Pèlerinage des FACA à Lourdes : Une prière pour la paix ou une comédie militaire ?

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Chaque année, des milliers de militaires catholiques convergent vers Lourdes, en France, pour le pèlerinage militaire international. En 2025, une délégation de 16 militaires centrafricains, menée par le médecin général Bruno Léopold Izamo, a rejoint ce rituel spirituel, officiellement pour prier pour la paix dans leur pays ravagé par des décennies de conflits. Mais derrière les cierges bénis et les messes solennelles, que faut-il vraiment penser de cette démarche ? Est-ce une quête sincère pour la paix ou une mise en scène hypocrite qui détourne l’attention des véritables enjeux ?
Une foi brandie comme étendard
Les déclarations du général Izamo, qui présente ce pèlerinage comme un acte de fraternité et une prière pour la paix, sonnent comme un discours bien préparé. Prier pour les âmes des soldats tombés, pour les blessés, pour la stabilité de la Centrafrique : tout cela semble noble. Mais comment croire que des processions à des milliers de kilomètres de Bangui, dans le confort d’une ville sanctuaire française, auront un quelconque impact sur un pays où la violence armée continue de faire rage ? La paix, comme le rappellent les réalités du terrain, ne se décrète pas par des incantations, aussi pieuses soient-elles. Elle se construit par des actions concrètes : désarmement, dialogue politique, justice pour les victimes, et une réforme profonde des institutions.
Une contradiction claire
Le gouvernement vante la participation de hauts gradés centrafricains, comme si leur présence à Lourdes renforçait la cohésion de l’armée ou sa légitimité spirituelle. Mais cette même armée, que l’on nous présente comme garante de la paix, est souvent pointée du doigt pour ses failles : corruption, abus de pouvoir, ou incapacité à protéger efficacement les civils face aux groupes armés. Comment peut-on, d’un côté, tolérer ou même entretenir un système où la violence est enracinée, et de l’autre, prétendre chercher la paix par des prières à l’étranger ? Cette dichotomie frise l’absurde. Aller à Lourdes pour demander une « protection divine » ressemble moins à une solution qu’à une fuite en avant, une manière de déléguer à la foi ce que l’action humaine devrait accomplir.
Le pèlerinage, nous dit-on, combine messes et « échanges professionnels » avec des militaires étrangers. Mais quel est le véritable poids de ces discussions dans un cadre aussi symbolique ? Les véritables défis de l’armée centrafricaine : formation, discipline, financement, coordination avec les partenaires internationaux, ne se résolvent pas dans des processions ou des poignées de main pieuses. Envoyer une délégation à Lourdes, avec les frais que cela implique, dans un pays où les ressources manquent cruellement, pousse à s’interroger. Pourquoi investir dans un voyage spirituel alors que les soldats sur le terrain manquent souvent d’équipements de base ? Les cierges bénis rapportés aux unités militaires auront-ils plus d’effet que des gilets pare-balles ou une meilleure formation ?
Une paix qui ne vient pas des sanctuaires
La Centrafrique, en proie à une crise humanitaire et politique chronique, a besoin de solutions ancrées dans la réalité, pas de gestes symboliques qui flattent l’ego spirituel de quelques gradés. Ce pèlerinage, bien qu’il puisse renforcer la foi personnelle des participants, ne répond en rien aux causes profondes de l’instabilité : inégalités, pillage des ressources, impunité des groupes armés. Prétendre que prier à Lourdes « bénira les efforts » pour stabiliser le pays revient à ignorer que la paix ne tombe pas du ciel, mais se gagne par des choix courageux et souvent impopulaires.
Une comédie à arrêter
Ce voyage à Lourdes, sous couvert de spiritualité, ressemble à une opération de communication plus qu’à une démarche sincère. Il permet à l’armée centrafricaine de se draper dans une aura de piété, tout en détournant le regard des échecs structurels qui minent ses rangs. La foi est une affaire personnelle, respectable en soi, mais en faire un outil de propagande pour masquer l’inaction est inacceptable. Si les militaires centrafricains veulent vraiment la paix, qu’ils commencent par se confronter aux réalités de leur pays, là où les balles sifflent et où les civils souffrent, plutôt que de chercher des bénédictions à l’autre bout du monde….
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