Journée internationale de la métrologie, qui contrôle vraiment les balances sur les marchés, les pompes dans les stations, et les thermomètres dans le pays ?

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Ce mardi 20 mai 2025, la Journée des mesures en Centrafrique pousse les centrafricains à demander : qui vérifie vraiment les balances, pompes et thermomètres face aux fraudes généralisées dans le pays ?
En République Centrafricaine, la Journée internationale de la métrologie, célébrée ce 20 mai, sous le thème Des mesures pour tous les temps et pour tous”, a donné lieu à des discours officiels et des promesses répétées. Pourtant, dans les marchés, les stations-service et les pharmacies, l’application des normes de mesure reste inexistante, exposant les Centrafricains à des fraudes quotidiennes. Malgré un décret de 2019 censé encadrer la métrologie, la réalité montre un échec des autorités à garantir des transactions justes.
Des lois sur le papier, des fraudes dans la vie
En 2019, la RCA a adopté deux lois ambitieuses : la loi 19.008 sur le système national de métrologie et la loi 19.004 sur la normalisation et la qualité. Six ans plus tard, ces textes semblent n’exister que dans les tiroirs du ministère du Commerce. Lors de la célébration de cette journée à Bangui, le ministre Thierry Patrick Akoloza a vanté l’importance de la métrologie pour garantir la qualité des produits et lutter contre la fraude. Mais ses paroles ne correspondent pas à la réalité vécue par les citoyens, qui font face chaque jour à des pratiques trompeuses dans presque tous les secteurs.
Prenons l’exemple des médicaments. Dans un pays où l’accès à des pharmacies légales est limité, beaucoup se tournent vers des vendeurs ambulants ou des marchés informels. Sans contrôle rigoureux, les étiquettes sont souvent trompeuses, les dosages incertains, et l’origine des produits obscure. Comment un citoyen, sans formation ni outils, peut-il vérifier la conformité d’un médicament ? La réponse est simple : il ne peut pas. La métrologie, censée garantir la traçabilité et la sécurité, est inexistante dans ce secteur vital.
Carburant, viande, pain : la triche à tous les étages
Le secteur du carburant n’est pas en reste. À la pompe, les compteurs trafiqués sont monnaie courante. Les pompistes, rompus à l’art de la manipulation, escroquent les clients en ne remettant pas les compteurs à zéro ou en livrant moins que promis. Les vignettes vertes, censées attester de la conformité des équipements, sont introuvables ou ignorées. Résultat : chaque plein est une loterie où le consommateur est perdant.
Sur les marchés, la situation est encore plus dure. Un kilo de viande, annoncé comme tel, peut se révéler n’être que 200 ou 300 grammes. Les balances, quand elles existent, sont souvent truquées, et les commerçants refusent tout dialogue. Face à une plainte, le commerçant pourrait récupérer sa marchandise sans explication au client. Les farines, les légumes, les poissons : aucun produit n’échappe à cette loterie du poids. Quant au pain, vanté à un poids réglementaire de 250 grammes, il est souvent gonflé d’air, léger comme une plume, à un poids avoisinant les 30 grammes, mais vendu au prix fort.
Un ministre déconnecté, un contrôle inexistant
Le ministre du Commerce, lors de ses rares visites sur les marchés, semble découvrir une réalité que les Centrafricains vivent quotidiennement. Les kits de contrôle annoncés pour les agents de la Direction de la Normalisation et de la Qualité sont une goutte d’eau dans un océan de dysfonctionnements. Les vérifications inopinées, si elles ont lieu, n’aboutissent que rarement à des sanctions effectives. Les fraudeurs, bien installés, continuent leurs pratiques en toute impunité.
À titre de comparaison, au Cameroun voisin, un kilo de viande est pesé avec rigueur, et le client en a pour son argent. À Bangui, un kilo ressemble davantage à une portion symbolique, à peine suffisante pour nourrir une personne. Cette différence explique l’ampleur du retard centrafricain en matière de métrologie appliquée.
Une célébration qui frise l’absurde
Célébrer la Journée Internationale de la Métrologie dans un pays où les instruments de mesure sont soit absents, soit manipulés, relève de l’ironie. Les discours officiels, les expositions interactives et les promesses de “sensibilisation” ne changent rien à la réalité : la métrologie, en RCA, est un concept abstrait, loin des préoccupations des citoyens. Pendant que le gouvernement parade, les Centrafricains continuent d’acheter des médicaments douteux, du carburant sous-dosé et des aliments sous-pesés.
Plutôt que de multiplier les célébrations vides, le ministère du Commerce doit agir c’est mieux. Des contrôles réguliers, des sanctions dissuasives et une véritable formation des agents sont indispensables.
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