tout en continuant de solliciter l’aide de ceux qu’il insulte ? C’est ici qu’intervient une stratégie complexe de “double jeu”, reposant sur une répartition des rôles parfaitement organisé :
Le Président Faustin-Archange Touadéra, le “gentil flic” :
Avec sa voix posée et son profil d’universitaire, il est le visage acceptable du régime. Face aux diplomates occidentaux et aux institutions internationales, il joue la carte de la modération, plaidant pour un soutien continu afin d’éviter le chaos. Il est celui qui tend la main pour recevoir les financements, notamment l’aide humanitaire vitale.
Le Ministre Fidèle Gouandjika, le “méchant flic” :
Il est le pitbull rhétorique. Son rôle est de satisfaire le protecteur russe, de galvaniser la base anti-occidentale et de créer des ruptures irréversibles. Ses “dérapages” contrôlés permettent au régime de prouver sa loyauté à Moscou sans que le président ne se salisse directement les mains.
Cette tactique, qui consiste à “gonfler la poitrine” en s’appuyant sur la garantie sécuritaire russe, vise à maximiser les gains : conserver la protection de Moscou tout en essayant d’empêcher la rupture totale des flux financiers occidentaux.
Des Conséquences Profondes Malgré une Prudence Occidentale
Devant ce jeu de dupes, la réaction mesurée des Occidentaux n’est pas due à la naïveté. Les chancelleries savent parfaitement à quoi s’en tenir. Cette prudence est dictée par un dilemme stratégique très profond :
L’Impératif Humanitaire : Couper brutalement toute aide reviendrait à provoquer une famine et une crise sanitaire, punissant un peuple déjà martyr.
La Peur du Vide Stratégique : Un retrait total livrerait la RCA et ses immenses ressources à un contrôle exclusif et prédateur de la Russie.
La Stabilité Régionale : L’effondrement de la RCA embraserait ses voisins. Maintenir un semblant d’État, même hostile, est perçu comme un moindre mal.
Toutefois, il est faux de croire à une absence de conséquences. Elles sont déjà là, massives et structurantes.
L’Isolement Politique : La RCA est devenue un paria diplomatique. Les déclarations de Fidèle Gouandjika lui ferment définitivement les portes d’un partenariat de confiance avec toute démocratie. La crédibilité du régime est nulle.
L’Asphyxie Économique : La conséquence la plus concrète est la fin de la coopération structurelle. L’aide militaire et les programmes de formation européens sont suspendus. L’aide budgétaire directe est gelée. L’argent qui arrive est majoritairement une aide humanitaire d’urgence distribuée par les ONG, contournant un État jugé indigne de confiance.
La Perte de Souveraineté : C’est la conséquence ultime. En choisissant la protection de Moscou, le régime de Bangui a vendu sa souveraineté. Sa politique étrangère est dictée par le Kremlin et ses ressources sont mises au service des intérêts de son protecteur.
Le Pari Suicidaire de Bangui
Les propos de Fidèle Gouandjika ne sont donc pas un simple fait divers diplomatique. Ils sont le révélateur d’un drame national et d’un enjeu géopolitique majeur. Le régime centrafricain, pour assurer sa survie à court terme, a fait le pari de s’enchaîner à un partenaire unique. Le “double jeu” peut donner l’illusion d’une habileté tactique, mais il ne fait que masquer une lente descente vers une vassalisation complète.
En devenant le porte-voix de Moscou, la RCA a gagné une assurance-vie pour son régime, mais elle a peut-être signé l’acte de décès de son développement et de son indépendance.
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