Enquête exclusive : une semaine à l’OCRB, où les droits humains s’effacent

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Enquête exclusive : 24 heures à l’OCRB, où les droits humains s’effacent

 

Enquête exclusive : 24 heures à l’OCRB, où les droits humains s’effacent
La principale entrée de l’OCRB du centre-ville

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Dans l’ombre de l’OCRB, les droits humains disparaissent. À Bangui, police, Wagner et pouvoir s’unissent pour imposer une justice violente et corrompue.

 

À Bangui, dans les couloirs de l’Office Central pour la Répression du Banditisme (OCRB), , le concept même de justice n’existe plus. Créée en 2002 pour lutter contre la criminalité, cette unité de police, autrefois symbole d’ordre sous le président Ange-Félix Patassé, s’est muée en un outil de répression au service du régime autoritaire de Baba Kongoboro. Les témoignages recueillis, et les faits observés par nos équipes d’investigation, dressent un tableau accusatoire : tortures, arrestations arbitraires, extorsions, et une collusion inquiétante avec les mercenaires russes du groupe Wagner. Les droits humains, jadis défendus sous la pression internationale, ne sont plus qu’un souvenir dans un pays où la peur règne.

 

À l’époque des présidents André Kolingba, Ange Félix Patassé ou François Bozizé, la communauté internationale exerçait encore une influence. Sous Kolingba, la SERD (Service d’Enquête, de Recherche et de Documentation), ancêtre de la SRI (Section de Recherche et d’Investigation), fut créée pour renforcer le contrôle sécuritaire. Mais sous Patassé, la pression internationale, notamment via des organisations comme Human Rights Watch, força le changement de nom de la SERD en SRI, perçue comme moins répressive. Les rapports de l’ONU et d’ONG dénonçaient alors les exécutions sommaires et les tortures, obligeant les autorités à rendre des comptes, sous peine de sanctions économiques ou diplomatiques.

 

Aujourd’hui, cette époque semble révolue. Depuis 2016, les rapports internationaux sur les abus de l’OCRB ou de la SRI se font rares. La présence russe, via Wagner, a transformé la donne. Comme l’a déclaré une femme russe à la radio centrafricaine, « s’allier à une grande puissance comme la Russie permet de faire taire les critiques internationales ». Cette stratégie, absente sous Kolingba, Patassé ou Bozizé, aurait pu, selon certains, leur permettre d’asseoir des dictatures sans entraves. Le président actuel, Faustin-Archange Touadéra alias Baba Kongoboro , semble avoir adopté cette logique. En s’appuyant sur Wagner, il a neutralisé les pressions extérieures, au point que même les diplomates étrangers à Bangui restent silencieux face à un régime qualifié de criminel par des observateurs centrafricains.

 

L’OCRB, sous la direction du général de police Armel Baraba, est devenue une machine à broyer. Les arrestations ne reposent souvent sur aucune base légale. Un ministre, un directeur de cabinet ou même un mercenaire russe du groupe Wagner peut ordonner l’interpellation d’une personne pour des motifs aussi futiles qu’un règlement de comptes ou une extorsion financière. Si le « suspect » est absent, sa femme, son enfant ou même un voisin sont arrêtés à sa place, une pratique courante faite par les policiers de l’OCRB dans différents quartiers de la capitale Bangui. Ces otages sont retenus jusqu’à ce que la cible se rende ou qu’une rançon soit payée. Par exemple, le 17 avril dernier, vers 12 heures, un jeune de 16 ans, venu s’enquérir de son frère détenu, a été violemment tabassé par plusieurs policiers et jeté dehors comme un déchet. Un autre, âgé de 15 ans, un mois plutôt, le 12 mars dernier, a subi des tortures similaire sous les yeux de ses parents, un acte que nous avions rapporté le 21 avril 2025. Ces cas ne sont que la partie visible d’un système où la violence est banalisée.

 

La collusion avec Wagner aggrave encore la situation. Chaque soir, des mercenaires russes embarquent des éléments de l’OCRB pour des opérations dans des quartiers comme PK5, le cœur économique de Bangui. Là, ils installent des barrages illégaux, arrêtent motos, taxis-motos et des voitures , exigeant des paiements sans justification. Refuser, c’est risquer la confiscation de son véhicule ou pire. À la fin de l’opération, les russes remettent à chaque policier 10000 francs CFA et c’est tout. Le reste pour les mercenaires russes, qui vont « s’amuser » dans les boîtes de nuit. Cette mafia planifiée, organisée par les bras armés de la Russie en Centrafrique, a transformé l’OCRB en une milice au service d’intérêts privés.

 

La SRI, équivalent de l’OCRB au sein de la gendarmerie, n’est pas en reste. Les deux entités fonctionnent de manière similaire, agissant comme des bras armés du pouvoir. La Compagnie Nationale de Sécurité (CNS), bien que moins engluée par les russes, n’échappe pas totalement à l’influence de Wagner. Les citoyens vivent dans la peur, conscients que contester ou simplement croiser le chemin de ces forces peut mener à l’arrestation, à la torture ou à la disparition.

 

Ce climat de terreur contraste avec l’inaction internationale. Si Human Rights Watch dénonçait encore en 2016 les exécutions sommaires de l’OCRB, les rapports se sont tus depuis. La MINUSCA, mission de l’ONU en Centrafrique, se limite à des formations ou à des déclarations timides, loin de l’époque où elle documentait les abus. Les diplomates, jadis prompts à critiquer, se rallient au régime par pragmatisme, fermant les yeux sur des pratiques qui rappellent les pires heures des dictatures.

 

Notre enquête révèle un banditisme d’État, où l’OCRB et la SRI ne protègent plus, mais oppressent. Les citoyens, livrés à eux-mêmes, savent qu’il faut « être dedans » pour comprendre l’ampleur de l’injustice. Comme le dit un proverbe centrafricain, « il faut être malade pour comprendre ce qui se passe à l’hôpital ». À Bangui, il faut avoir croisé l’OCRB pour saisir l’ampleur du désastre.

 

À suivre dans un prochain épisode….

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